samedi 18 septembre 2004

Bartabas - Entr'aperçu (Théâtre du Châtelet - 17 Septembre 2004)

Bartabas déployant ses chevaux sur des planches de théâtre, pourquoi pas, mais pour quoi faire ?
D'emblée, Bartabas utilise la profondeur surprenante de la scène, met en place des dispositifs complexes (des voiles tendus où sont projetées des images de montagnes pour évoquer une traversée au milieu des brumes), joue avec les éclairages savants.
Malheureusement, tout cela ne crée pas de sens. Les images se succèdent, certaines très belles (un cavalier et son ombre, qui se détache comme un double, puis comme un partenaire ; un croisement entre un nazgul et un papillon de nuit, agitant lentement ses ailes avant de les renfermer comme un cocon), mais presque toutes sont trop longues, peinent à se renouveler et à instaurer une émotion valable. Le voyage au sein d'un tableau (une sorte de coucher de soleil assez kitch !), par exemple, est particulièrement éprouvant.
Pour tenter de relier ces scènes, Bartabas utilise des textes de Victor Segalen (dommage qu'ils soient si pompeux, et récités avec si peu de talent !), des éléments de scénario (un vieillard sur fauteuil roulant entourés d'infirmiers et infirmières lubriques, humm). Fatal.
Pou enrichir encore le propos, Bartabas invoque d'autres arts, d'autres matières, comme de la calligraphie d'idéogrammes, jolis certes, mais qui, en pièces rapportées, juxtaposées, n'expriment rien.
Que reste-t-il ? Des moments, des instants de beauté, dûs la plupart à la force brute des chevaux. Un simple cheval blanc qui se roule dans la poussière. Un groupe de chevaux qui tournoient au galop autour d'un vieux agitant des grelots hystériques. De splendides jeux d'ombres. De courts moments de magie et de vie. Quand la durée s'installe, l'ennui s'impose.
Reste enfin, heureusement, la musique. Le toujours phénoménal Jean-Pierre Drouet, ici accompagné d'un acolyte, Gaston Sylvestre, se promène autour de machines belles et mystérieuses créées par Claudine Brahem, et en extrait une musique d'eau, de vent, et de grondements sismiques, une nappe sonore fluctuante et puissamment élémentale.
Le public, plein d'enfants qui s'agitent avant de s'endormir, et d'escogriffes qui se plaignent de l'exigüité des places, doit provenir de Zingaro plus que du Châtelet. Il n'a même pas le temps de donner son verdict dans les applaudissements : le rideau tombe et la lumière revient presque tout de suite.

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