jeudi 9 septembre 2004

Pandémonium et Dave Douglas Quintet (Cité de la Musique - 7 Septembre 2004)

Pandémonium - François Jeanneau


François Jeanneau, saxophoniste et chef de groupe, dirige sa douzaine de musiciens, grace à un langage des signes ostentatoire, amusant, et assez fascinant, et promène sa musique, jouée quasiment sans interruptions, en des paysages fort variés, depuis des marches big-bands matinées d'harmonies est-européennes (à la Téxier ?), des passages bops classiques et virtuoses (un quartet ornant un très impressionnant solo de saxophone), des assemblages sonores originaux (un accordéon, une vocaliste, un tuba, permettent des configurations peu fréquentées, à la Threadgill ?), ou des séquences plus expérimentales, avec des articulations savamment déstructurées (à la Braxton, cette fois ?).

Bref, l'histoire du Jazz est parcourue en tous sens, heureusement dans un tempo plus calme que chez Zorn par exemple, ce qui permet de profiter des étapes.

Dans cet assemblages hétéroclite de styles et d'influences, d'idées et de surprises, il est difficile de tout aimer, et chacun selon ses gouts préférera tel ou tel ingrédient. Mais la musique est là, indubitablement, et l'esprit du Jazz aussi.


Dave Douglas Quintet


Le concert est trop court, sans doute, pour que le groupe se mette vraiment à bruler. Il se contente de briller, et reste lisse, trop parfait, trop professionnel.

Pourtant, difficile de trouver un défaut. Les musiciens sont tous de premier ordre. Dave Douglas semble ne connaitre aucune limite pour sa trompette, qui fuse en tous sens, et dans un "Seventeen" d'anthologie, clôt le concert par une exploration bruitiste explosive et passionnante. Marcus Strickland, le frère de EJ vu avec Ravi Coltrane, adopte une pose imperturbable, saxophone tenu droit, dodelinant à peine de la tête dans les moments les plus fiévreux. Uri Caine ne joue malheureusement que du Fender Rhodes, et malgré son immense virtuosité, ne parvient pas à donner de la chair à ce son si décoratif, presque vain. James Genus à la contrebasse et Clarence Penn font un énorme travail, mais restent dans le background, ne se mettent jamais en avant, mais c'est peut-être aussi un problème de balance (ils se plaignent plusieurs fois, mais je ne sais pas trop de quoi exactement).

Le concert est basé quasiment exclusivement sur des morceaux de "Strange Liberation", avec un morceau plus vieux au milieu, et se complète d'un "Unison" (de Björk) en rappel. Les solos sont excellents, mais la structure des morceaux un peu trop sage (introduction, exposition du thème en duo trompette/saxophone, solos, et répétition conclusive du thème ; efficace, mais trop répété), et malheureusement donc, le courant passe mal, la glace ne fond pas, l'armure ne se fend pas. Dommage.

Aucun commentaire: