samedi 23 octobre 2004

Boulez et Mahler (Théâtre du Châtelet - 21 Octobre 2004)

Pierre Boulez - Livre pour cordes

Issue d'une oeuvre pour quatuor à cordes écrite dans les années 50 et abandonnée parce qu'elle s'était avérée quasiment injouable, cette pièce, élargie pour orchestre à cordes, plusieurs fois remaniée, est désormais d'un seul tenant, "variation". C'est bien de cela qu'il s'agit : un thème, aux caractéristiques si typiquement post-sérielles (sécheresse des articulations, malléabilité de la mélodie), est énoncé puis repris, varié, encore et encore, dans toutes les sortes de déclinaisons possibles, souvent simultanées, superposées, composées, pour former un réseau très riche d'idées, de sentiers qui bifurquent sans arrêt, qui se dissolvent pour céder leur place à de nouvelles lignes.
C'est intéressant mais un peu long et cela manque d'émotions. On se rapproche dangeureusement de l'absence de charmes de "Sur incises". Mais la subtilité sans cesse changeante de l'orchestration, ses lignes qui s'échappent de toute part pour disparaitre, me font penser à l'héritage debussyste qu'on retrouve dans "Ainsi la nuit". Je n'aurais jamais cru que du Boulez pourrait me faire penser à du Dutilleux...

Gustav Mahler - Symphonie n°7

Après le choc du "Chant de la Terre" d'il y a quelques jours, cette interprétation est une déception. L'oeuvre n'est pas facile, et même si je l'écoute relativement souvent en CD (dirigée par Boulez, en plus), je m'aperçois que c'est avec une assez faible qualité d'écoute, car elle me reste ici, en concert, largement inconnue, et presque impénétrable.
Boulez la dirige clairement dans un sens prophétique, dans ce qu'elle annonce du siècle musical naissant. Le premier mouvement est rempli de thèmes chostakovitchiens ; le quatrième mouvement débute par une splendide mélodie de timbres. Mais l'organisation interne des mouvements, faits de gros blocs sonores compacts et souvent antagonistes, donne une impression à la fois de répétition et de ruptures de ton incompréhensibles.
Etre perché assez haut dans le théâtre n'aide peut-être pas, mais le son qui se dégage du London Symphony Orchestra n'est pas mirobolant. Si les vents sont agréables, les percussions sont parfois déroutantes (est-ce que les cloches de vache doivent forcément avoir un son aussi aigre et moche ?!), et les cordes sont fades, manquant d'à peu près tout, vivacité, couleur, précision.
J'espère avoir plus de chances avec la 5°, dans quinze jours.

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