dimanche 21 août 2005

Romano/Vignolo/Zulfikarpasic (Sunside - 20 Août 2005)

Samizdjazz y était hier, et son billet fait résolument le tour de la question. Je me contenterai de quelques remarques :
- La liste des morceaux semble très proche entre les deux soirées ; les seules différences que je repère sont qu'ils ont joué "Song for Elis" dans le deuxième set, et qu'il a chanté, en final, avant "Estate", "Les clowns", une chanson de Giani Esposito.
- Dans le premier set, j'ai particulièrement aimé le morceau "Pétionville" (sur la banlieue de Port-Au-Prince), où Bojan Z. s'est lancé dans de la haute voltige, constamment à la limite de la rupture harmonique, comme flirtant à distance avec la mélodie pour soudain y retomber pleins pieds, créant une tension constante presque douloureuse, d'une rare intensité.
- Le travail autour de "Caravan" fut jubilatoire, comme un patchwork de styles et d'ambiances, où le thème ellingtonien, parfois sensuel, parfois virevoltant, parfois abrupt, servirait de couture
- Aldo Romano présente assez étrangement ses morceaux, entre le désir d'indiquer la part d'intime qu'il y a mis, et une répugnance à le faire. Nous n'eûmes pas droit au couplet sur les chanteurs français, mais à l'évocation des circonstances d'écriture de "Anny's Lullaby", chanson écrite pour sa compagne alors en instance de rupture, comme un test pour savoir à sa réaction si leur histoire allait ou non continuer (le résultat n'a pas été dit) ; mais cela fut dit au milieu de digressions, de reculs, de reprises, comme une timidité assez paradoxale mais finalement touchante.
- Dans le deuxième set, le pic d'émotion fut pour moi "Groznjan Blue" de Bojan Z., délicatement poignant.
- Le final fut riche en anecdotes. Comme Bojan Z. ne connaissait pas "Les Clowns", Aldo Romano lui indique les deux accords, puis précise qu'il lui faut la tierce, parce qu''il n'est pas comme Henri Texier, et demande la confirmation de la présence du Mib dans son accord de Ré ! "Private joke" assurément.
- "Estate" est encore plus étonnant. Une corde du piano ayant laché, une note devient pratiquement injouable, la pédale d'effet lui donnant une couleur particulièrement métallique. Bojan Z. utilise alors cet effet comme sur un piano préparé, y martelant un petit rythme, comme une cloche oubliée dans le souvenir évoqué par la chanson. Du grand grand art d'improvisation...
- S'ils font un disque ensemble, je suis sur qu'ils devront se coltiner des comparaisons avec le premier trio mythique de Bill Evans ; les parentés de Rémi Vignolo et de Scott LaFaro, d'une part, et de Aldo Romano et de Paul Motian, d'autre part, sont indéniables, même si cela ne donne qu'une partie de leur palette. Mais c'est dire la qualité de leur jeu.

lundi 15 août 2005

Smadj et Mercan Dede (Kiosque à Musique du Parc de la Villette, 14 Août 2005)

Smadj

Guitariste funk né en Tunisie, découvrant le oud à 30 ans, Smadj propose une musique aux confluences multiples. Sur des bases rythmiques enregistrées (le joueur de tabla présent sur scène se contente de les orner), volontiers lourdes, lentes, parfois entêtantes, il peut filer de longues improvisations dynamiques à l'oud, en fusion techno/world assez agréable ; il peut préférer rester derrière les platines, et laisser un collègue (nom oublié) prendre les devants, qui vocalise rauque un peu à la Thiéfaine et interpelle le public, en fusion techno/rock parfois un peu banale ; son utilisation d'un oud électrique, en guitar-hero reconverti, ne me convainc par contre pas du tout. Somme toute, une prestation intéressante, avec de belles réussites à l'oud, un efficace, long, drole et subtilement cynique final où le public est censé pouvoir demander des chansons spécifiques ("allo, chanson à la demande ! Mais, ..., c'est comme si c'était fait !", qui va du "Nom de la Rose de (sic) Natacha Atlas", à "Antisocial de Trust", ou "n'importe quoi de Bob Marley") ; mais la percussion trop enregistrée enlève beaucoup de vie, et les montées vers la transe électroniques n'opèrent pas. Manque de définition dans l'ambition musicale, peut-être.

Mercan Dede


J'ai découvert ce Turc lors de son travail avec Peter Murphy (ex-chanteur de Bauhaus) sur l'album "Dust". Il propose une electro-world très réussie (même catégorie que Talvin Singh, ou Dhaffer Youssef). Mais il ne chante pas, et joue à peine (du ney persan, et du bendir). Par contre, il sait s'entourer, produire, et faire monter la sauce.
Sur scène, deux frères de rythmes et de sang aux percussions, extraordinaires de virtuosité, de complémentarité et d'efficacité ; un jeune prodige à la clarinette et à la trompette, qui devra murir ses influences coltraniennes ; un qanoun ; et une derviche tourneuse.
Dans une première partie, tous jouent, et la danseuse se met à lentement tournoyer son envol, compensant l'interminable rotation par une remarquable expressivité mystique des bras, du torse, du cou. Puis ne restent que les deux percussionistes, discutant avec les samples de Mercan Dede, en duo ou trios ébouriffants de vitalité et de tonicité. Les substrats musicaux sont assez surprenants, une techno-poperie à la Jean-Michel Jarre, ou une espagnolade taurine jouée à la trompette. L'utilisation d'un énorme extrait du "Julunga" des Dead Can Dance semble plus une évidence. Tous reviennent, le public danse, malgré les interruptions un peu trop nombreuses. Le final se fera sur "Music" de Madonna, remixé en fête arabo-persanne !

A la sortie, surprise, je trouve Play-Pause et Raindrops !
Mise à jour:
J'ajoute dans la Pot-Pourri des morceaux arabisants divers, depuis le joueur de oud copyrighté ECM Anouar Brahem, à Dead Can Dance et Natacha Atlas ; de Mercan Dede (qui propose des MP3 sur son site) seul ou accompagnant Peter Murphy, à l'ensemble Aromates, qui vient de produire un très joli disque "Mélodies andalouses du Moyen-Orient" chez Alpha-prod.

vendredi 5 août 2005

Des anges passent

Puisque tout le monde (et même plus) s'y met, voici quelques anges de passage dans la radio Pot-Pourri.

Le "Sturiel" vient du premier volume du "Book of Angels", la nouvelle aventure de John Zorn dont Samizdjazz nous parlera surement lorsqu'il rentrera de Londres.
Comment évoquer la voix des anges ? Par le mariage de la grande cloche ténor de la Cathédrale de Winchester et de la voix du propre fils de Jonathan Harvey ? Ou simplement par Dawn Upshaw faisant l'ange chez Messiaen ?
Le reste du programme se comprend par les titres. Et je n'ai pas envie d'assombrir la saison, donc pas de "Concerto à la mémoire d'un ange", ni de "Mort de l'Ange" par Grisey.

lundi 1 août 2005

Même pas plu !

Météo finalement clémente, rencontres sympathiques, conversations tranquilles et généralement distinguées, un excellent pique-nique pour conclure les vacances.

Pas de centralisation sur Paris-Carnet des trackbacks, donc voici quelques compte-rendus glanés pour l'instant :

Dangereuse Trilingue - le texte
Dangereuse Trilingue - les photos

Veuve Tarquine - le texte
Veuve Tarquine - les photos

Batims

Pascal

TarValanion

Zvezdoliki

Vrai Parisien

Quel fourbi !

Et tous les autres, qui commenteront sans doute un peu plus tard...
( Mel'O'Dye ? Tatou ?)


Cela devrait suffire à se faire une idée de l'ambiance.