dimanche 6 novembre 2005

Quatuors Arditti et Prazak (Cité de la Musique - 5 Novembre 2005)

Béla Bartok - Quatuor à cordes n°3 Sz. 85

Ce n'est pas, parmi les 6, le quatuor le plus simple à aimer chez Bartok, et de manière plus générale, je préfère son oeuvre orchestrale à ses pièces de musique de chambre. Néanmoins, il me semble que l'interprétation du quatuor Arditti était spécialement dénuée d'émotion, lecture théorique et sèche ; le fait qu'Irvine Arditti, sans doute enrhumé, sifflait du nez à chaque inspiration, n'aidait pas à la concentration.

Pascal Duspain - Quatuor à cordes n°5

Pascal Dusapin sait parler de ses oeuvres (exercice pourtant fort délicat). Je lui laisse donc la parole, via le livret :
Le quatuor va suivre une ligne (s'il est possible de le dire...), toujours en pente, avec un "quelque-chose" qui incline la musique vers sa propre extinction, sans cesse repris par de nouvelles chicanes rhétoriques elles-mêmes transformées et retransformées par une idée contraire.
Et "ça" avance comme ça...

Placée sous le parrainage évident de Beckett, et plus précisément de "Mercier et Camier" que je ne connais pas, l'oeuvre lutte avec un acharnement désespéré contre le silence qui pourrait menacer, et enchaîne toutes sortes de dispositifs musicaux, pizzicati chaotiques, mélodies déchirantes, homophonies presque statiques ; verbiage accumulé en une lutte bien sur vaine et perdue d'avance, mais que l'art (de Beckett, et de Dusapin) transcende en quelque-chose d'essentiel.
Il faudrait réécouter. Mais il se pourrait bien que ce soit un chef-d'oeuvre.

Alexandre Borodine - Quatuor à cordes n°2

Et maintenant, quelque-chose de totalement différent... Après l'entracte, c'est le quatuor Prazak qui prend place, et pour jouer de la grande musique russe et romantique. L'allegro raconte un amour naissant, plein de promesses et de quelques doutes, sous le regard bienveillant des parents qui se souviennent. Le scherzo ressemble à une rivière rapide à coté de laquelle des gens pique-niquent. Le notturno est une ballade dans la nuit exaltée, ivre d'étoiles inaccessibles et d'amours à réinventer. Le finale est plus complexe, avec des éléments dramatiques, mais se conclut en envol joyeux.
Le quatuor Prazac joue physiquement la partition, particulièrement le premier violon Vaclav Remes, inclinant le buste et le cou, souriant au public, limite faisant des clins d'oeil, on croirait un violoniste de restaurant ; la musicalité en plus, heureusement.
En rappel, ils jouent un quatuor de Haydn, le numéro 20 (mais j'ignore selon quelle nomenclature), de très élégante facture, à la fois majestueuse et enjouée.

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