samedi 20 mai 2006

Cage Boulez EIC (Cité de la Musique - 18 Mai 2006)

John Cage - First Construction (in Metal)

Pour sextuor de percussions et assistant (sic - pourquoi pas septuor ?), cette oeuvre courte (10 minutes) emprunte son instrumentarium à Varese, sa poésie à Messiaen (les couleurs du gamelan sans doute), et baigne dans une fougue sereine de jeunesse (Cage avait 25 ans), qui l'autorise à des effets rythmiques à la trivialité fort agréable (final lentement scandé en rythme à 1 temps).

John Cage - Concerto pour piano préparé et orchestre de chambre

La recherche de l'impersonnalité de l'oeuvre est bien avancée, les contraintes venant cette fois, dixit le livret, d'un carré magique. Ce qui semble également refusé, c'est la directivité de la musique (les événements musicaux se produisant forcément dans un ordre, avec des "avant" et des "après"). Ici, ce semblent plus des configurations pointillistes sans liens directs de succession, présentés dans un ordre quelconque, mais qui forment plus un paysage de potentialités. Aux bruits divers provenant du piano préparé, l'orchestre de chambre répond, ou pas, par des manifestations sonores plus conventionnelles que chez Lachenmann, mais dénuées déjà des fonctions mélodiques ou harmoniques traditionnelles.

Pierre Boulez - Le Marteau sans maître

Pièce essentielle, portail de sortie d'un sérialisme trop austère, héritage schoenbergien, ouverture vers les exotismes extra-européens, réservoir de futurs divers... Les ouvrages de référence analysent cette pièce sur des dizaines de pages.
La matière sonore, inspirée du Pierrot Lunaire, avec ces liens entre contralto et flûte, flûte et alto, alto et guitare, guitare et vibraphone, vibraphone et xylophone, est d'une subtilité de couleurs et de textures constamment changeante. Les différents registres vocaux, du parlé-chanté au chant mélismatique, de la bouche fermée au chant syllabique, entrecoupé de larges plages de silence, renouvellent l'attention et multplient les plaisirs. Il y a à la fois diversité et unité, d'une manière étonnante.
Ce soir, l'émotion est venue principalement de la contralto Hilary Summers et de la flûtiste Sophie Cherrier, qui connaissent l'oeuvre depuis longtemps, mais y brillent magnifiquement, avec en point d'orgue le segment final, où la flûte prend le relais de la voix, prolongation dépassement, vibrante d'émotion, flamboyante. Mesdames, bravo.

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