lundi 31 juillet 2006

Absence

Si l'activité reste si faible ici, c'est principalement parce que du coté des concerts et autres spectacles, je n'ai strictement assisté à rien depuis "Bleu sur scène". De plus, lorsque l'envie de rédiger un billet devient trop forte, je préfère l'utiliser pour tester Dotclear 2, dans la bergerie de notre sorcière préférée, où j'ai gagné une stalle grace à Mélisande.
On peut aussi signaler, comme autre activité bloguienne ou assimilée, une présence plus assidue, voire quotidienne, sur Flickr.

lundi 24 juillet 2006

8 Contraintes : quatrain et gamme de Sol

Quatrain et Gamme de Sol :

le SOLeil LAmineur m'imposant le SIlence
(DOcile sous l'assaut sans REpit de sa lance
qui MIne toute envie, je FAtigue et me tais)
je vous laisse finir ce quatrain _ _ _

samedi 22 juillet 2006

8 Contraintes : voyelles en 8

Kozlika propose un jeu (youpi) : il faut écrire un billet à contrainte par jour (duh !) avant son départ. En voici un.

dans l'infinie chaleur de la nuit
nous flottons abrutis d'ennui
nous sombrons dans l'attente

orage subtil

sommeil brûlant

samedi 15 juillet 2006

Le Livre du Graal : Ménagerie bretonne

Mais la prophétie dit que le grand dragon s'envolera du royaume de Rome, celui qui voudra détruire le royaume de Bretagne et soumettre à sa puissance le lion couronné malgré la défense de la tourterelle que le dragon aura élevée sous son aile. Et dès que le dragon s'ébranlera pour marcher contre la Grande-bretagne, le lion se dressera contre lui et combattra jusqu'à ce qu'un taureau féroce et orgueilleux qu'il aura amené avec lui fasse son entrée dans la bataille. Et il frappera le dragon de l'une de ses cornes, si bien qu'il le jettera mort à terre. C'est ainsi que le grand lion sera délivré ; mais je ne te dirai pas la signification profondes de ces paroles : sache seulement que cela se produira de ton vivant.
Les Premiers Faits du roi Arthur, §445

Et encore échappons-nous pour cette fois au grand léopard, à la douzaine de louveteaux, au grand sanglier ...
Cela dit, en ce qui concerne le raton-laveur, il faudra encore attendre un peu.

vendredi 14 juillet 2006

Syd Barrett (6 janvier 1946 - 7 juillet 2006)


Nobody knows where you are
how near or how far.
Shine on you crazy diamond.

Comment se fait-il que la mort de ce musicien, qui n'a enregistré que quelques albums au sein de Pink Floyd, lorsque le groupe était encore passablement obscur et inconnu, puis quelques autres en solo, qui n'ont guère eu de succès, et qui a tenté de passer totalement inaperçu quasiment depuis 1970, comment se fait-il que ce décès me touche ?

Come on you target for faraway laughter,
come on you stranger, you legend, you martyr, and shine!

Quelle part dans cette fascination revient à cette chanson, "Shine on You crazy Diamond", 25 minutes de voyage, expérience de la durée, autrement plus réussie que le simple collage de "Meedle", et qui le célébrait avec une telle émotion ?

Come on you raver, you seer of visions,
come on you painter, you piper, you prisoner, and shine!

Dimension héroïque, de celui qui refuse son destin d'icône pop-rock, tente de vivre une vie normale, est néanmoins déifié par ses anciens camarades et vénéré par des générations d'auditeurs qui ne connaissent quasiment rien de son oeuvre, et dont la mort surprend : quoi, il était donc encore vivant, et il était donc mortel ?

Come on you boy child, you winner and loser,
come on you miner for truth and delusion, and shine!

Mise à jour du Pot-Pourri, bien entendu.

samedi 8 juillet 2006

Le Livre du Graal : Un beau pays pour mourir

Le conte dit ici, dans ce chapitre, que le roi Arthur quitta Logres, sa capitale, le premier jour de Juin. Le printemps était arrivé, la douce saison où fleurissent vergers et bocages, où les oiseaux chantent plaisamment et gaiement et font retentir de leurs chants les bois fleuris et couverts de nouvelles feuilles, où les prés se couvrent d'herbe et où les ruisseaux coulent à nouveau dans leur lit : c'est la saison de l'année qui convient le mieux pour faire la guerre.
Les Premiers Faits du roi Arthur, §363

La saison était douce et plaisante, le pays doux et agréable, car il y avait de nombreuses forêts, et des prairies où chantaient en maints langages les oiseaux qui réjouissent le coeur de ceux qui aiment d'amour. Ils chevauchèrent tant cette nuit-là qu'avant qu'ils s'en aperçoivent il fit complètement jour. Car ils avaient tellement écouté le chant des oiseaux qu'ils s'étaient oubliés eux-mêmes. Ils arrivèrent alors sur une belle lande parsemée de jeunes arbres qui était située sur le bord de la Loire. L'herbe était si haute qu'elle montait jusqu'au ventre des chevaux. Les troupes du roi Arthur se reposèrent dans cet endroit toute la journée jusqu'à vêpres. Ceux qui en avaient besoin mangèrent et burent, et dormirent aussi car le lieu était très paisible et agréable.
Les Premiers Faits du roi Arthur, §373

Si est ainsi loué le paysage des carnages à venir, c'est que le théâtre des opérations a quitté l'Angleterre pour la France ...

Fin de saison


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Voilà, avec le festival "Bleu sur scène" s'achevait ma saison 2005-2006. On reprendra fin Septembre, avec Warp, l'EIC, puis Pleyel. Entre temps, il y aura les spectacles estivaux, Paris Quartier d'été, les animations musicales diverses de la Villette, des clubs de Jazz peut-être, des concerts ici ou là à la quasi impoviste, et pour se remettre en jambe, Jazz à la Villette en pré-rentrée, où je n'ai encore rien pris, attendant que le désir revienne.
Pour le moment, un peu de repos, un peu de photo (les plus attentifs noteront l'achat d'un nouvel apn, plus discret, plus facilement transportable), et des étapes dans mes lectures (je ne sais toujours pas pourquoi ou pour qui j'écris ces billets "Livre du Graal", mais comme ils m'amusent, je vais continuer).

McCoy Tyner Septet (Théâtre du Châtelet - 7 Juillet 2006)

McCoy Tyner, c'est l'histoire d'une fidélité. Fidélité envers son maître, John Coltrane, encore cité ce soir. Fidélité envers un style, entre post-bop et presque Free, terrain fertile où les accords et l'harmonie guident encore le discours mais sans le corseter. Sa musique n'a pas changé depuis Septembre 2005, mais ce n'est pas non plus ce qu'on atttend de lui...
La formation en septet me faisait craindre un coté un peu "big band", où le jeu de Tyner aurait été éparpillé parmi les multiples souffleurs. Heureusement, le concert réservera des parties en trio, et quelques morceaux en solo. Sa virtuosité généreuse est intacte, et il se promène avec sérénité sur tout son territoire, du stride énergique à la ballade, du solo ravageur à l'accompagnement discret, au silence.
Ses partenaires de trio sont très dissemblables : Eric Gravatt est un batteur classique, peu extravagant, et qui après Brian Blade, Joey Baron et Kenny Wollesen, sonne fade (même si le qualifier d'inexistant est un peu méchant ...) ; Charnett Moffett est inversement un vrai clown, qui se dandine autour de sa contrebasse et l'enlace goulument comme pour l'entraîner dans un pas de deux endiablé, qui se lance dans des solos virtuoses, tapotant les cordes avec maestria, et allant chercher les bravos auprès du public avec un certain succés.
Parmi les quatre souffleurs, Eric Alexander et Donald Harrison aux saxophones, Wallace Roney à la trompette et Steve Turre au trombone, je saluerai particulièrement ce dernier, qui osa le plus, et pas uniquement en soufflant dans des conques. Les trois autres, talentueux mais trop respectueux, maîtrisaient un peu trop leur sujet pour que la musique puisse vraiment s'envoler.
Emaillée de petits incidents (Tyner annoncé en retard puis arrivant presque à l'heure, les personnes se bousculant pour retrouver leur place, le batteur renversant une cymbale sur ses genoux ...), la soirée sera même plus longue que la veille, et autrement réjouissante. Visuellement aussi, d'ailleurs. Les entrées-sorties des souffleurs, alignés en frontal et habillés très chic, ou passant en fond de scène en silhouettes détachées contre le grand fond bleu strié d'orange, offraient de magnifiques images (un jour peut-être les possesseurs de téléphone et d'apn premier prix se souviendront que prendre des photos au flash à 10 mètres ne donne rien...).

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, puisque je parlais de Big Band, un extrait de concert où McCoy Tyner en dirige un, dans une pièce emblématique, "Passion Dance", qu'ils ont aussi joué hier soir.

Le Livre du Graal : Niniane 1

"Je pourrais aussi faire quelque-chose de différent : je pourrais marcher sur cet étang sans même me mouiller les pieds, ou je pourrais bien faire courir une rivière là où on le voudrait, et où il n'y en aurait jamais eu auparavant. - Certes, reprit la demoiselle, ce serait là un talent bein gracieux, et je donnerais beaucoup pour être capable de faire de si beaux jeux. - Certes, demoiselle, j'en sais beaucoup de plus beaux encore, et de plus plaisants pour divertir un noble public. Car on ne saurait imaginer de jeux que je ne sache réaliser et faire durer aussi longtemps qu'il me plairait. - Certes, continua le jeune fille, si cela ne devait pas vous ennuyer, je voudrais apprendre de ces jeux, en échange de quoi je serais toujours votre amie intime, en tout bien tout honneur, le reste de ma vie. - Certes, demoiselle, vous me semblez si douce et si aimable que pour l'amour de vous je vous montrerai une partie de mes jeux, à la condition que vous me donnerez votre amour, sans qu'il soit question de rien d'autre."
Les Premiers Faits du roi Arthur, § 256-257

Certes, certes. Mais de quels jeux parlent-ils, Merlin et Niniane, lors de cette première rencontre, qui seraient "en tout bien tout honneur", vraiment ?

jeudi 6 juillet 2006

Bill Frisell Quintet (Théâtre du Châtelet - 6 Juillet 2006)

Fatigue, mal de dent, sans doute aurais-je pu m'abstenir ; du coup, je suis passé totalement à coté de ce concert. Le plus long de la série pour l'instant, il m'a semblé le plus répétitif. Bill Frisell attaque en tempo moyen sur un air de style country, ou de chanson traditionnelle, dans un son un peu liquide, où l'emploi des pédales d'effets reste limité. A la batterie, Kenny Wollesen densifie peu à peu la donne, suivi par Tony Scherr à la contrebasse. Greg Tardy alterne la puissance du saxophone et la douceur de la clarinette, Ron Miles explore au cornet des territoires quasi bruitistes. Le morceau dure à peu près 15 minutes. Le public applaudit (ou pas, certaines transitions l'empèchent), puis on recommence avec un nouveau morceau. Dans l'ensemble, c'est le jeu de Ron Miles qui m'a le plus plu. Mais vu l'état fortement défaillant de mon attention, ça ne signifie pas grand-chose.

mercredi 5 juillet 2006

Acoustic Masada (Théâtre du Châtelet - 5 Juillet 2006)

Acoustic Masada. En concert. John Zorn, Dave Douglas, Greg Cohen, Joey Baron, sur la scène du Châtelet. Que dire sans être trivial ? Depuis plus de 10 ans qu'ils se cotoient, la télépathie est bien au point, la mécanique pourrait tourner toute seule ; mais ils ne sauraient s'en satisfaire, et encore aujourd'hui semblent réussir à s'étonner les uns les autres. Nimbés de rouge et d'or par un dispositif d'éclairage assez simple, ils sont regroupés serrés au centre, habitués sans doute à des espaces plus restreints.
A la contrebasse, Greg Cohen (déjà vu accompagnant Ornette Coleman) est au mieux quand il joue obsessionnel minimaliste, impulsion vitale obstinée ; ses rares solos ne me passionnent pas.
A la batterie, Joey Baron s'amuse comme un fou, un festival d'énergie, à main nue (j'adore ces passages !), aux balais, mailloches, baguettes, passant de l'un à l'autre pour des gradations de puissance, frappant les peaux, les rebords, les dessous des futs, au point qu'il semble parfois y avoir deux batteries sur scène, tout ça avec un plaisir du groove, un allant presque rock, il est dans cette tournée particulièrement en forme !
A la trompette, Dave Douglas, dont le quintet m'avait déçu, semble plus à son aise ici pour expérimenter, se lancer dans des épopées lyriques, échapper aux enchaînements harmoniques imposés et proposer de splendides alternatives dans des morceaux qu'ils ont dû jouer de nombreuses centaines de fois.
Enfin, bien sûr, John Zorn, au saxophone, capable de tout, de dérouler une mélodie dans sa beauté toute simple, de hurler des aigus déchirants en souffle continu, de superposer à cette hululation une mélodie dans les graves, de hoqueter le thème dans le jeu des clés, tout en dirigeant, de signes de la main, ses partenaires (de fait, ce sont les morceaux les plus chaotiques qui sont les plus sous contrôle, où il donne tous les arrêts / redémarrages).
Le set de 50 minutes, suivi de plusieurs bis, utilise quelques pièces du deuxième livre, mais me semble plutôt concentré sur le premier. La salle, bien remplie malgré le match de foot, fait un excellent accueil.
Voir sur scène pour la première fois le groupe de jazz le plus important des années 90, essayer de comprendre comment se fabrique cette musique, comment ils s'écoutent les uns les autres, prennent les relais, se relancent, jouent avec leurs habitudes, avec les attentes du public, l'embarquent dans le voyage, entre déconstructions explosives et spectaculaires, et longs morceaux hypnotiques aux émotions chavirantes, ça ne s'explique pas vraiment. Le concert était à la hauteur de l'attente. Je ne saurais dire si c'était un "bon concert Masada", mais c'était pour moi un des plus gratifiants de cette année.

Mise à jour : Je mets dans le Pot-Pourri deux morceaux venant d'un concert qu'ils ont donné la semaine dernière à Montréal ; je ne suis pas vraiment doué pour reconnaître les thèmes, donc si quelqu'un peut m'indiquer les titres ?

mardi 4 juillet 2006

Wayne Shorter Quartet (Théâtre du Châtelet - 4 Juillet 2006)

Afin de tenir le rythme de la semaine "Bleu sur scène", mieux vaut tenter de rédiger les compte-rendus le soir même.
Depuis des années, Wayne Shorter est accompagné des mêmes musiciens : Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse, Brian Blade à la batterie. Je les avais déjà vus à la Cité de la Musique en Janvier 2004, et la façon de fonctionner de ce quartet n'a pas changé, si ce n'est dans une certaine radicalisation. Ils ne jouent pas des morceaux les uns après les autres, mais une longue suite ininterrompue de moments musicaux, s'offrant parfois des silences en plein dans une pièce, puis enchaînant sans aucune interruption les thèmes, les mélodies, les rythmes. Les solos sont fondus, avec des limites mal définies, rarement spectaculaires. Du coup, presque impossible pour le public d'applaudir ! Ce système de jeu, qui avait duré une bonne demi-heure en 2004, est maintenu pendant près d'une heure cette fois ! Seuls les bis seront plus classiquement structurés.
L'épine dorsale de ce groupe, c'est le contrebassiste John Patitucci, solide, souple, énergique, inventif, généreux, dense, passionnant tout au long du concert (et cherchez si vous voulez dans les archives, ce doit être la première fois que je suis aussi enthousiaste pour un contrebassiste de jazz). A ses cotés, Brian Blade fait ce qu'il veut, parfois presque rien, en coloriste subtil, puis équilibriste en faux rythmes décalés, ou incisif en petites explosions controlées, enfin parfois tourbillonant au-dessus des tomes de ses longs bras courbés. Au piano, Danilo Perez joue désormais plus classique que latin, dans une belle connivence d'esprit avec le leader. Wayne Shorter, donc, au saxophone, joue relativement peu. Des bribes de mélodies, quelques indications, des accents, il accapare rarement la parole, préfère jouer en touches détachées ; mais parfois il flamboie, au soprano surtout, même si l'énergie et le souffle ne durent jamais très longtemps.
Cela donne au final une musique où on flotte tranquillement, dans une ambiance mouvante, un flux d'émotions subtiles, entre orage et arc-en-ciel.

Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri l'introduction de leur concert de la Cité en 2004. Où on se rend compte qu'en fait, Wayne Shorter était alors beaucoup plus présent que ce soir.

lundi 3 juillet 2006

Pina Bausch - Rough Cut (Théâtre de la Ville - 2 Juillet 2006)

"Silk ?" demande-t-elle admirative en lui tripotant la cravate, première phrase prononcée d'une pièce peu bavarde, surtout en son début, longue séquence de danses solos et de petits montages théâtraux à deux ou trois personnages (la troupe est rarement nombreuse sur la scène). Après l'optimisme aquatique de Néfes et la sourde tristesse de Ten Chi, nous retrouvons un climat enjoué, avec des femmes particulièrement séduisantes, tentatrices, parfois fétichistes, ou bien sûr un peu folles, mais si somptueusement vétues, et si sereinement audacieuses. Les hommes restent discrets, apportent des chaises, des tables, portent leurs partenaires pour qu'elles grimpent le long d'une branche, pour qu'elles plongent au ralenti vers des oreillers (c'est amusant, ces objets, retrouvés le long de quelques spectacles successifs avant d'être remplacés - plus aucune bouteille ancien fétiche, mais des cravates, des oreillers, des draps de bains déjà vus, et des branches, des fleurs séchées, des rondins de bois et des mouchoirs en papier que nous reverrons peut-être l'an prochain).
Le décor est une déception, un grand mur blanc glacier montagne, que des projections transformeront en prairie ou en océan ; mais cela reste si peu original. La musique par contre explore des voies plus extravagantes, entre karaoké divaguant et jungle décalée, chansons remplies de percussions, WorldWide sélection asiatique.
Du coup, les deux bonnes heures passent comme un charme, entrainées dans ces tourbillons de danse ciselée autour de chaque interprète, dont on vient chercher des nouvelles et dont on constate ou pas les évolutions (le jeune homme fougueux de Néfes répète son solo d'énergie désespérée ; la femme si triste court en cercle inarrêtable ; la femme enfant qui espiègle renversait des chaises se promène en claquant une petite cravache contre ses jambes gainées de latex).
Bien sur, il est plus facile d'être sous le choc quand on découvre cet univers, comme Chronolog, que quand on le cotoie depuis des années, comme Xezbeth. Il ne s'agit plus de révolution, mais d'aller au-delà, et par moments l'oeuvre est à la hauteur d'un enjeu fondamental de l'art aujourd'hui : ré-enchanter le monde.
(Akynou a pris en douce quelques photos du salut final).

dimanche 2 juillet 2006

Le Livre du Graal : 42 Compagnons

Le premier était le roi Ban de Bénoïc, le second était le roi Bohort, son frère, le troisième le roi Arthur, et le quatrième Antor. Le cinquième était Ulfin, le sixième Bretel, le septième Keu, le huitième Lucan le Bouteiller, le neuvième Girflet, le fils de Do de Cardeuil ; le dixième était Marut de la Roche, et le onzième Driant de la Forêt Sauvage. Le douxième était Bélias l'Amoureux, et le treizième Flandrin le Brave, le quatorzième Ladinas de Bénoïc, le quinzième Amoret le Brun et le seizième Aucalet le Roux ; le dix-septième Blois du Casset ; le dix-huitième Bliobléris de Gaunes, le dix-neuvième Canode, le vingtième Meleadon de Blois, le vingt et unième Iesméladant, le vingt-deuxième Placide le Gai, le vingt-troisième Lampadès de la Planoie, le vingt-quatrième Gervais l'Aîné, le vingt-cinquième Christofle de la Roche Bise ; le vingt-sixième était Aiglin des Vaux, le vingt-septième était Calogrenant ; le vingt-huitième était Agusale le Désiré, le vingt-neuvième Agraveil, le fils de la Sage Dame de la Forêt sans Retour, le trentième Cliaclès l'Orphelin, le trente et unième Guivret de Lamballe, le trente-deuxième Khadelin le Beau, le trente-troisième Méraugis de Portlesgués, le trente-quatrième Gornain Cadrus et le trente-cinquième Claris de Gaule ; le trente-sixième Le Laid Hardi, le trente-septième Amadan l'Orgueilleux, le trente-huitième Osenain Coeur-Hardi, le trente-neuvième Galesconde, le quarantième Galet le Chauve, le quarante et unième Blaaris, le filleul du roi Bohort de Gaunes. Et le quarante-deuxième, c'était Merlin qui les conduisait, et le roi Léodegan restait en leur compagnie et ne voulait à aucun prix les quitter.
Les Premiers Faits du roi Arthur, §104

Au milieu d'interminables récits de bataille, où les héros ne cessent d'être abattus par l'ennemi (ce qui signifie seulement qu'ils tombent de leur cheval) avant d'être remis en selle par leurs compagnons, où les troupes se confrontent en milliers de chevaliers plus hardis et géants les uns que les autres, et où les formules répétitives incitent parfois à la lecture accélérée (oui, je ne suis jamais content, maintenant que j'ai de l'épique, j'aimerais plus de diversité...), surgissent des noms aux parfums extraordinaires : imaginer la vie de "la Sage Dame de la Forêt sans Retour" ...

samedi 1 juillet 2006

Priyadarsini Govind (Théâtre des Abbesses - 30 Juin 2006)

Voici une nouvelle venue dans les danseuses indiennes officiant au Théâtre des Abbesses. Dans les spectacles de bhârata natyam, peu suffit pour être classée dans les innovatrices. Par exemple, compléter le décor habituel (musiciens sur une petite scène garnie de tapis à droite, statue de divinité et fumée d'encens à gauche, petit tas de pétales déposé au milieu par la danseuse lors de la salutation initiale) par une magnifique pièce de tissu rouge flamboyant bordée de dorures mates, suspendue près des musiciens (percussions, voix féminine, violon). Moins anecdotiquement, composer l'ensemble de la prestation, non uniquement en enchaînement de pièces de danses pures et de danses théâtrales, mais comme une suite sur un thème commun, les émotions d'une mère.
Certaines poussent l'invention jusqu'à doter leur spectacle d'un titre ; Govind n'est pas si radicale, cela reste un "récital de bhârata natyam".
Dans cette danse, elle privilégie la subtilité (jeu sur les ports de cou, petits mouvements des pieds) au spectaculaire (les séquences de grands sauts sont rares), l'émotion (visage où passent toutes les émotions, du désespoir du deuil à la passion amoureuse) à la vitesse (elle répond plus souvent au violon qu'aux percussions), la précision (les poses sont d'une beauté époustouflante, des arrêts où chaque angle du corps semble parfait) à l'éxubérance (la volonté de contrôle imprègne le spectacle, me privant de ce plaisir peut-être fétichiste de voir s'épanouir de belles taches de sueur sous les habits traditionnels).
Le ton général, la chaleur de la salle, le trop grand contrôle qui limite la gestuelle dans un cadre qui la rend finalement répétitive, m'assoupissent par moments ; mais c'est une grande artiste, dans l'âge idéal (la quarantaine ; la danse indienne est un art qui demande de la maturation), que nous saluons ce soir.