samedi 1 décembre 2007

Cycle Pierre Boulez 2 (Cité de la Musique - 30 Novembre 2007)

Un concert étrange, avec deux parties se répondant à quelques 350 ans de distance, dont l'intitulé initial "Hommage à René Char" semble avoir disparu !

Claudio Monteverdi - Madrigaux du Livre VII

L'ensemble Concerto Italiano, dirigé depuis le clavecin par Rinaldo Alessandrini, nous propose une sélection de madrigaux pour 1 à 5 voix, accompagnées par un violoncelle, 2 théorbes, et 2 violons. C'est frais, pulsant, festif, émouvant, tendre, joyeux même dans les airs tristes, tout à fait charmant. J'apprécie particulièrement "Augellin" ("Oiselet") pour deux ténors et basse, légèrement douloureux, et "O come sei gentile" ("O toi, si aimable") pour deux sopranos, volubiles et acrobatiques (le même argument de l'oiseau y est repris, dans le premier le chanteur lui demande de voler vers sa Dame, pour lui faire part de sa plainte "souffrirez-vous toujours que celui qui vous adore se dissolve en pleurs ?", dans le deuxième, alors que la musique est plus joyeuse l'espoir est plus mince "tu vis en chantant, et en chantant je meurs"). Mais le clou de la prestation est "Lettera amorosa : se i languidi miei squardi" ("Lettre d'amour : si mes regards languides"), une sorte de blason sur les cheveux blonds de la belle, livré par un ténor seul, voix nue, à peine soutenue de quelques notes de clavecin, chant exalté ici chuchoté là, à la fois passionné et pudique, brulant, flamboyant, puis presque timide par moments ; splendide alliage d'une musique restreinte et génialement inventive, et d'un texte splendide de Claudio Achillini (espérant que sa lettre trouvera refuge dans le beau sein, la conclusion : "partant d'un lieu si heureux peut-être atteindras-tu par des sentiers de neige un coeur de feu.").

Pierre Boulez - Le Marteau sans maître

Combien de fois Pierre Boulez, Emmanuelle Ophèle et Hilary Summers se sont-ils retrouvés pour interpréter cette oeuvre ? Une évidence complice les unit, ainsi que les autres membres de l'EIC, autour de cette musique vibrante, de ces chants rares, de toutes ces résonances passées et futures. La première partie monteverdienne oriente l'audition, loin des exotismes asiatiques, et plus près des illustrations vocales, les instruments me semblent échanger de courtes phrases qui se répondent, guitare et alto font contrepoint à la flute et à la cantatrice. Cette fois-ci, la surprise viendra du climat de "Commentaire I", étiré et paisiblement bucolique.

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