lundi 17 décembre 2007

Cycle Pierre Boulez 6 (Cité de la Musique - 16 Décembre 2007)

De nouveau une sorte de rapprochement Bach - Boulez, mais par compositeurs interposés : avant chacune de trois courtes pièces de Boulez, nous entendrons une commande de l'Orchestre de Paris à trois compositeurs plus jeunes, qui devaient transcrire des extraits de l'Art de la Fugue de Bach, en utilisant l'effectif orchestral de la pièce boulezienne. De manière surprenante, le public n'est pas invité à applaudir à la fin de ces préludes, les trois compositeurs ne venant saluer ensemble qu'avant l'entracte.

George Benjamin - Transcription d'extraits de l'Art de la Fugue

De belles couleurs pour deux extraits, un cor doucement brillant à travers le rideau des cordes pour le "Canon in Hypodiapason" et un fouillis délicat de pizzicati pour le "Contrapunctus VII".

Pierre Boulez - Memoriale

Etrange d'entendre un autre ensemble que l'EIC dans ces oeuvres ! Christoph Eschenbach dirige les solistes de son Orchestre de Paris, complétés de musiciens que le livret, encore une fois, refuse de nommer, je trouve ça méprisant, et incorrect. Vicens Prats joue la partition pour flute avec beaucoup de douceur.

Marc-André Dalbavie - Transcription d'extraits de l'Art de la Fugue

C'est la transcription la plus surprenante, qui, sur le "Contrapunctus XIX", met en avant un piano pré-romantique déniché je ne sais où entre les notes de Bach ! Clarinette, violon et violoncelle auront droit à un petit trio rapide et presque virtuose, mais le piano reprendra bientôt son discours tranquillement ému.

Pierre Boulez - Dérive 1

r a s. Ah si : pas la peine d'être à l'EIC pour jouer correctement cette pièce, c'est rassurant !

Bruno Mantovani - Transcription d'extraits de l'Art de la Fugue

Décevant. Les "Contrapunctus VI" et "Contrapunctus I" sont assez banalement distribués entre les violoncelles, qui ornent les lignes de quelques effets modernes ; le livret indique que ces intrusions permettent d'indiquer de nouvelles pistes de lecture du contrepoint, mais à l'écoute, cela ne fonctionne pas, et plutôt que de forer la structure, ils ne passent que comme des décorations dispensables.

Pierre Boulez - Messagesquisse

Révélation : en fait, c'est un concerto pour violoncelle ! Une intro où le soliste se réveille puis secoue ses six partenaires, suivie par un scherzo frénétique où les septs violoncelles rivalisent de dextérité, une cadence soliste lente mais intense, puis un final fortement agité, c'est un découpage fort classique (même si le premier mouvement est plus une fugue qu'une forme sonate, faut pas non plus exagérer) ! Une interprétation à garder dans les annales. Eric Picard sort de l'épreuve comme exténué, vidé par la tension.

Pierre Boulez - ...explosante/fixe...

Après l'entracte, Pierre Boulez s'installe face à l'EIC. Emmanuelle Ophèle au centre, Sophie Cherrier et Marion Ralincourt sur les bords, la spatialisation électronique IRCAM tout autour, c'est la complète, pour une grosse demie-heure de musique où je me laisse glisser, qui m'enveloppe comme une mer traversée de courants mouvants, une texture soyeuse et chatoyante, ondoyante et joyeuse. Quelques épisodes vers la fin prennent plus précisément corps, au sein de cet univers liquide et vaporeux, mais c'est sans doute affaire de concentration que de ne pas les remarquer auparavant, ou affaire de gout, de préférer pour ce soir une écoute immergée et passive.

Aucun commentaire: