jeudi 20 mars 2008

Compositeurs d'aujourd'hui : Michael Jarrell

Après la Finlande, la Suisse, mais on reste sur la même année de naissance : 1958 !
Ce CD se concentre sur une période assez courte de la production musicale de Jarrell (1988-1993), si bien que les oeuvres présentent une forte unité stylistique ; des disques ultérieurs, chez Aeon par exemple, permettront d'en suivre l'évolution et la diversification.

Assonance V

Ou devrais-je donner son titre de l'époque, disparu depuis ? "... chaque jour n'est qu'une trêve entre deux nuits ... chaque nuit n'est qu'une trève entre deux jours ...". Ce poème a-t-il donné la structure de l'oeuvre, une alternance de solos de violoncelle (les nuits) et de dialogue avec des groupes instrumentaux successifs (les jours) ? Musique sombre, où le violoncelle explore peu son registre aigu, souterraine, qui évoque un cheminement tortueux d'un groupe à l'autre, où l'énergie ne jaillit que sporadique, pour vite retomber dans une atonie un peu fiévreuse.

Rhizomes (Assonance VIIb)

Deux pianos, deux percussions, électronique. Un climat nocturne, diaphane, comme une nuit froide illuminée d'étoiles. Sur le CD au moins (faudrait voir en concert), la partie électronique est très réussie : elle nimbe de mystère les notes esseulées des pianos, fond les percussions dans un halo indéfini, tout n'est qu'attente et espace. Des crotales finissent par réveiller les instruments, les pianos répondent presque en imitation. Cet accès d'excitation passé, on retombe lentement dans le climat initial, comme aspiré vers le silence par l'électronique. Quelques échos des pianos, qui rêvent peut-être encore de mélodies, une ritournelle rythmique qui s'évanouit, silence.

Assonance IV

Une rencontre peu fréquente : alto, tuba, électronique. Pièce courte (8 minutes) mais néanmoins divisée en 4 sections, où les deux instruments se confrontent sur une sorte de thème imposé (jouer une figure rapide, fixer un son ...). L'électronique suggère une sorte de chant féminin lointain. C'est la pièce la moins envoutante du CD.

Congruences

Flûte, hautbois, ensemble, et électronique. C'est la pièce la plus longue et la plus ancienne. Elle s'ouvre sur un épisode virtuose au hautbois, qui pourrait laisser croire à un opus concertant usuel. Mais la flûte Midi impose rapidement des climats plus lents et éthérés, que prolongent l'électronique qu'elle déclenche. Malheureusement, cette spatialisation reste bancale : Jarrell semble par moments ne pas trop savoir qu'en faire, des sons surgissent, qui ne semblent là que pour le plaisir de l'effet. Il y a des passages intéressants, mais globalement, je reste peu intéressé par le déroulement des événements.

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