samedi 5 avril 2008

Messiaen Mozart (Salle Pleyel - 4 Avril 2008)

Olivier Messiaen - Et exspecto resurrectionem mortuorum

Incroyable. Il me faut voir cette oeuvre en concert pour découvrir qu'il s'agit d'un orchestre sans cordes, violoncelles et contrebasses attendant sagement alignés sur les bords de scène. Introduction sombre et lourde à souhait, solennité hiératique et funèbre, le premier mouvement est parfait. Si le passage de relais entre instrumentistes (là encore, seul le concert me permet de bien comprendre ce qui se passe) est très joli, les respirations entre les séquences me semblent trop longues, et les tempi un poil trop lents, ce qui fait basculer du solennel monumental vers le pataud endormant ; Myung-Whun Chung pousse le bouchon un peu trop loin, attendre la fin de la résonance des gongs pour poursuivre est sans doute indiqué, mais c'est bien long, et il y a un moment de cassure, où ce n'est plus impressionnant et mystique, mais juste un peu chiant, surtout quand les passages ornithologiques plus légers ne chantent pas suffisamment pour compenser. Lorsque la texture redevient plus continue (superpositions effrayantes du mouvement 4, et surtout la longue marche funèbre du 5, scandée par des gongs métronomiques), la force tellurique (on entend plus les morts s'arracher du sol que monter aux cieux, malgré tous ces vents !) revient, implacable et terrible.

Wolfgang Amadeus Mozart - Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, cor et basson K297b

Ce concert s'inscrit dans un programme Messiaen-Mozart, que le fort copieux et très beau livret (valable pour les 8 concerts de l'Orchestre Philarmonique de Radio-France de cette année Messiaen 2008) tente de justifier, de manière assez peu convaincante (pourquoi pas du Lachenmann-Mozart, tant qu'on y est ?). L'unité avec l'oeuvre précédente est assez évidente, avec ces 4 vents solistes. Si l'allegro passe plutôt bien, l'adagio me semble interminable, et l'andantino final me réveille un court moment, avant que les variazoni ne me replongent dans une douce et sucrée léthargie.
Le bis, entonné par les quatre solistes, du Schubert dit-on derrière moi, semble aussi long long long.

Olivier Messiaen - L'Ascension

Un opus de Messiaen que je ne connaissais pas ! Fantastique oeuvre de jeunesse (24 ans !). Les premiers accords, leur structure, leur couleur, leur vitesse, sont comme une signature prophétique, ils auraient pu servir tels quels 20 ans ou 50 ans plus tard. L'orchestration du premier mouvement se resserre peu à peu sur les trompettes, qui malheureusement ont un peu du mal (attaques peu synchrones, glissements de notes périlleux). Un premier alléluia aux couleurs variées, et un deuxième assez surprenant, puisque j'y entends des influences, ce qui est fort rare chez Messiaen - une bribe d'opulence orchestrale ravélienne, une nappe de cordes bartokienne, un méchant rythme quasi stravinskien. Le dernier mouvement est une prière laissée aux cordes, déjà un temps qui ne s'écoule plus, une sorte de préconfiguration des parties pour violoncelle seul du "quatuor pour la fin du temps". Le tout est fascinant, éclairé par l'entier cursus à venir du compositeur.

Ailleurs : Palpatine

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