mardi 20 mai 2008

Manoury Stravinski (Cité de la Musique - 19 Mai 2008)

Philippe Manoury - Fragments pour un portrait

30 musiciens, 38 minutes, gros morceau. Divisée en sept épisodes se répondant par échos, amplifications ou évocations, par conclusion ici d'un thème lancé là, cette oeuvre s'inspire, dit le compositeur dans le livret, de la manière dont certains peintres (Francis Bacon, Cézanne, Hokusaï ...) sont constamment revenus à certains sujets, dans une démarche de recherche inextinguible. La construction est complexe, mais bien éclairée par les explications mouvement par mouvement, avec ce qui de l'un rejaillit dans d'autres. La matière est riche, trop, on arrive souvent à saturation : pourquoi tout ce fatras de percussions assourdissantes, cette armée de cuivres conquérants, ce volume agressif ? Tout ce bruit masque quelque peu de fort beaux passages, les duos de vents dans "Chemins", les effets de rythme de "Vagues paradoxales", l'atmosphère étrange de "Nuits". Un bilan mitigé, donc ; un enregistrement aux équilibres sonores peaufinés en studio m'intéresserait.

Igor Stravinski - Histoire du soldat

C'est la version complète, ce soir, pas la suite musicale de 25 minutes, mais le conte tout entier, de plus d'une heure et quart. Scène presque intime, 7 musiciens de l'EIC regroupés d'un coté, dirigés par Susanna Mälkki, et le récitant Graham F. Valentine de l'autre, avec tapis, guéridon, carafe. De sa voix étonnamment puissante et grinçante, il narre cette étrange aventure en passant d'un personnage à l'autre, le soldat, le diable, le roi, avec un appétit enthousiasmant ... Pour marquer les passages d'un épisode à l'autre, le septuor entame d'ironiques marches de bastringue, un proto-jazz rustique encore un peu pégueux de sève. Je préfère les passages en duos et trios, où le violon de Hae-Sun Kang et la clarinette de Jérôme Comte échangent de tendres envolées virtuoses, ou discutent avec le percussionniste.

Ailleurs : Klari

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