lundi 26 janvier 2009

Pina Bausch - Sweet Mambo (Théâtre de la Ville - 25 Janvier 2008)

"Je m'appelle Regina Advento, ReJIna, pas ReGUIna ; souvenez-vous en". Nous tâcherons. Ainsi que des noms de Julie Anne Stanzak, dont les oreilles sont toutes à elle, Daphnis Kokkinos qui mesure 1m70, et pas 1m67 comme le dit son passeport, et Nazareth Panadero, ce qui signifie boulanger, les gens en sont souvent déçus.
C'est la part la plus étonnante de ce spectacle, cette demande qu'on se rappelle leur nom ; refus réaffirmé de la troupe d'anonymes, volonté de prendre leur place sur une scène encore hantée par justement quelques noms précédents ? On continue de les voir évoluer, ses petits jeunes de second rang, s'affirmer, vieillir, dans ses rendez-vous de quelques heures chaque année, étrange relation.
Alors, quoi de neuf ? Une scène encore plus vide que l'année précédente : le décor fait de quelques voiles laisse une immense scène déserte. Quasiment aucun accessoire pour les sketchs : à peine un oreiller et trois seaux d'eau en première partie, et un oreiller à nouveau et une table pour la seconde. La parole, en objet principal : du chuchoté (très mauvais pour la voix, précise Nazareth, qui ne sait guère en effet le faire ...) au cri ("si vous avez un problème, je peux crier pour vous", propose ... commment s'appelle-t-elle déjà ? ce devait être Stanzak ...), du gloussement de plaisir aux éructations d'un perroquet.
Entre ces quelques prises de paroles, des solos, plein de bras qui tourbillonnent, des robes qui voltigent, des dos qui se dénudent, des garçons qui passent en silence avec un doux sourire un peu figé. As usual.
Je n'ai guère trouvé de différence entre les deux parties ; dans la seconde, des essais de danses en groupe montrent que vraiment ce n'est plus le genre de la maison. Les hommes ont à leur tour chacun un solo, sans qu'aucun ne m'éblouisse.
On retiendra donc principalement ReJIna Advento, belle et sensuelle (depuis qu'elle faisait tomber les chaises ...), et le finale, où les essais répétés de Julie Shanahan pour franchir l'obstacle de deux videurs qui la repoussent, trouvent une résolution en un solo très beau, où elle se fait souffle de vent flottant au milieu des voiles. Mais la moisson d'émotions et d'images reste assez faible.

Ailleurs : Ali, Palpatine, 3 coups

dimanche 25 janvier 2009

Schoenberg par Eötvös (Salle Pleyel - 23 Janvier 2009)

Arnold Schoenberg - Musique d'accompagnement pour une scène cinématographique op. 34

En guise de mise en bouche, cette petite musique pour du cinéma fictif, en trois mouvements "danger menaçant", "angoisse", et "catastrophe" (l'atonal comme musique d'épouvante, cliché à la vie dure ...). "le morceau semble vraiment plaire au public, quelles conslusions dois-je en tirer quant à sa qualité ?" se demandera Schoenberg. Disons que c'est du boulot bien fait, mais que ça ne transcende pas l'anecdote.

Arnold Schoenberg - Concerto pour violon op. 36

Alors que depuis plus d'un siècle, une grande part de la musique occidentale sérieuse s'inspire du trio viennois, il n'en demeure pas moins que pas mal d'oeuvres de Schoenberg restent comme des blocs difficiles à pénétrer, plus que Berg (où affleurent souvent des courants romantiques qui peuvent servir de chemins d'approche) ou Webern (où on n'a pas le temps de comprendre qu'on ne comprend rien, que la pièce est déjà finie !). Ce concerto pour violon fait partie de ces pièces assez opaques, où je ne sais pas repérer le discours général. Le violon y virevolte en tous sens, et semble assez indépendant du chemin plus rectiligne suivi par l'orchestre.
N'empêche, la matière orchestrale est belle, parfois rutilante, et Hilary Hahn capte le regard et l'attention avec un charisme assez incroyable. Et ses cadences sont magnifiques, riches d'effets, mais sans grandiloquence.
En bis, une sarabande de Bach, classique mais belle, pleine de tendresse.

Arnold Schoenberg - Pelléas et Mélisande op. 5

Du Schoenberg tonal, j'ai toujours un peu peur (syndrome "nuit transfigurée", cette dégoulinade sentimentale à peine supportable). Point de cela ici. Peter Eötvös dirige le Philarmonique de Radio-France loin de tout excès. Je retrouve çà et là comme des échos de leitmotives Wagnériens, ailleurs de vastes gestes orchestraux plus Raveliens ; ce qui m'étonne, c'est de ne sentir aucun parallèle avec Mahler.
Bref, les 40 minutes passent plutôt bien ; sans plus.

Ailleurs : Palpatine

samedi 24 janvier 2009

Dimitri Chostakovitch - Lady Macbeth de Mzensk (Opéra Bastille - 22 Janvier 2009)

Une cage de verre dans un clapier à lapin, une Marilyn de banlieue qui s'ennuie mortellement dans un bas-monde sordide, obligé de subir un beau-père pervers, un mari absent, des ouvriers libidineux et cruels, une humanité d'instincts, de pulsions, de violences : voilà un monde bien âpre.
La mise en scène de Martin Kušej, aux effets parfois spectaculaires (l'arrivée des policiers renversant les tables du mariage, l'apparition de la fosse finale, forme d'enfer souterrain humide et surpeuplé), parfois crus (un viol assez explicite, des corps à demi nus un brin trop nombreux), parfois plus subtils (cette palissade immuable et infranchissable, les chiens en début et fin), est adéquate.
L'Orchestre de l’Opéra de Paris, dirigé par Hartmut Haenchen, délivre avec fracas les marches grotesques et pastiches hauts en couleurs qui ponctuent la partition, mais sait aussi se faire glaçant dans les longs passages catatoniques, et de bout en bout brille dans les innombrables interventions solistes (j'ai été surpris par la part très importante de moments "de chambre", que les épisodes les plus bruyants, en fait rares mais particulièrement marquants, tendent à effacer). Le Choeur tient la double gageüre d'un chant impeccable et d'une présence scénique particulièrement forte, en ouvriers, policiers, ou prisonniers.
La distribution vocale est excellente : il n'y a guère de déception ou de reproches à faire à quiconque (un Boris qui commence un peu faiblard ? Mais il se rattrape vite). Mais ils sont tous écrasés par Eva-Maria Westbroek, tant par sa puissance vocale, sa présence scénique, sa caractérisation du personnage. A Katerina les chants les plus beaux, les aspirations les moins bestiales, les élans les plus sincères. Tomber amoureuse de Serguei, c'est pas très intelligent, et, illettrée, elle n'est pas du genre à avoir inventé la pelle à tarte. Mais elle assume cet amour dont elle a tant besoin, jusqu'au meurtre, et jusqu'à la mort (on meurt beaucoup, dans les opéras, surtout les héroïnes féminines, non ?).
Deuxième sortie de l'année avec les prosélytes lyriques (dont une malade, une épuisée, et une éclopée, une fière assemblée !), et un spectacle assurément marquant.

Ailleurs : Zvezdoliki, Palpatine, Joël, Aligateau, Didier van Moere, guillaume, ...

VSQVBTQ (il y avait longtemps ...)

Vous Savez Que Vous Bloguez Trop Quand, à l'occasion d'une rencontre de billets et de commentaires, vous vous demandez si If You Seek Amy peut être considéré comme une variante d'ALVA.
(à part ça, j'ai deux concerts à chroniquer, faudrait que je m'y mette ...)

mercredi 21 janvier 2009

Puumala Berg (Cité de la Musique - 20 Janvier 2009)

Veli-Matti Puumala - Seeds of Time

Devant un Orchestre du Conservatoire de Paris assez curieusement mélangé (il y a des violoncelles un peu partout dans les rangs !) et où se sont glissés les membres de l'EIC, s'installe Susanna Mälkki ; mais je ne verrais guère ses habituels pantalons de cuir noir, car elle est masquée par le piano de Hidéki Nagano. Un long concerto pour piano, donc, de 40 minutes, en parties bien repérables, et en un grand mouvement vers de plus en plus de simplicité.
Cela démarre par "Turba", passage très éclaté, post-sériel assez habituel, aux couleurs très vives, découpage rapide des cellules, fouillis rempli d'idées.
Dans "Premura", les séquences s'allongent. Le piano devient plus lyrique, post-romantique par moments, de superbes dialogues se mettent en place, avec un violon, avec des bois, ou des percussions. La disposition éclatée des instruments permet des effets soignés de stéréo.
Enfin, "Il Braccio della Notte" ralentit fortement le tempo. La musique se simplifie, s'approche du silence. Certains passages deviennent trop longs, mais l'émotion persiste.
Il y a dans tout ça un grand brassage de styles, d'époques musicales évoquées, mais dans un mouvement général bien maitrisé. Certains aspects expliqués par le livret, comme ces fenêtres de temps immobile ouvertes de temps en temps dans la partition, me sont restés invisibles. Mais c'est une belle découverte, et un nom de compositeur à garder en mémoire (en fait, j'en avais déjà entendu, mais j'étais alors plus circonspect ; le bilan de ces deux oeuvres, c'est qu'il a non seulement une bonne maitrise technique de son art, mais également une âme).

Alban Berg - Lulu Suite

Exit EIC (dont les musiciens vont s'installer dans les gradins, à croire qu'ils aiment ça, écouter de la musique !). Entre Laura Aikin (et s'asseoit, puisque muette les deux premiers mouvements). L'Orchestre de musiciens en devenir compense par l'enthousiasme quelques fausses notes. Méchantes effluves fiévreuses et épicées, dans cette pièce, que j'ai du mal à écouter en CD, il lui faut l'espace du concert pour dérouler ses volutes voluptueuses et méphitiques. J'ai toujours du mal avec Aikin, qui joue son lied avec conviction, mais un vibrato exagéré, et ne m'emporte pas totalement ; par contre, cri magnifique à la fin.

dimanche 18 janvier 2009

Quatre Américains à Paris (Salle Pleyel - 16 Janvier 2009)

Samuel Barber - Vol de nuit

Un beau tapis de cordes, des mélodies élégiaques, un climat lent et intense, un air de morse qui retentit dans les dernières pages, splendide.

Augusta Read Thomas - Concerto pour violon et orchestre n°3 "Juggler in Paradise

Je peux copier de manière exacte ma critique pour Helios Choros 3 (c'est la seule oeuvre que je connaissais de cette compositrice) : "cette pièce [...] s'orne de détails orchestraux constamment renouvelés, mais a tendance du coup à se noyer un peu dans des détails, sans qu'une forte personnalité ne se dégage." Le tempo est assez uniformément majestueux, mais l'effectif orchestral assez réduit. La partition pour violon évite la virtuosité trop affichée, mais du coup lasse. Surtout, sous une apparence aux couleurs très soignées, ça manque de substance, contrairement à ce que dit le livret, je ne ressens à aucun moment "l'impérieuse nécessité intérieure", qui aurait justifié l'existence de cette oeuvre.

Leonard Bernstein - Halil, nocturne pour flûte, orchestre à cordes et percussion

Une lutte entre forces tonales et atonales, entre espoir et déchirement (devinez qui représente quoi, du coup ...) ? Je ne suis pas assez sensible à la "tonalité" pour ressentir cette différentiation ; le tout baigne entre post-romantisme et comédie musicale sombre. A l'image de la flûte de Magali Mosnier, ça manque de férocité, d'âpreté, pour vraiment me toucher.

George Gerschwin - Un Américain à paris

On est tous un peu là pour cette pièce, ce soir (bizarre que ce programme ait attiré si peu de monde, par rapport à la semaine dernière). Andrey Boreyko dirige l'Orchestre Philarmonique de Radio-France avec une belle fougue, qui n'empêche pas la lourdeur par moments.

Ailleurs : Palpatine, Corley.

lundi 12 janvier 2009

Mingus et moi

Plusieurs blogues ont décidé de parler de Charles Mingus, à l'occasion des 30 ans de sa disparition. Je m'y rajoute en loucedé, pour deux raisons.

En premier lieu, c'est Mingus qui m'a conforté dans l'idée que le Jazz était effectivement une musique où je pourrais trouver du bonheur. Après la lecture du "Monk" de Laurent de Wilde qui avait allumé l'envie d'en connaitre plus sur cette musique, j'ai picoré, un peu au hasard, dans des séries pas chères ; à l'époque, il y avait une jolie collection Columbia, exploitant les années passées chez eux par quelques artistes phares, genre Art Blakey [1956 - 1958], John Coltrane & Miles Davis [1955 - 1958], ou Bill Evans [1957 - 1973]. A Charles Mingus, une année suffisait. 1959, bien sur, année magique entre toutes. L'écoute de ce résumé de deux albums majeurs, Mingus Dynasty et Mingus Ah Um (Blues and Roots, sortie la même année !, n'est pas pris en compte puisque pas sorti chez Columbia) fut mon premier grand choc de Jazz. Férocité, ambition, ampleur, mordant, force, on était loin, très loin, du "Jazzy". Je n'ambitionne pas d'acquérir l'intégrale d'une discographie plantureuse ; mais chaque album regorge de pépites incendiaires (même si elles finissent par se répéter ...).

En second lieu, il est l'auteur de mon morceau de Jazz préféré.
C'est sur l'album "Changes Two" publié en 1975, et il s'agit de l'hommage à Harry Carney, saxophoniste de Duke Ellington mort l'an précédent. Cette danse au bord du précipice du silence, animée par la rage désespérée d'une batterie grondement de terre, me bouleverse à chaque écoute.


Personnel: Charles Mingus (acoustic bass); George Adams (tenor saxophone); Jack Walrath, Marcus Belgrave (trumpet); Don Pullen (piano); Dannie Richmond (drums)

dimanche 11 janvier 2009

Orchestre Pasdeloup - Années folles, années swing (Salle Pleyel - 10 Janvier 2009)

Horaire étrange, samedi 16 heures, qui a bien failli me surprendre, et place incongrue, dans les premiers rangs sur la droite, voilà un premier concert 2009 sous le signe de l'inhabituel.

Aaron Copland - Rodeo

Je me plaignais des trop rares occasions d'entendre du Copland, voici donc une suite symphonique en 4 mouvements, nourrie d'airs traditionnels du folklore américain. L'ouverture "Buckaroo Holiday" flamboie, et est applaudie, par un public fort nombreux, plein d'enfants, mais qui ignore apparemment les règles classiques ; les deux mouvements suivants, le lent "Corral Nocturne" puis "Saturday Night Waltz", me semblent plus ternes ; le finale "Hoe-Down" repart dans l'énergie galopante de bonne facture.
Ca ne casse pas cinq pattes à une vache, mais c'est fort agréable.

Cole Porter - Love For Sale + George Gerswhin - Porgy and Bess

C'est le moment fort du concert, où à l'orchestre Pasdeloup dirigé par Wolfgang Doerner s'ajoute le trio Jazz de Franck Tortellier. La réorchestration des standards par Tortellier est moins originale que celle de Liebman, issue de la même source Miles Davis (ainsi, dit le livret, que de la version Armstrong / Fitzgerald, que je ne connais pas). Ma position assez particulière, noyé presque sous les violons qui m'escamotent les cuivres, me permet cependant de bien profiter du vibraphone de Tortellier, lyrique et assuré, avec de forts beaux solos, et de la batterie précise et aux lumineuses cymbales de David Pouradier Duteil ; la contrebasse d'Yves Torchinsky, par contre, me parvient assez embrouillées, un brin pateuse, dès qu'elle quitte le swing à l'élégante nonchalance pour s'agiter.
Il y aura "Summertime" et "Bess, you is my woman now", mais pas "Gone", dommage, c'est une de mes préférées de l'album.

Leonard Bernstein - West Side Story

Je goute bien plus les parties les plus agitées, prologue ou mambo, que les plus calmes, autour de Maria. Sans doute parce que dès les violons se lancent, je n'entends plus qu'eux, ce qui déséquilibre fortement le son orchestral.
Bref, un concet intéressant, mais en partie gâché par la place ; et pas facile de se replacer, quand à cause de l'horaire j'arrive presque en retard, quand la salle est très pleine, et quand il n'y a pas d'entracte.

Ailleurs : Paris Broadway

vendredi 2 janvier 2009

Cinéma 2008

Une année où deux films m'ont particulièrement bouleversé : "Un conte de Noël" et "Two Lovers". Même si le reste, je m'en rends compte en faisant cette liste, contient de forts et beaux moments de cinéma, tout pâlît dans la comparaison.

De l'autre coté + ; Sweeney Todd ; No Country for old men + ; La visite de la fanfare + ; There will be Blood ; L'heure d'été ; Juno + ; La ronde de nuit ; 3h10 pour Yuma ; Deux soeurs pour un roi ; Iron Man ; Un conte de Noël + ; Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal - ; JCVD ; Speed racer ; Valse avec Bachir + ; Sparrow + ; Bons baisers de Bruges ; Kung Fu Panda -; Night and Day ; Souvenir ; Wall-E ; Un millier d'années de bonnes prières + ; The dark knight + ; La princesse du Nebraska ; Gomorra + ; Le silence de Lorna + ; Entre les murs ; Séraphine + ; Appaloosa ; Vicky Cristina Barcelona ; Tokyo! + ; Hellboy 2 ; Mesrine ; Quantum of Solace - ; Musée haut, Musée bas ; Two Lovers + ; Le plaisir de chanter ; Burn after reading.

Planning Janvier - Février 2009

C'est en préparant cette note que je m'aperçois avoir séché le dernier concert prévu fin décembre ! J'avais apparemment bien besoin de vacances ...