samedi 28 février 2009

Planning Mars - Avril 2009

9 spectacles en deux mois ? C'est plutôt calme ... (mais il y en a deux qui ont sauté pour cause de vacances, faudra que je trouve à qui les refiler ...)

1913 par Michel Tabachnik (Cité de la Musique - 26 Février 2009)

Anton Webern - Cinq pièces op. 10

Comme l'orchestre pléthorique nécessité par les oeuvres suivantes allait déborder fortement la taille de la scène de la salle des concert de la Cité, ils l'ont installé directement au niveau des spectateurs, dans un espace délimité par des cordons, avec quelques gradins dans le fond.
Mais l'effectif réduit de ce premier morceau, au lieu de se regrouper devant le chef, reste éparpillé dans les rangs vides de l'orchestre. L'effet est fort. Cette musique, déjà restreinte, en est atomisée, en devient presque inaudible. Il est en tous cas très difficile de se concentrer pour l'absorber correctement. On en entend des effets, d'un modernisme radical, des passages purement bruitistes aux percussions, des mélodies qui se perdent entre les instruments trop distants. Comme la salle, très pleine, n'est pas vraiment silencieuse non plus, les cinq mouvements en quatre minutes passent sans qu'on les entende vraiment. Mauvaise programmation, ou mauvaise mise en scène.

Alban Berg - Altenberg-Lieder

J'avais mieux apprécié lors de leur découverte. La voix de la mezzo-soprano Anna Radziejewska ne me convainc pas plus, qui me semble comme engoncée. Mais l'orchestre, le Brussels Philarmonic - Orchestra of Flanders, me semble aussi un peu terne. Bref, ça n'opère pas, je reste sur le bord de la musique.

Claude Debussy - Jeux

Je crois que je n'aime guère cette musique, de toute façon. Elle divague et voyage, et mon esprit aussi, qui ne la rencontre que par hasard intermittent.

Igor Stravinski - Le Sacre du Printemps

Enfin je rentre dans le concert. Pas seulement parce que l'oeuvre est incontournable, mais aussi parce que cette interprétation est fameuse. L'orchestre belge aligne une section de bois absolument remarquable, qui dès le solo introductif brille, avec une souplesse et une assurance formidable. Ce qui est difficile avec le Sacre, c'est de ne pas se laisser emporter, ce qui conduit souvent ensuite à des sorties de route. Il faut garder la puissance sous contrôle, mais sans l'étouffer non plus ! Et Michel Tabachnik y parvient joliment ! Tout en relevant certains détails, comme ces pizzicatis aux violoncelles, il donne une version claire, évite les lourdeurs des charivaris, dans un tempo modéré qui ne s'emballe pas, et qui reste passionnant à écouter de bout en bout. Excellent !

Tzadik chante Gainsbourg (Salle Pleyel - 25 Février 2009)

En 1997, John Zorn invitait divers musiciens et chanteurs pour célébrer Serge Gainsbourg dans un disque Tzadik de la collection "Great jewish Music". Ce soir, certains reviennent, joints par quelques autres, pour renouveler l'hommage.

Cyro Baptista & Banquet of the Spirits

Si l'initial "Airport" offre un fort réussi détournement façon African roots, avec kora et trompette marine, le final "Là-bas, c'est naturel" finit un peu trop dans le n'importe-quoi, zappant d'ambiance en ambiance, sans faire sens.

Elysian Fields

"Les Amours perdues", tout engourdi et susurré, est presque envoutant. Mais quand ils accélèrent pour "Mister Iceberg", le charme s'évapore, et l'ennui s'installe. Enfin, leur version de "Bonnie and Clyde" semble bien trop facile. La chanteuse Jennifer Charles a du charisme, mais le groupe sonne fort limité, confiné dans un genre bien étroit.

Marc Ribot & Ceramic Dog

Là, par contre, respect. Accompagné par Eszter Balint à la voix, Ches Smith à la batterie et Shahzad Ismaily aux guitares percussions et électronique, Marc Ribot impose son talent (son génie ?) à la soirée, délivrant un "Black Trombone" cafardeux (quel texte ! "Black trombone / Monotone / C'est l'automne / De ma vie / Plus personne / Ne m'étonne / J'abandonne / C'est fini"), un "Hier et Demain" puissant qui sonne bizarrement comme un titre de Téléphone, pour finir avec "Un Poison Violent" extraordinaire, entre rock et blues, empli de rage, où la voix sans affect de Balint coupe droit. La performance de la soirée, sans conteste.

Sean Lennon

Reprenons Ribot Ches et Ismaily, mais pour accompagner Sean Lennon, Charlotte Muhl Kemp et Yuka Honda. Ca marche beaucoup moins bien. "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve" commence comme une copie désastreuse de la version Birkin, mais est partiellement sauvée à mi-parcours quand elle part dans une tout autre direction. "Comic-Strip" promet de jolies possibilités d'improvisations, mais elles sont coupés court par la fin très rapide de la chanson.

John Zorn et tous les musiciens

Pour terminer cette soirée en quart de teinte, tant les groupes successifs ne semblent là que pour balancer leurs trois chansons réglementaires, sans jamais enflammer la salle, John Zorn s'avance, ovationné, suivi de tous les musiciens de la soirée, pour une version de "Contact" où Zorn ne fait que , disons, chanter (bon niveau de français, cela dit !). Le nombre de musiciens ne permet de rien distinguer au niveaux des musiciens. Et puis c'est fini, malgré les protestations du public.

Ailleurs : Native Dancer

dimanche 22 février 2009

Schoenberg par Boulez - Uchida (Salle Pleyel - 20 Février 2009)

A moitié malade, j'ai la triste impression de ne pas avoir été à la hauteur de ce concert.

Arnold Schoenberg - La Nuit Transfigurée

Comme déjà dit, ce n'est pas exactement ma période préférée dans l'oeuvre de Schoenberg - ce romantisme dégoulinant nécessitait vraiment de trouver une nouvelle manière d'écrire de la musique ! Mais dans cette transcription pour orchestre, certains moments me plaisent bien : la polyphonie pleine d'ombres et de mystères du début, ou le presque silence avant la réponse de l'amant. En fait, dès que le travail thématique l'emporte sur l'orchestral, je m'ennuie.

Arnold Schoenberg - Concerto pour piano op. 42

Ah, Mitsuko Uchida ! Extraordinaire interprète de cette seconde école de Vienne ! Elle y met tout ce qu'il faut de romantisme sublimé, de sensibilité exacerbée, d'émotions et de plaisir. Chez Berg, qui planque toujours un peu des tonalités sous le dodécaphonisme, cela pouvait sembler plus simple, mais ici aussi elle fait vibrer cette musique avec une virtuosité de couleurs et d'émotions rare.
Le concerto est étrange, même s'il m'est bien plus simple d'abord que celui pour violon. Le piano attaque seul, rejoint par l'orchestre qui le suit un moment ; mais rapidement, le piano accélère, et les deux éléments semblent presque déconnectés, l'orchestre en reste à une sorte de valse défigurée, et le piano plonge vers le futur avec des passages massifs ou éclatés. Il y a deux cadences, moments intenses, où le rayonnement sur scène d'Uchida impressionne (certains mentionnent Argerich, mais je ne connais pas assez). Dans le dernier mouvement "Giocoso", elle en danse sur son banc !
Les deux disques "Boulez - Uchida" sont des indispensables, j'espère qu'il y en aura d'autres.

Arnold Schoenberg - Variations pour orchestre op. 31

Voilà une pièce où l'orchestre peut briller de mille éclats. Et dirigé par Pierre Boulez, l'Orchestre Philarmonique de Radio-France s'y lance avec bonheur. Liquidités translucides et frémissantes d'un lac de montagne, zéphyr balbutiant aux cordes, ciel chargé d'orages, cavalcade sous le soleil, les climats changent vite, dans les couleurs impressionnistes, et dans les densités, de solos, duos, aux quasi tutti orchestraux, passant en quelques mesures de la douceur d'une berceuse aux stridences dissonantes des cuivres et percussions. Magnifique.

Ailleurs : Zvezdo, Palpatine

lundi 16 février 2009

La photo numéro 6

Tiens, une chaine !
Je l'ai vu passer par ici, et repasser par là ...
Finalement, c'est Gilda qui me tague.

Donc, sixième photo du sixième dossier, en remontant.

Pour les photos "publiques" (celles que je mets sur Flickr), j'ai un système de classement fort simple : un dossier par mois. Donc, le sixième dossier est celui de Septembre, et la sixième photo en partant du bas est celle-ci :

le guetteur

Mais j'ai passé ce week-end à scanner des photos familiales (que je dépose également sur Flickr, mais sur un compte privé ...). Là je classe par pellicule. Sur la sixième dernière pellicule, la photo publiable proche de la sixième dernière (donc, sans personne dessus - d'une part j'ai de la famille un peu parano, d'autre part à chacun sa pudeur), c'est ça :

la villa La Pinta

C'est la maison où j'ai vécu jusqu'à 18 ans, à Manosque (04).

Refiler le bébé ? L'occasion de rappeler à Pascal qu'il possède aussi un blogue photo ? Et l'occasion de parler d'un assez nouveau blogue photo, avec des petits morceaux d'histoire autour, (...) (°) (...) (s'abonner en RSS pour ne pas subir la pub - scrogneugneu).

samedi 7 février 2009

EIC - Le Temps de la Danse (Cité de la Musique - 6 Février 2009)

Claude Debussy - Danses

Si je n'aime guère la "danse sacrée" (le double quatuor à cordes accompagnant de façon minimale une harpe qui force ses effets parce qu'elle n'a pas grand-chose à dire), la "danse profane" par contre me plait bien, couche de cordes sensuelle et syncopée, harpe virtuose et, pour le coup, dansante.

Unsuk Chin - Double concerto pour piano percussion et ensemble

A ma gauche un piano, dont une partie des cordes est préparée. A ma droite, un percussionniste qui navigue entre de nombreux claviers (et autres). Au milieu, un orchestre qui réagit comme un dispositif électronique, sans électronique. Les séquences s'enchainent, spectaculaires, vives et colorées, assez denses. Etre plein centre, et du coup bénéficier de la stéréo, aide à suivre le piano, peu audible depuis les tribunes.

Arnulf Herrmann - Fiktive Tänze, 2ème cahier

Un bel ensemble de vents (où les contrebassons et les trombones ténor-basse rivalisent dans les fréquences obscures) explore un même thème de quartes dans différents contextes. "Danse floue" semble jouée par un orphéon plongé dans de la vase, et qui joue un peu faux, tout décontenancé, sur une allure pataude. "Danse grossière" les trouve plus tard dans la soirée, ayant quitté leur marécage, et ayant pas mal bu pour se réchauffer ; c'est plus rapide et plus court. "Danse en spirale" lance plusieurs vagues successives, qui dessinent comme des plans successifs dans l'espace, formant en se combinant une figure peu déchiffrable. "Danse large" commence en passacaille fuguée, chaque instrument entrant à son tour, et se conclut par du mononote.
Le tout est abstrait, régi on le sent par des règles bien établies, mais sait garder une bonne dose d'humour. Compositeur à suivre !

Igor Stravinski - Ragtime

Petit apéritif de 5 minutes joyeusement bondissantes, avec cymbalum en soliste, avant ...

Igor Stravinski - Renard

... lui aussi avec cymbalum, mais plus enterré dans la masse du petit orchestre. Les mélodies pour les deux ténors et les deux basses, la manière d'agencer les voix et les instruments, l'aspect rythmique, me rappellent principalement les "Noces". J'imagine très bien des danseurs sautillant d'un coté de l'autre ; comme il y a aussi un argument scénique avec des gestuelles indiquées (le renard qui emporte le coq sous son bras, le chat et le bouc qui tue le renard ...), c'est étrange que ce matériel est si peu servi à chorégraphie !

Ailleurs : Zvezdoliki

mardi 3 février 2009

Alexandra Grimal Quartet (Le Duc Des Lombards - 2 Février 2009)

Comment se procurer le disque Shape dont parlait Damien ? Comme le site Web de Futura Marge ne brille guère par son intuitivité, et que la Fnac ne connait que son frère David, le plus simple est d'aller la voir en concert. Ça tombe bien, son nom apparait dans les plannings de Guy ! Zou, au Duc!
Je n'étais pas retourné au Duc des Lombards depuis leur réaménagement. On a peut-être perdu un peu du charme vieillot, mais on y gagne en confort et en place. On peut même y manger (bonne qualité, mais à des tarifs "club" bien sur ...). Service très accueillant. Et la formule d'un set à 20h (recommencé pour 10 euros de plus à 22h - mais je ne suis pas resté) me convient bien.

Bref. Ce soir, je retrouve presque la formation où j'avais découvert Alexandra Grimal il y a deux ans et demi : un quartet avec Nelson Viras à la guitare, et Dré Pallemaerts à la batterie. Par contre, le bassiste est remplacé par un organiste, Jozef Dumoulin, sur Fender Rhodes (Grimal / Pallemaerts / Dumoulin étant une autre formation habituelle de la saxophoniste).
Le son de cet ensemble se cantonne essentiellement à un registre médian, sans basse, et sans aigus excessifs non plus, puisque Grimal ne jouera que du ténor. Les rythmiques ne jouent pas non plus les murs du son, les morceaux se présentent comme des tranches sonores aux densités variables, et aux structures finement travaillées.
Au-dessus de la batterie scintillante et sèche de Pallemaerts, où résonnent beaucoup les cymbales et les caisses claires, Grimal lance les thèmes, d'un ténor à la sonorité souvent pleine de souffle, uniquement des compositions à elles, dont le déjà classique "Elks around", puis souvent se tait, pour laisser dialoguer Veras, aux mélodies rapides et précises, et Dumoulin, qui déborde du son Groovy de son instrument pour de courtes courses lyriques (qu'il accompagne de la voix, encore un chantonneur !). Leurs échanges, tranquilles et brillants, sont sans doute le point fort de ce concert. Grimal revient au bout d'un moment, dialogue aussi, avec l'un ou l'autre, se lance dans des solos moins intenses que parfois, tout restant sous contrôle (cela était annoncé dans l'introduction au concert : si la musique de "Shape" est très improvisée, celle de ce soir sera très écrite ; de fait, elle est plus ce soir compositrice et "animatrice", que soliste). Cela n'empêchera pas les moments de grande liberté de s'infiltrer, en particulier un solo de Pallemaerts où il réduit peu à peu ses effets, pour ne plus que tapoter à mains nues sur un tome ; Veras et Dumoulin propose quelques accompagnements, puis rapidement se taisent ; le batteur seul continue, proche du silence ; les verres lavés au bar, les commandes de la serveuse, font un contrepoint de musique concrète ; Grimal laisse le moment s'éterniser avant de sonner la fin de la récré. A l'autre bout du spectre des densités, il y a des chorus, où Veras en particulier montre une extraordinaire habileté (perfectionnée certainement auprès de Steve Coleman) à proposer des contrepoints harmoniques et rythmiques, jointant dans une texture jamais agressive les manipulations de Dumoulin et les envolées de Grimal.

Ah, et à la sortie, ils vendaient bien son disque. Une ambiance vraiment différente du concert de ce soir !

Edit : le concert était retransmis par TSF, et peut (je ne sais pas pendant combien de temps) être écouté sur leur site.

dimanche 1 février 2009

Yvonne, princesse de Bourgogne (Opéra Garnier - 30 Janvier 2009)

Vendredi soir, je suis allé à l'Opéra Garnier pour y voir la comédie tragique en quatre actes et en musique "Yvonne, princesse de Bourgogne", de Philippe Boesmans, sur un livret de Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger, d'après la pièce homonyme de Witold Gombrowicz (c'est ainsi que l'annonce le fascicule distribué en salle). C'était sans doute la première fois que j'entrais à Garnier. En lisant "amphithéâtre" sur le billet récupéré d'un blogueur voyageur indisponible (merci encore !), j'avais cru qu'il s'agissait d'une salle annexe et plus intime, comme à Bastille. Point du tout. A Garnier, l'amphithéâtre désigne les places du quatrième étage face. On voit parfaitement la scène, les sur-titres, et l'orchestre. Le son est excellent. Pour le confort ... au dernier rang, rester debout est une option intéressante.

Philippe Boesmans est un auteur d'opéra à succès. J'avais vu et j'ai acheté "Wintermärchen" (en partie parce qu'y joue Aka Moon, dont le leader a depuis transcris pour ensemble de chambre la partition de "La Ronde"), et je suis sur que cette nouvelle création attirera elle aussi son plein de spectateurs. Pourquoi ? C'est un opéra certes contemporain, mais qui raconte une histoire, et où les gens chantent. Et ce n'est pas si fréquent !

L'histoire ? On pourrait résumer ainsi :
Quand le prince rencontre Yvonne, si loin des clichés habituels des filles qui l'entourent, ni "femme libérée" ni "yeux révolvers", il flashe, forcément, espérant sans doute qu'elle le libèrera de l'ennui de la cour, de son grand coup de blues permanent. Vue sa position, il est assuré de son succès en amour, quand bien même cette relation ne serait qu'assymétrique. Mais elle n'est pas facile à dévierger, la Yvonne, une fois fiancée ; malgré les conseils de ses parents royaux ou de son vieux chambellan, et même dans le moelleux du lit, rien en elle n'est doux, surtout pas sa voix, quand elle consent à sortir de son quasi-constant mutisme : elle a le phrasé râpeux. Et ses si rares paroles sont effrayantes, qui réveillent des trucs pas très ragoutants, des secrets de famille mal enterrés. Alors le prince, victime d'une montée de sève pour une jolie servante, rêve de fenêtre ouverte et de se débarrasser d'Yvonne. Potion magique ? Accident préparé pendant le repas de Noces ? Il suffit finalement de quelques ingrédients (une portion de perche bien hérissée d'arêtes), et le problème est réglé : la pauvre fille meurt étouffée. Si la cour se réveille le lendemain la bouche pâteuse, un horrible sentiment de lâcheté pointant dans le coeur, cela sera certainement de courte durée, et la vie reprendra vite son cours habituel, un hideux secret à étouffer de plus.

Pour incarner Yvonne, Dörte Lyssewski réussit un mélange de la Thérèse d'Anémone et de la Louise de Yolande Moreau, avec peut-être un soupçon de Zouk ; pieds en dedans, corps mal tordu, mollesse exaspérante, absence absolue d'une quelconque forme de grâce féminine, la composition est extraordinaire.
Si elle ne chante pas (elle prononce à peine quelques phrases énigmatiques, que ses interlocuteurs tentent de déchiffrer en prophéties ou en révélations), les autres si. En premier lieu, magnifique ténor léger Yann Beuron, en Prince Philippe, que j'imaginerais bien en Aaron chez Schoenberg. J'ai aussi beaucoup aimé la voix de Hannah Esther Minutillo, en Isabelle, la servante dont le Prince tombe amoureux à mi-pièce.
Parfois, ça chante même trop. Qu'est-ce que c'est que ce récital de Mireille Delunsch, au troisième acte, où son personnage la Reine Marguerite clame des poèmes devant le rideau fermé qui nous prive des sur-titres ? Je n'ai rien compris à cet épisode, ni dans le scénario de la pièce, ni dans la mise en scène, ni dans la musique. C'est le seul vrai couac de la soirée.

A part ce passage, la musique est excellente. Ecrite pour un nombre réduit d'instruments (jouée par le Klangforum Wien, l'équivalent autrichien de notre EIC, dirigé par Sylvain Cambreling), elle est peu épaisse, fluide et éminemment changeante, liquide irisé ou drapure soyeuse, trop mobile parfois, les climats y changent très vite pour traduire toutes les actions et les sentiments exprimés sur scène, mais on aimerait parfois rester plus longuement dans certaines sections pour en gouter les subtilités d'orchestration ; mais pas le temps, ça avance à toute vitesse. Certains éléments reviennent régulièrement (trépidations au tuba, envolées au violon, une montée continue vers l'aigu), je ne saurais dire pour une analyse plus profonde des thèmes ou des tonalités.

Pour conclure, une excellente soirée ; pour les années prochaines, un Boesmans pourrait être envisagé dans la programmation des prosélytes lyriques !

Ailleurs : Corley, Palpatine