dimanche 14 juin 2009

Francesconi Berio (Cité de la Musique - 13 Juin 2009)

Luca Francesconi - Sirènes

Une quarantaine de musiciens sur scène (où les vents abondent, les rares cordes seront du coup amplifiées), en compagnie des hommes du choeur ; les femmes sont dispersées en petits groupes au-dessus du public. On retrouve un percussionniste et un trompettiste dans les étages. Comme si cette spatialisation des interprètes ne suffisait pas, on y rajoute de la diffusion électronique par l'IRCAM (nous sommes toujours dans le festival Agora).
Est-ce que me trouver sur les gradins latéraux aurait empêché aux charmes de cette oeuvre de se manifester correctement, l'équilibre spatial en étant bien perturbé ? Peut-être en partie. Le fait est que je n'ai pas du tout accroché. Même me focalisant uniquement sur l'orchestre, je trouve ces charivaris de cuivres et de bois bien lourds et confus, et assez répétitifs. Les parties chorales m'intéressent plus, mais sans marquer vraiment non plus. Une grosse demi-heure, globalement assommante.

Luciano Berio - Coro

Voilà une pièce géniale, mais sans doute fort complexe à mettre en place. Musiciens du Brussels Philarmonic Orchestra of Flanders et choristes de la Radio Flamande se mélangent sur scène. Interviewé il y a quelques jours sur France-Musique, Michel Tabachnik expliquait (outre qu'il avait reçu la partition de Francesconi uniquement la semaine précédente, écrite à la main et difficilement lisible, et en plus mal photocopiée, ce qui faisait que certains accords de quatre notes devaient être dévinés sous des taches d'encre ...) que chaque membre du choeur devenait partiellement soliste, ce qui représentait un gros défi. Mais il y a aussi des questions d'équilibre général, entre les épisodes chambristes où quelques voix accompagnées de leurs instruments associés évoquent des chants traditionnels venus du monde entier revus et transformés à la sauce Berio, et les épisodes "Pablo Neruda" où les tutti clament l'horreur et la violence du monde ("Le jour livide paraît / avec une déchirante odeur de froid / avec ses forces en gris / sans grelots / dispersant l’aube goutte à goutte / de toutes parts / cerné / de pleurs // vous demanderez pourquoi cette poésie / ne nous parle-t-elle pas de rêves, de feuilles, / des grands volcans du pays natal ? / Venez voir le sang dans les rues").
Le début me fascine : piano sombrement romantique, plusieurs femmes prenant le relais, chaque voix très caractéristique (alors que le travail choral gomme habituellement ces différences dans le son collectif). Le premier tutti est impressionnant, en vagues puissantes. Mais curieusement, j'ai du mal à retomber dans l'écoute des chants suivants. Plus qu'un patchwork de petites communautés célébrant leurs cultures, que submerge de temps en temps la violence et la révolte commune, je n'entends plus qu'un déferlement des vagues plus ou moins intenses. En quelque sorte le problème inverse de la fois précédente où j'avais entendu cette pièce en concert, David Robertson y ayant privilégié l'aspect folklorique et décoratif. Je ns sais pas si c'est lié à l'interprétation de Tabachnik, à ma position dans la salle, ou à mon humeur du moment.

Ailleurs : Corley

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