jeudi 25 juin 2009

Johanne Saunier - Erase-e (X) (Théâtre des Abbesses - 24 Juin 2009)

Salle encore allumée et public finissant de s'installer, Johanne Saunier arrive sur scène en tenue d'échauffement, et danse une séquence de Keersmaeker, qui sera à l'origine de ce projet "Erase-e (X)", suite de variations confiées à des chorégraphes successifs, chargés d'effacer la phrase chorégraphique initiale sous leur propre réinterprétation. C'est une séquence assez neutre, avec de grands mouvements de bras et des rotations, puis des chutes, des roulades, etc., du matériel habituel de danse contemporaine.

Partie 1 : The Wooster Group
Les mouvements sont beaucoup plus saccadés, presque violents, ponctués de reniflements et d'essoufflements. En fond sonore, "Le Mépris", la musique de Delerue, le dialogue Bardot-Piccoli. Le début purement dansé me plait beaucoup, mais cela s'enlise un peu par la suite. Progression dramatique, avec des résonances psychologiques, entre la danseuse et Bardot. Mais cela ne fonctionne pas complètement. Elle a des boitiers attachés aux bras dont je ne comprends pas l'intérêt. Il y a des apostrophes vers les techniciens qui brisent le quatrième mur sans raison. Ca finit par tourner un peu en rond.

Partie 2 : Anne Teresa de Keersmaeker
Musique indienne percussive, qui entraine la danseuse dans des tournoiements énergiques et fort plaisants. Très bien. Bien mieux que son Raga. Et puis coupure, et passage à "Jolene" de Dolly Parton. Le passage de l'un à l'autre me laisse fort dubitatif, surtout que la chorégraphie aussi perd beaucoup de force et d'intérêt (étrangement, je comprends mal le texte, au lieu de "I can easily understand / How you could easily take my man / But you dont know what he means to me, Jolene", j'entends "I can easily understand / How you could easily take my name / But you dont know what it means to me, Jolene" - au lieu d'une femme demandant à une rivale de lui laisser son homme, j'entends une femme supplier qu'on lui laisse son nom parce que ce nom "Jolene" est vital pour elle - ce qui explique pourquoi elle le répète encore et encore comme une litanie).

Partie 3 - Isabella Soupart
Saunier est rejointe par Charles François, qui joue une sorte d'agent de sécurité chargé de protéger cette danseuse dont il ne comprend pas du tout les attitudes et les réactions. Il se confie à un téléphone portable, parle en signes d'une précision exacerbée jusqu'au comique, répète des "OK OK OK" jusqu'au hoquet, tandis qu'elle minaude et finit par le séduire. Amusant, et lui dégage une belle présence à la fois athlétique et poétique.

Partie 4 - Kurt d'Haeseleer
Une caméra est installée qui filme Saunier rampant à terre et insère son image dans une vidéo projetée au-dessus de la scène. Si la musique est celle de "Mulholland Drive", l'atmosphère évoque aussi "Lost Highway", et d'autres liens avec l'univers Lynchien. Il y a des renvois d'une partie à l'autre, par les mouvements bien sur puisque qu'ils viennent tous plus ou moins visiblement de la même séquence initiale, mais d'autres apparaissent, comme ici ce paysage vu en surexposé dont on ne sairt s'il est enneigé ou brulé de soleil, alors que Charles François disait dans la partie précédente "elle est belle comme un paysage en été ; elle est belle comme un paysage en hiver". Néanmoins, comme pour toutes les parties, une fois l'atmosphère bien implantée, il y a comme du remplissage, c'est à chaque fois un peu trop long.

Partie 5 - Georges Aperghis
Je n'aime guère le théâtre expérimental musical d'Asperghis, ce soir ne sera pas une exception. Deux danseuses, Anna Massoni et Julie Verbinnen, viennent rejoindre Johanne Saunier, et tout en dansant elles débitent un texte formé de mots répétés et variés qui doit être épouvantable à apprendre, et crée un tapis intéressant mais là encore rapidement lassant.

Partie 6 - Johanne Saunier
Je commence à avoir du mal à rester attentif. Surtout que dans cette partie il ne passe plus grand-chose. Quelques poses, des passages d'une danseuse à une autre. Fatigue.

Beaucoup de bonnes choses dans ces deux heures, mais un brin d'élagage n'aurait pas fait de mal ...

Ailleurs : Palpatine, FroggyDelight

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