jeudi 3 septembre 2009

Ornette Coleman Quartet (Grande Halle de la Villette - 2 Septembre 2009)

Bunky Green

En première partie, Bunky Green entraine un quartet presque français. L'ouverture est d'un classicisme total, un thème bop au saxo, un accompagnement discret au piano, une base rythmique batterie contrebasse solide et carrée. Les improvisations de Bunky Green offrent un peu plus de modernité, avec des contours volontiers anguleux, une architecture un peu échevelée, des sursauts dans l'aigu qui le secouent. Mais je préfère le son presque tremblant qu'il utilise dans les balades. Lorsqu'il a terminé son solo, il passe presque systématiquement la main au pianiste Eric Legnini, qui se lance dans des courses aussi inextinguibles et rafraichissantes qu'une source pure jaillissant des montagnes, mais à la longue aussi insipides que de l'eau plate. Après un premier solo de contrebasse réussi, Mathias Allamane se lance dans un second franchement peu captivant, que Green interrompt au bout d'un moment, ouf. A la batterie, Franck Agulhon reste d'abord bien sage, mais quand on lui en laisse l'occasion, s'installe dans des boucles pleines d'une belle énergie colorée, qui me font penser à celles que Idris Muhammad mettait en place pour Ahmad Jamal.
Au final, une session intéressante, mais pas vraiment enthousiasmante, du bon Jazz mais guère plus.

Ornette Coleman Quartet

Le début est une claque : unissons bruyants, coupures soudaines. Une belle façon de s'imposer. Depuis il y a cinq ans, Ornette Coleman utilise la même formation, et pratiquement le même personnel. Seule la contrebasse de Greg Cohen a été remplacée par la basse électrique de Al Mac Dowell. Celui-ci utilise cette basse comme une guitare acoustique, en accompagnant parfois au plus proche le saxo, parfois étant le seul à rappeler régulièrement le thème de départ. Un jeu subtil et élégant. De l'autre coté, Tony Falanga alterne entre main et archet, entre pizzicati alertes, et ondulations aux harmonies flottantes. A l'arrière, Denardo Coleman boxe les futs et les cymbales avec une rage maitrisée, il semble parfois complètement décalé puis se retrouve pile poil placé, il donne un tempo en apparence élastique et flou, mais qui est rigoureux dès qu'il faut, c'est vraiment surprenant. Enfin, au centre, Ornette, qui ne peut plus guère bouger de son haut tabouret, qui parfois abandonne son saxophone pour pousser quelques notes à la trompette, entre gémissements plaintifs et chants de cétacés, ou pour chevroter au violon quelques stridences intimes. Mais l'essentiel se passe au saxo, où il a gardé la même assurance dans les explorations aventureuses, dans les digressions harmolodiques, dans les chantonnements sans contraintes. La première demi-heure est intense et formidable, avec une juxtaposition des discours des quatre joueurs qui sont parfois en phase et parfois moins et ça fait alors des petites frictions fort intéressantes. Après quoi, on retombe sur du plus classique. Denardo s'assagit, les morceaux prennent des allurs plus normales, avec des thèmes de blues plus marqués. Un peu dommage, mais bon, ça reste d'un excellent niveau ! En bis, bien sur, "Lonely Woman". Puis il va serrer les mains du public, signer des autographes, limite bain de foule, une vraie star !

Ailleurs : Gromit, Damien, Thierry Quénum, Philippe Carles, Guy.

2 commentaires:

ptilou a dit…

je l'avais vu (Ornette) avec Geri Allen au piano dans la salle de la Villette, il y a près de 5 à 10 ans peut-être...

Un autre cpte rendu de ce concert sur Jazzitude :
http://jazzitude.forumactif.com/les-concerts-f1/les-comptines-a-ornette-t3316.htm?highlight=ornette

bladsurb a dit…

Merci pour le lien !