lundi 1 février 2010

Lemi Ponifasio - Tempest : Without a Body (Théâtre de la Ville - 30 janvier 2010)

Des affichettes dans le hall prévenaient : le volume sonore serait élevé durant la première minute. Mais quand les lumières d'un coup s'éteignent et que rugissent les turbines à faire trembler les sièges, le sas sensoriel est quand même brutal. On se retrouve ensuite face à une sorte de cérémonie, peut-être exorciste, obscur aussi bien d'un point de vue visuel (la scène est assez peu éclairée, ce qui permet au monolithe planant au-dessus du sol de découper de belles formes d'ombres, et ce qui donne lieu à une étonnante et vaguement angoissante apparition de mains et de têtes sans corps avant qu'ils ne s'avancent), que par rapport à la compréhension du discours. Le livret explique heureusement comment appréhender cet ange hurleur qui erre hagard : il fallait connaitre l'interprétation que fit Walter Benjamin du tableau "Angelus Novus" de Paul Klee ... C'était pas évident ... De même pour le grand portrait projeté d'un homme arrêté pour soupçon de terrorisme ... Et les choses s'aggravent lorsqu'un politicien indépendantiste samoan récite un discours sur la condition de son peuple, en samoan, non traduit, et que lui répondent depuis la salle des spectateurs, que seule la lecture du Monde permet de savoir envoyés par l'ambassade à Paris de la Nouvelle-Zélande !
Passés ces éléments laissés par le chorégraphe volontairement incompréhensibles (de l'étranger qui reste délibérément étranger), et quelques passages qui auraient pu être fortement raccourcis (la ronde à quatre pattes, principalement), il reste un spectacle volontiers fascinant, où des hommes à l'allure de moines guerriers glissent sur le sol en pas chassés et moulinent des bras en claquant des mains et parfois murmurant, où un homme quasi nu rampe sur une table vitrée, où un autre finit par se briser du parpaing sur la tête pour finir sur une image de désolation, sol couvert de gravats sous un monolithe dangereusement penché et teinté de sang.



Ailleurs : Libération, Le Monde, Laula

Aucun commentaire: