vendredi 21 mai 2010

Gregory Maqoma - Beautiful Me (Théâtre des Abbesses - 19 Mai 2010)

Habitué du Centre National de la Danse, c'est la première apparition de ce Sud-Africain au Théâtre de la Ville ou des Abbesses. Gageons que ce ne sera pas la dernière.
C'est un solo, quoiqu'il soit bien accompagné : par des musiciens sur scène (violon, violoncelle, percussion, cithare indienne) qui après une inquiétante introduction au violon seul qui tient une note immuable plusieurs minutes, donne de l'excellente musique, rythmée et colorée, très dynamique quand le percussionniste se lance, et variée dans ses couleurs par les instruments qui n'ont pas peur de changer de rôle, violon et cithare étant parfois utilisés comme des guitares ; par des collaborateurs dans la création plusieurs fois évoqués dans les discours du danseur, Vincent Mantsoe qui semble très proche des préoccupations et de la démarche de Maqoma, Faustin Linyekula, Congolais, qui élargit la vision de l'Afrique, et Akram Khan, dont le seul nom a certainement contribué à remplir la salle.
Comme dans le cas de Khan, il s'agit de concilier "une danse traditionnelle à des influences contemporaines" (dixit le livret à propos de Mantsoe). Cela donne un langage très structuré, précis et rapide, où dominent la verticalité du corps, les bras arrondis et les pieds tambourinants.
Le spectacle d'une heure est divisé en "dialogues" successifs, sur-titrés ; un appel à son père, en xhosa, où il explique qu'il est un paon, et qu'il vole ; puis le reste en anglais, des considérations sur la difficulté de nouer avec ses racines historiques, quand elles sont marquées par des noms honnis du colonialisme ou de l'apartheid.
Ces discours, parce qu'ils sont bien écrits, et qu'ils ne négligent pas l'humour, voire le cynisme, se marient tout à fait bien avec les séquences de danse. De la bonne musique, de la belle danse, et des paroles pour faire réfléchir, c'est un spectacle rondement mené, et de la belle ouvrage. En final, il demande au public de répéter avec lui la lettre "r", qui lui donnait tant de mal sous les injonctions paternelles, ce qui fait qu'il ne pouvait prononcer correctement son propre prénom ...

gregory maqoma

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