mercredi 27 octobre 2010

Planning Novembre - Décembre 2010

Voilà une fin d'année assez chargée ... Surtout que j'aimerais bien y ajouter quelques concerts de Jazz !

lundi 25 octobre 2010

Diederik Wissels - Anne Paceo (La Dynamo - 22 Octobre 2010)

Diederik Wissels - piano solo

A sa façon d'égrener quelques notes à peine, puis d'en tirer des lignes et un discours, j'ai cru un moment que ce jeune homme timide, qui ne dira pas un mot au public, allait partir pour une improvisation totale. Mais non, ce sera une suite de morceaux bien définis. On sent les influences, Keith Jarrett d'une part, et la musique classique, française, d'autre part. Subtilité des couleurs tonales, qu'il sait soudain altérer comme d'un changement d'éclairage, beauté simple des mélodies, élégance des climats, nostalgie ici, mystère ensuite. Pas de martèlements spectaculaires, pas de cavalcades effrénées, pas de rythmiques endiablées, pas d'exploration bruitiste aux frontières du silence, mais des plages de musique posées, un peu trop sages sans doute, mais très agréables, poétiques sans esbroufe, délicates, doucement rayonnantes.

diederik wissels solo

Anne Paceo - trio Triphase

Comme Anne Paceo le dira entre deux chansons, les deux disques successifs de ce trio, "Triphase" enregistré en 2008 et le tout nouveau "Empreintes", ne se ressemblent guère. Ils s'élancent plus physiquement dans la musique, remplissent l'espace d'une matière plus dense. Mais reste primordiale la notion d'équilibre et d'échange. Les solos sont très partagés, entre la batteuse Anne Paceo, le contrebassiste Joan Eche-Puig, et le pianiste Leonardo Montana. Un trio bien triangulaire, donc, où ils se laissent bien des espaces, et s'y investissent sans peur ni reproche, s'amusant et nous emportant dans leurs voyages complices.

Dans cet équilibre, le jeu sans grande originalité de Montana, est un atout, qui l'empêche de monopoliser l'attention. La basse à la fois ronde et forte de Eche-Puig soutient efficacement les morceaux moins simples que sur le premier album, et les décore de courts solos bien réussis. Enfin, Anne Paceo est beaucoup plus présente que lors des derniers concerts où je l'avais vu, toujours aussi gourmande et extatique quand elle joue, et se lançant joyeusement dans de flamboyantes démonstrations, à la baguette, mailloche, main nue, ou balai (qui servira aussi de percussion, juste en fouettant l'air). Elle présente les morceaux, fait sa pub, le tout très naturel et spontanément charmant.

Et puis, une jolie surprise au cours du set. Si "empreintes" déjà précise "anne paceo - drums, voice", il ne s'agissait encore que d'un accompagnement à la voix, sans mots, et en arrière-plan. Rentrée de Birmanie, elle a cette fois écrit une vraie chanson, "Smile", un texte peut-être un peu trop direct et naïf, une voix qui n'est pas celle de Youn Sun Nah, mais c'est un beau moment, qui après la filiation Elvin Jones, donne celle d'Aldo Romano ...

anne paceo trioanne paceo trio

Spotify : Je ne comprends pas la politique du label Laborie par rapport à Spotify. Ils y ont un temps publié tous leurs albums, mais en ont retiré désormais quasiment tous le Jazz. C'est d'ailleurs également le cas pour "Plus Loin Music" ou "Yolks Records". J'espère que ce revirement n'est que temporaire.

samedi 23 octobre 2010

Bojan Z Tetraband (La Dynamo - 20 Octobre 2010)

Encore une salle de proche banlieue découverte, cette fois grâce à Klari. J'avis déjà vu le Tetraband de Bojan Z à Pleyel, mais j'étais trop fatigué pour apprécier. Le problème est que cette fois, quoiqu'en forme, je n'apprécie guère non plus. C'est indéniablement la formation la plus "rock" de Bojan Z. Et j'aimerais qu'il revienne à plus de Jazz ...

bojan z tetraband

L'espace sonore est quelque peu saturé par la basse de Ruth Goller, qui potard bien poussé vers le max, délivre une sacrée énergie alors même qu'elle ne fait qu'effleurer les cordes. Du coup, quand elle y ajoute des effets, cela fait beaucoup de bruit.
Le batteur Seb Rochford aussi cogne dur et fait feu de tous futs et cymbales. Non pas qu'il ne sache être calme, la plupart des morceaux commencent en température douce. Mais le tout s'échauffe rapidement, dans des déferlements de rythmes binaires bien nourris, ou dans des passages plus Free, où tous les protagonistes balancent leur musique partiellement désynchronisés.
Alternant ou le plus souvent jouant simultanément du piano et du synthétiseur, Bojan Z martèle, virevolte, lance et relance la machine. Mais pour dire quoi ? L'influence balkanique est devenue plus souterraine, et le groove Jazz presque absent. De l'énergie Rock, oui, mais guère d'émotions. Et le tromboniste Josh Roseman ne compense pas.
Du coup, on a des morceaux qui étalent leur architecture sur souvent plus d'un quart d'heure, mais en présentant un aspect très compact, sans aération, sans souffle, impressionnants plus qu'envoutants, qui me laissent dehors, ne m'emportent jamais.
Il y a de jolis dialogues entre piano et trombones, des solos intéressants aux claviers, mais il me manque cette sensation d'être absorbé et amené ailleurs ; là, je reste bien dans la salle à les regarder jouer, à admirer parfois, à m'ennuyer sinon, et à subir cet assaut sonore qu'ils partagent plus entre eux qu'avec le public.

Ailleurs : Klariscope
Spotify : Bojan Z en solo - Solobsession, en trio - Transpacifik, en Tetraband - Humus.

mardi 19 octobre 2010

Dmitri Chostakovitch - Les Joueurs, Le Grand Eclair (Cité de la Musique - 16 Octobre 2010)

Dmitri Chostakovitch - Les Joueurs

Cet opéra, écrit en 1941-1942 (juste après la 7ème symphonie) restera inachevé parce que promettant d'être trop monumental, Chostakovitch refusant d'effectuer des coupures dans le texte de Gogol. C'est agréable à écouter, mais pas inoubliable : un peu trop conventionnel d'un coté, pas suffisamment émouvant de l'autre. On n'est donc ni dans "Le Nez", ni dans "Lady Macbeth de Mzensk". Même la balalaïka s'avèrera moins pittoresque que dans "le Nez".
Peu de place pour la mise en scène, vue l'étendue de l'orchestre, mais les chanteurs (il n'y a pas de chanteuses) arrivent quand même à mettre une belle animation, impliquant le chef d'orchestre Dmitri Jurowski dans leur jeu. Dans les six solistes du centre Vischnevskaya, si les deux basses ne me touchent guère, les ténors (Oleg Dolgov, Maxim Sazhin) et les barytons (Yuri Salzman, Konstantin Brzhinsky) m'impressionnent par leur velouté et leur puissance bien dosés, et des moments de quatuor brillent splendidement. Et puis, il y a une sensation de plaisir sur la scène, partagé entre les chanteurs, le chef, et l'Orchestre du Conservatoire de Paris, qui envahit rapidement également la salle.

Dmitri Chostakovitch - Le Grand Eclair

Si le livret des Joueurs était trop lourd, celui du "Grand Eclair" est trop léger, une suite de scènes qui se veulent amusantes ou sarcastiques, mais ne possèdent aucune profondeur, ni lien. Du coup, là encore, Chostakovitch laissera l'ouvrage inachevé.
Pour agrémenter la musique elle aussi bien mince, on a droit à des extraits de films muets diffusés sur le grand écran tendu au-dessus de la scène. Plaisant, mais définitivement anecdotique.

sous le portrait du maître

samedi 16 octobre 2010

Prokofiev - Gennady Rozhdestvensky (Cité de la Musique - 14 Octobre 2010)

Si la salle est si pleine, ce qui en ce début de saison est plutôt rare, c'est bien pour le maestro Gennady Rozhdestvensky. Mais tout de même, un tel panégyrique introductif, avec extrait de film "Notes interdites" de Bruno Monsaingeon, puis longue présentation des oeuvres de la soirée par le chef d'orchestre lui-même, avec traduction un brin poussive, c'est un peu lourd. Au bout de 20 minutes, la Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken-Kaiserslautern s'installe enfin, et la musique commence.

Sergueï Prokofiev - Symphonie n°2

Voilà un concert qui aurait mieux eu sa place dans la salle philarmonique. L'orchestre plantureux déborde largement sur la salle. Et quand les cuivres se lancent, l'acoustique de la salle a du mal à les digérer. Les stridences violentes et les superpositions tonitruantes du premier mouvement écrasent tout sur leur passage. Ca ressemble à du Chostakovitch, mais sans la couche de désespoir. Le deuxième mouvement plus en douceur passe mieux. Certains passages de bois et cordes, qu'ils évoquent un paysage hivernal de forêts et de lacs plongés dans une brume neigeuse, ou se fondent dans les pages finales en une tendresse tranquille, sont très beaux.

Sergueï Prokofiev - Concerto pour violon n°2

Le père se met au service du fils, Sasha Rozhdestvensky, dont le violon reste bien en avant de l'orchestre. Belle technique. Musique gentiment virtuose pour le soliste, joliment colorée pour l'orchestre, mais un brin trop plaisante, et écrite pour être plaisante, pour pouvoir me plaire vraiment (y manque, sous le sucre, une nécessité plus impérieuse).

Sergueï Prokofiev - Le Pas d'Acier

Musique cinématographique, pleine de couleurs et de mouvements.

Ailleurs: ParisBroadway
Le concert (du moins son début, ça coupe brutalement en plein milieu du concerto !) est visible sur ArteLiveWeb.
Spotify: Les symphonies par LSO/Gergiev, par Berliner/Osawa ; les concertos.

mardi 12 octobre 2010

Brendel - Aimard (Théâtre des Champs-Elysées - 10 Octobre 2010)

écouter

Voilà un spectacle peu banal. Prenons Alfred Brendel, mais installons-le derrière une table, pour réciter des poèmes de sa composition. Pourtant, il y a bien un piano dans la salle. Mais c'est Pierre-Laurent Aimard qui s'y colle, pour y jouer du Ligeti et du Kurtag, entre les poèmes. Curieusement, le livret parle de deux recueils, l'un écrit en anglais, l'autre en allemand, et les textes qu'il présente en français sont indiqués comme traduits de l'allemand. Pourtant, Brendel les lira en anglais ! Et entre la version entendue et celle écrite existent de multiples différences, parfois assez surprenantes ! Pourquoi écrire "Charlemagne" quand il dit "Attila The Hun", parfois "sur le gazon" au lieu de "in the roses", quand ce n'est pas carrément des morceaux de phrases qui manquent, d'un coté ou de l'autre ! A se demander si Brendel n'improvise pas en partie ! Il faut dire que ses poèmes valent plus pour les histoires qu'ils racontent, entre humour cynique et surréalisme vachard, que pour leur qualité littéraire particulière. Il les récite, en anglais donc, avec un accent germanique assez prononcé, et une gourmandise distanciée de bon aloi.

L'accompagnement musical est assuré par Pierre-Laurent Aimard, non seulement dans les interprétations au piano elles-mêmes, mais j'en suis persuadé dans le choix aussi des morceaux et leurs agencements. On y sent sa passion de la pédagogie, son intelligence du propos ou du décalage. Pour commencer, quoi de mieux que le "Musica Ricercata 1" de Ligeti, cette note unique répétée sur tous les octaves, s'achevant en accords tonitruants pour accoucher d'une deuxième note ? Après un poème expliquant que c'est Beethoven qui, déguisé en Saliéri, a assassiné Mozart, parce que ce dernier avait percé le grand secret de Beethoven, qui est qu'il était noir, et qu'il en avait profité pour voler la tonalité de Do mineur, après ce poème donc, quoi de mieux que le "Prélude et Valse en Do" de Kurtag ? Je crois que je n'ai jamais autant apprécié Kurtag que ce matin, où les pièces extraites de "Jatekok" sonnaient insolentes et brillantes, épurées et grinçantes. C'est parfois entre les pièces qu'Aimard tisse des liens, en enchainant par exemple la "Colonna infinita (étude 14)" de Ligeti et le "Jeu avec l'infini" de Kurtag. Et certaines idées sont encore plus surprenantes, comme de faire naitre la deuxième partie des "Touches bloquées (étude 3)" de Ligeti à partir d'une trille de la sonate 111 de Beethoven.

Certaines pièces ne peuvent s'apprécier qu'en concert. Comme ce "Avec nonchalance", où le pianiste, qui avait précipitamment quitté la scène peu avant en claquant une porte, revient vers le clavier en minaudant, démarche lunaire, qui ose à peine frôler quelques touches de piano, avant de le parcourir en de bruyantes traversées de gammes. Ou cette "Pantomime (querelle 2)" qui ne comporte qu'une note, après laquelle les deux comparses se regardent fixement dans un dialogue muet genre "c'est tout ? ben oui".

Parmi les quelques centaines de personnes présentes dans la salle, certaines partent en cours de route, sans doute déroutées par la nature même du spectacle dont elles auraient mal lu la description. J'y ai pour ma part pris beaucoup de plaisir, à y entendre quelques études de Ligeti, qui jouées par Aimard sont toujours aussi formidablement lumineuses, à y découvrir les jeux de Kurtag, à me délecter de la complicité des deux pianistes et de leur humour.

Ailleurs: Musica Sola, grace à qui j'ai profité de ce concert de matinée
Spotify: Kurtág, Bach: Játékok, Ligeti: Études; Musica Ricercata, Beethoven: Sonates

lundi 11 octobre 2010

Robyn Orlin - Waiting Next to Our Shoes ... (Théâtre de la Ville - 7 Octobre 2010)

Le titre complet est la juxtaposition de trois propositions :
- "Waiting Next to Our Shoes" fait référence aux travailleurs noirs Sud-Africains qui devaient se déchausser pour entrer dans leurs hôtels
- "Intoxicated by Strawberries and Cream" fait allusion à l'excès de gourmandise sexuelle et au sida
- "We Enter Continents Without Knocking" parle des émigrés Sud-Africains qui ont du mal à se faire une place.

La pièce est écrite en collaboration avec le groupe zoulou "Phuphuma Love Minus", danseurs et chanteurs Sud-Africains qui perpétue la tradition du Isicathamiya, et se compose d'épisodes bien distincts, comme des sketches en partie improvisés :
- un spectateur se fait enlever ses chaussures, avec lesquelles toute la troupe s'amuse
- une diva plantureuse à la voix grave et un petit râblé à la voix androgyne se livre un duel vocal (que le gars gagne)
- on a droit à une coupure pub, où toujours le même gars raconte je ne sais plus trop quoi (entre autre que Orlyn se prend trop au sérieux)
- une chorégraphie où ils s'amusent avec des plumeaux roses
- etc.

Il y a une force vive très présente, et qui peu à peu gagne les rangs, forcés d'interagir, on trimballe des papiers de la scène à la régie, les danseurs montent et descendent au milieu des spectateurs, on se lève et on se rassoit sur ordre ...
Le salut final n'en finit pas, des spectateurs finissent par monter sur la scène pour danser avec la diva, c'est naturellement gai et entrainant.
Sous les chants rythmiques, on sent les allusions politiques, sans pouvoir tout décoder, une souffrance collective mais transformée en plaisir d'avoir survécu et de pouvoir le chanter et le danser. Aucune mièvrerie, donc, dans cette joie.

salut

Spotify : Ladysmith Black Mambazo - Shaka Zulu

samedi 9 octobre 2010

Borowski Kyburz Jarrell (Cité de la Musique - 5 Octobre 2010)

Johannes Boris Borowski - Mappe

Cette oeuvre d'un jeune compositeur (né en 1979) se découpe en grosso modo trois parties : une longue introduction pleine de vivacité et de couleurs contrastées, puis une suite de courts mouvements excellemment différenciés et caractérisés, comme des notes et des souvenirs réunis dans le carton évoqué par le titre, et une longue conclusion moins réussie.
Par le hasard d'un remplacement du à la disparition de quelques rangées de siège, je me retrouve au premier rang, presque central ; il y a du coup des effets de spatialisation très surprenants ! Belle pièce, donc, compositeur à suivre !

Hanspeter Kyburz - Concerto pour piano et orchestre

La mise en place de deux pianos, le soliste au centre, et un acolyte dans le cercle de musiciens l'entourant, donnera lieu à un ballet de techniciens particulièrement long et complexe.
Encore une très belle pièce de Kyburz, qui depuis qu'il s'approche d'une forme de classicisme revisité, me plait beaucoup. Il y a ici tout le matériel habituel du concerto pour piano, virtuosité, dialogues et confrontations, cadences, mais redistribué et manié de sorte à rester surprenant et accrocheur. Trois mouvements, vif/lent/vif. Pas mal de musiciens invités. Hideki Nagano brillant, enthousiaste et enthousiasmant.

Michael Jarrell - Music for a While

Cette pièce déploie lentement ses méandres paresseux. C'en est même un peu mou, surtout par rapport aux deux premières pièces.

Michael Jarrell - La Chambre aux échos (mouvements I et II)

Le compositeur explique dans le livret avoir "tenté d'effectuer un travail, d'un côté, sur la mémoire, et de l'autre, sur une introspection de ce que pourraient être les sentiments et leurs causalités." Ca ne m'a guère laissé de souvenirs, en tous cas, sinon une pièce contemporaine assez lambda, avec des moments forts en rythmes, des couleurs orchestrales intéressantes, mais rien qui ne me prenne vraiment l'oreille.

Spotify: Michael Jarrell - Music for a While