dimanche 16 janvier 2011

Joëlle Léandre, Vincent Courtois (Le Triton - 14 Janvier 2010)

Une contrebasse et un violoncelle en duo, ce n'est pas si fréquent. Cette rencontre a lieu dans le cadre des "60 flammes" de Joëlle Léandre, une série de 60 concerts organisée pour fêter ses 60 ans.

léandre courtois

C'est la première fois que ces deux-là sont sur scène ensemble, et comme elle est arrivée fort tard, il n'y a eu presque aucune préparation. Mais elle a suffisamment de bagage en improvisation, et lui en adaptation tout-terrain, pour pouvoir se lancer ainsi, et nous proposer de la fort bonne musique.
Question énergie, c'est elle qui conduit. Un flux presque sans pauses de magma harmonique, d'embrasements rythmiques, où flottent des mélodies, qu'il capte, exprime, accompagne. Ils font bien attention à ne pas se marcher sur les pieds, cherchant le complément et non l'imitation, même si les échos plus tard, reprise d'une idée, d'une sonorité, d'un type de jeu, sont autorisés. Il trouve peu à peu plus de place, et elle lui laisse peu à peu plus la parole, même si on ne peut pas parler d'équilibre (mais échange, oui ! Elle n'est ni dictatoriale, ni réfractaire à l'écoute, juste particulièrement débordante de musique, et très habituée aux improvisations en tous genres).


vincent courtois joëlle léandre

Le concert s'organise en séquences d'une vingtaine de minutes, plus ou moins conclue par un épisode où Léandre se met à chanter, psalmodie de prêtresse chamanique, parodie de chant funèbre interminable d'une héroïne d'opéra dramatique (avec jeu de scène impressionnant, maladie, chute, effondrement, agonie, puis résurrection lente), ou encore scat délirant sur des mots et des syllabes ("salopiauds, tout ça").

Il y aura beaucoup plus d'archet que je ne pensais a priori, parfois utilisé à l'envers, bois frottant les cordes ; des passages en percussions, ou utilisant des parties inhabituelles des instruments, la pique, les attaches des cordes, etc. ; Courtois utilisera un moment deux archets ; mais globalement, frotter les cordes avec le crin (qui en sera bien fatigué !) et pinçant les cordes de l'autre main restera le mode privilégié. Cela suffira à parfois faire entendre un instrument comme électrifié (par un jeu tout en double corde), parfois proche d'une vielle (en sons crissants et répétitifs). Le tout avec beaucoup d'humour, d'énergie, et de plaisir.

A la fin, Courtois commence à démonter son violoncelle, jouant sans la pique (résonance plus grave !), puis détachant une corde, laissant tomber une clé. Après ça, c'est sur, il n'y aura pas de bis supplémentaire !

Spotify: Joëlle Léandre – Live In Israel, Vincent Courtois + Ze Jam Afane – L'homme Avion, Jean-Pierre et Marie Mouhaud – Départ (un disque mêlant improvisations contemporaines, et pièces baroques pour viole de gambe et basse continue)
Ailleurs: un set de photos sous Flickr

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