mardi 11 janvier 2011

Les Dissonances - Musique soviétique (Cité de la Musique - 7 Janvier 2011)

De nouveau, un colis suspect ligne 5 provoque un début de concert dans une salle un peu vide, qui sera bien comblée dès l'ouverture des portes à la fin du premier morceau.

Valentin Silvestrov - Quatuor à cordes n°1

Etrange pièce, comme hors du temps. Du temps historique, d'abord, avec cette mélodie pleinement tonale qui dérape, part dans le chuchotement bruitiste, puis repart, hésite entre les époques, difficile à dater. Ecrite en 1974, elle ne se place guère dans un courant musical, creuse son propre style. Hors du temps narratif, également. Lenteur presque imperturbable, quelque-chose de statique, de contemplatif, même quand le rythme accélère, c'est dans une retenue tendant vers l'abstrait, avec des structures originales, des doublons de duos, les violons ne faisant que ponctuer un assez envoutant duo alto-violoncelle, par exemple. Une belle découverte.

Dmitri Chostakovitch - Symphonie de chambre op. 110a

Finalement, il est préférable de lui donner ce titre, plutôt que dire qu'il s'agit de la transcription pour orchestre à cordes du quatuor n°8. Parce que le visage est largement différent. Moins poignant (à la limite du soutenable, tant la dose de désespoir est forte dans ce quatuor !), et plus de matière symphonique, où on reconnait plus aisément les citations, qu'elles viennent des symphonies de Chostakovitch lui-même, ou d'autres compositeurs. Le DSCH omniprésent digère tout cela, et unifie le propos, en autoportrait écrit comme une épitaphe. Mais cette transformation orchestrale fonctionne moins bien sur les passages lents, où les coups d'archets à l'unisson strident sonnent inutilement spectaculaires, quand le texte est au dénuement et à l'introspection mortifère. Intéressant, mais moins essentiel que la version originale.

Alfred Schnittke - Concerto grosso n°1

Piano aux aigus préparés et jouant une mélodie métallisée et aux graves laissés naturels et ponctuant en percussions résonnantes, puis les cordes se réveillent peu à peu, et surgissent les deux violons solistes. Cette fois, David Grimal est debout, accompagné de Hans Peter Hofmann, qui au milieu de la toccata casse une corde. Grimal plaisante avec le public pendant que Hofmann répare à toute vitesse. Je retrouve dans ce concerto l'humour grinçant de Schnittke, mais l'ensemble ne m'emballe pas, sans que je sache si c'est la mise en place par les Dissonances qui manquerait de précision, ou si c'est la musique qui serait encore trop timide dans ses audaces, qui propose par exemple une course-poursuite haletante entre les deux violons finalement assez classique, mais l'encombre de dérives plus avant-gardistes sans parvenir à une cohérence. D'autres concertos grossos (le cinquième par exemple) m'auront autrement accroché et transporté.

Spotify : Rosamunde Quartett – Silvestrov: Leggiero, Pesante, Constantine Orbelian – Chostakovitch : Chamber Symphony / Schnittke : Piano Concerto, Chamber Orchestra of Europe & Heinrich Schiff – Schnittke: Concerto grosso No.1

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