lundi 11 avril 2011

Nono Berio (Cité de la Musique - 9 Avril 2011)

Luigi Nono - No hay caminos, hay que caminar... Andrej Tarkowskij

Voilà donc le Nono final, aboutissement du style initié par Fragmente-Stille, an Diotima, avec son exploration du silence, de la presque redite, d'un univers sonore restreint qu'il élargit pourtant dans le temps (on approche de la demi-heure) comme dans l'espace, puisque l'orchestre (l'orchestre du Conservatoire de Paris, aidé par les membres de l'EIC), est divisé en sept groupes dont deux sont sur la scène, et les autres dans les hauts gradins tout autour. Ce sont les effets de spatialisation qui m'ont le plus intéressé, entre autres de subtils dialogues de percussions d'un bord à l'autre (j'étais un peu trop en fond de salle pour profiter des effets avant/arrière). La matière raréfiée (quoique ponctuée ça et là de soudains coups de grisou) demande une grande concentration du chef (Jonathan Nott) et des musiciens. Les spectateurs peuvent eux soit se concentrer sur toutes ces infimes variations autour d'une seule note, soit au contraire un peu lâcher prise et se laisser aller à s'immerger passivement dans le son.

Luciano Berio - Sinfonia

Après le presque rien, la quasi overdose. Du texte en veux-tu en voilà, de la musique bien présente, des citations en pagaille, de l'énergie, le contraste joue à plein. Mais il ne faudrait pas se laisser déborder, si possible. Les Swingle Singers, pourtant très habitués de cette pièce (au point que je me demandais s'ils en avaient l'exclusivité, mais la discographie indique que non), ne sont pas sans défaut, même si leur projection beaucoup trop en avant, escamotant parfois l'orchestre, n'est pas de leur fait, mais de l'ingénieur du son qui règle leurs micros. On est loin de l'équilibre que j'avais trouvé merveilleux chez les Synergy Vocals chantant Tehilim. L'orchestre lui aussi patine un peu dans l'approximation, et le fabuleux "In ruhig fliessender Bewegung" devient confus. Les plus beaux moments sont du coup le "O King" d'une belle lumière, et le cinquième mouvement récapitulatif mené d'une belle maestria.
En bis, les Swingle Singers nous offrent un "Lady Madonna" fort joli, puis un éblouissant "A Fifth of Beethoven", qui permet de quitter la salle avec un grand sourire.

swingle singers

Ailleurs: Simon Corley
Spotify: Berio : Sinfonia & Eindrücke, The Swingle Singers – Beauty & The Beatbox

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