jeudi 26 janvier 2012

Marie Chouinard - Le Nombre d'Or (Live) (Théâtre de la Ville - 22 Janvier 2012)

Les spectacles de Marie Chouinard sont généralement fort excitants, et celui-ci ne fait pas exception. On y parle de la vie, de la naissance à la vieillesse, et de quelques sujets épars, comme la sexualité, la politique, la folie ... Une grande idée de départ, c'est l'utilisation de masques, neutres et camouflants, ou au contraire photographiques, de bébés, de vieillards, ou d'homme d'état. Cela donne des tableaux splendides, étranges, aux frontières du ludique et du dérangeant (par exemple ces pas de deux où tous portent le visage de Sarkozy, qui me font écho de Windowlicker), où les émotions sont souvent subtilement mêlées et ambigües, contradictoires.
Comme cette danse, déjà, anguleuse et fluide à la fois, animale et sensuelle, entre air et terre. Des costumes qui différencient les sexes, mais selon des schémas décalés. Des corps affirmés dans leur beauté sensuelle, mais des couples qui quand ils s'enlacent hurlent. Des corps qui finissent nus, mais que les masques de bébés rendent alors innocents.
Une extension de la scène avance jusqu'à mi-salle. Des écrans vidéos diffusent un vrai générique, puis projettent des images filmées sur la scène même, par exemple des visages masqués rapprochés et regroupés en foule anonyme. Les effets sont simples, mais ingénieux.
Bref, c'est tonique et intelligent, c'est jouissif et troublant, c'est un très beau spectacle.

marie chouinard compagnie

mardi 24 janvier 2012

Sébastien Texier Quintet (L'Improviste - 21 Janvier 2012)

Voici que s'ouvre tout près de chez moi un nouveau lieu de concerts de Jazz : la péniche "L'Improviste", réaménagée sur plusieurs étages pour une ambiance cosy et sympa, qui sent encore la colle et la peinture, et où Sébastien Texier tient depuis l'ouverture une carte blanche, qui s'achève ce soir.
Pour l'occasion, il réunit deux camarades de longues dates, le tromboniste Guoergui Kornazov et le trompettiste Alain Vankenhove, avec qui il avait déjà enregistré le disque "Chimères" il y a dix ans, et beaucoup tourné depuis. Leur connivence est évidente, que ce soit dans les dialogues rapides entre Kornazov et Vankenhove, ou dans les trios, vivement entremêlés ou subtilement superposés (trompette en aigu, saxophone en médium, trombone dans les basses). Cette ligne de front a une tenue plus uniforme lorsque Sébastien Texier utilise le saxophone plutôt que la clarinette, qui ne sera que rarement jouée, par exemple lors du premier morceau, "Dido". Loin de trop répétés barrissements, la technique de Kornazov se déploie ici plus dans les registres bas, expansions mélodiques et rythmiques que vient ombrer souvent une nostalgie inquiète. A la trompette, Vankenhove laisse chanter la mélodie, ou parfois la pousse vers le bruitisme.
La paire rythmique est elle plus récente : Frédéric Chiffoleau à la contrebasse et Guillaume Dommartin à la batterie. Si les solos ne sont pas trop le point fort de Chiffoleau, ils brillent sous les baguettes de Dommartin : ce sont des explorations intelligentes, posées, composées, entre différentes allures successives que je subodore liées par des rapports genre 4/3 ou 3/5, ce genre-là.
Les morceaux sont assez typiques d'un certain jazz français : des thèmes suffisamment simples pour bien entrer dans la tête et accrocher les pieds, mais assez riches pour nourrir les solos et les variations, facilement imprégnés de folklore balkanique plus ou moins réinventé. Ca oscille entre du très punchy, et des ballades prenantes. J'aimerai retrouver sur disque certains des morceaux joués ce soir et qui ne sont pas sur "Chimères".
Pour les derniers morceaux, le pianiste Bruno Angelini vient les rejoindre, lui aussi complice habituel de Texier.
En deux sets, le voyage est garanti, et fichtrement entraînant.

sébastien texier quintet - l'improviste 21/01/2012

Spotify: Sébastien Texier – Chimères, Bruno Angelini – Sweet Raws Suite Etcetera, Alain Vankenhove – Beyond Mountains

jeudi 12 janvier 2012

Shepherd Kim Chin Jarrell (Cité de la Musique - 10 Janvier 2012)

J'avais choisi ce concert particulièrement pour la création d'une oeuvre de Pintscher, qui est finalement remplacée, sans préavis, et non sans quelques incohérences dans la communication, par du Jarrell. Dommage.

Sean Shepherd - Blur

Ce jeune Américain pourrait être Anglais, tant sa musique est nourrie de mélodies. On sent une densité dans l'écriture, mais camouflée la plupart du temps. C'est élégant. De belles séquences solistes donnent un aspect concertant très agréable. Un compositeur à suivre.

Texu Kim - Toccata inquieta

Je n'ai pas du tout aimé cette pièce pour clavecin et ensemble, où la musique est réduite à de courts glissandi répétitifs et quelques effets peu profonds, avec un clavecin sans intérêt. Passons.

Unsuk Chin - Gougalon

Après un changement de plateau particulièrement long, même aux normes de l'EIC, arrive le sommet du concert. Cette "scène de théâtre de rue" est pleine de surprises, d'émotions joyeuses, d'exubérance et d'ironie. Les 20 minutes annoncées (je crois que ça a duré un peu plus longtemps en fait) sont divisées en 6 séquences aux titres évocateurs et drolatiques ("lamentation de la chanteuse chauve", "sourire du voyant aux fausses dents" ...). Unsuk Chin y évoque des souvenirs d'enfance, quand des artistes bateleurs proposaient des représentation théâtrales pour attirer le public et lui vendre des poudres de perlimpinpin. Si l'atmosphère ressemble un peu au "Pétrouschka" de Stravinski, c'est de façon étonnante "Le Mandarin merveilleux" de Bartok qui m'est un moment apparu source d'inspiration possible ! En tous cas, c'est vif, coloré, enthousiasmant.

gougalon

Michael Jarrell - La chambre aux échos

J'avais déjà entendu, sans être bien convaincu, les 2 premiers mouvements de cette pièce, donnée cette fois en intégralité. On s'y retrouve un peu plus, avec des effets à peu près identiques à chaque fin de mouvement, par exemple. Et un troisième mouvement en statisme, qui équilibre la pièce. Susanna Mälkki emmène l'EIC dans le final avec une fougue qui la fait bondir sur son estrade ! Mais je ne suis toujours pas pleinement emporté ...

samedi 7 janvier 2012

Planning Janvier - Février 2012

Un démarrage en douceur ...

dimanche 1 janvier 2012

Cinéma 2011

Une année sans grand coup de coeur (c'est"Winter's Bone" qui s'en rapproche le plus).

Les émotifs anonymes ; Green Hornet - ; Les Chemins de la Liberté ; Au-delà ; Le Discours d'un roi ; Black Swan ; Jewish connection ; Winter's Bone + ; True Grit ; Fighter ; Sucker Punch ; Essential Killing ; La proie - ; Pina ; Détective Dee ; Scream 4 ; Animal Kingdom + ; Tomboy + ; Le gamin au vélo ; X-Men Le commencement ; La défense Lincoln ; Une séparation + ; Beginners ; The Murderer- ; Melancholia ; Captain America First Avenger - ; Comboys et envahisseurs ; Présumé coupable ; Drive + ; The Artist ; Contagion ; Les Neiges du Kilimandjaro ; Intouchables ; Shame ; Mission impossible 4 ; Hugo Cabret +.

Sylvaine Hélary - Printemps (Atelier du Plateau - 17 Décembre 2011)

Pour ce projet "Printemps" créé autour du printemps arabe, Sylvaine Hélary a invité Aalam Wassef à rejoindre son trio habituel, mais qui sonne pour l'occasion fort différemment que sur leur récent disque : on est dans une ambiance qui se rapproche plus de la musique contemporaine que du rock.

Chacun des musiciens a de multiples instruments à sa disposition : Sylvaine Hélary alterne entre trois flûtes différentes, et chante, et lit des textes ; Antonin Rayon joue du piano, mais aussi d'autres claviers, et diffuse des ambiances bruitistes sur bandes magnétiques ; Sylvain Lemêtre privilégie les percussions tempérées, vibraphone, orgue à verres, assortiment de petites cymbales chinoises, mais aussi quelques gongs etc. ; enfin, Aalam Wassef lit des textes, diffuse des vidéos, dessine.

sylvaine hélary trio "printemps"

L'ambiance est très intimiste, lumière faible, pas d'applaudissements entre les morceaux, écoute et respect.

Les moments les plus réussis du concert se fondent sur des boucles indépendantes, chaque musicien adoptant et variant tranquillement la sienne, dans de belles textures que la variété des instruments présents sur le plateau permet de constamment renouveler. Un morceau plus énergique et aux élans plus Free,marqué par l'utilisation d'une "planche à cluster" permettant de frapper toutes les touches du piano d'un coup, conclura le concert.

Par contre, toute la partie politique du projet, le choix des textes lus, les vidéos projetées, les performances de Aalam Wassef, m'a majoritairement échappée.

sylvaine hélary trio "printemps"