samedi 27 octobre 2012

Accentus - Bach, Mantovani , Mendelssohn (Cité de la Musique - 20 Octobre 2012)

Johann Christoph Bach, Johann Sebastian Bach - Motets

On commence par un motet de Johann Christoph, cousin germain du père de Johann Sebastian, dont suivent quatre motets. Le choeur Accentus, bien sur dirigé par Laurence Equilbey, est accompagné de quatre musiciens (violoncelle, violone, luth, orgue). Tout ça n'est pas mauvais, c'est même du bon travail, honnête et respectable, mais après avoir entendu dans ce répertoire Gardiner et sa troupe d'élites, c'est juste pas au niveau. On prend plaisir aux mélodies et harmonies, mais sans ressentir de frisson particulier, ce qui signe un échec, quand même.

Bruno Mantovani - Cantate n°4 "Komm, Jesu, Komm"

Voici une pièce à la structure bien curieuse, puisqu'elle entrecroise une partie pour choeur avec des solistes, inspirée par le motet de Bach, et qui reste donc dans un langage pas trop avant-gardiste, avec une partie pour accordéon, joué par Pascal Contet, qui le plus souvent joue un fond sonore comme une sorte de basse continue, et enfin une partition pour violoncelle, jouée par Sonia Wieder-Atherton, digne d'un concerto pour violoncelle, virtuose, pleine d'intensités et de climats passionnés. Le choeur est intéressant, le violoncelle est impressionnant, mais c'est le résultat global qui me laisse plus perplexe, c'est un objet musical dont je ne vois pas très bien la fonction globale le fonctionnement global.

equilbey, wieder-atherton, contet

Felix Mendelssohn - Drei Psalmen op. 78

Etrangement, c'est le troisième concert presque de suite où j'entends du Mendelssohn. Et encore plus étrangement, c'est le moment que je préfère dans ce concert. Le livret indique une "manière toujours élégante et sobre" qui "n'empêche pas une riche expressivité très proche des paroles". Et je trouve le choeur Accentus ici le plus chez lui, le plus confortable et communicant au mieux leur plaisir de chanter.

Felix Mendelssohn - Ehre sei Gott in der Höhe

Aucun souvenir.

Ailleurs: DavidLeMarrec

mardi 23 octobre 2012

Portal Meyer - Contrastes (Cité de la Musique - 18 Octobre 2012)

Pour apprécier ce concert, il fallait aimer la clarinette, et ça tombe bien, c'est mon cas. Un programme intéressant, mélange de créations contemporaines et de pièces du répertoire. Mais quelques jours après, j'ai oublié les spécificités de la plupart des oeuvres, pour garder une ambiance générale, et quelques souvenirs plus précis épars. Ce sera donc un billet rapide ...

Felix Mendelssohn - Konzerstück n°1 op. 113

Ce qui m'intéresse le plus, c'est la différence de son entre les deux clarinettistes. Paul Meyer sonne rond, pur, comme un verre d'eau glacée, fort rafraichissante mais sans grande personnalité. Michel Portal est beaucoup plus bruité et coloré, un son épais comme un verre de grand vin. Le pianiste Jérôme Ducros reste en arrière, dans un flux de notes permanent qui réclame l'aide d'une tourneuse de pages, ce que je vois fort rarement en fait.

Bernard Cavanna - Parking Schubert

C'est la pièce que j'ai préférée de toute la soirée. C'est dynamique et joyeux, dansant et rythmiquement espiègle (avec note le livret des passages alternant entre 10/8 et 11/8 !), presque mais simplement presque répétitif, et bien sur virtuose et rapide. J'apprends que Cavanna est également président de l'Atelier du Plateau, un gars très bien, donc !

Claude Debussy - Rhapsodie n°1

Pour piano et clarinette, celle de Paul Meyer. C'est un peu trop flottant et évaporé à mon goût.

Pascal Dusapin - DUO à 2

Si je me souviens bien mais n'en suis pas sur, il y avait deux lignes mélodiques très éloignées, aigu et grave, et cela créait un bel espace sonore au milieu.

Bruno Mantovani - Métal

Le titre vient de "MEyer porTAL". Portal alterne entre clarinette et clarinette basse (qu'il manipule avec un soin maniaque, refusant que les assistants ne la touchent). J'ai bien aimé, quoique trouvant cela un peu trop long, mais n'en garde guère de souvenirs.

Alban Berg - Quatre pièces op. 5

Piano et clarinette, cette fois celle de Portal, qui convient mieux effectivement à l'âpreté du discours viennois deuxième école. C'est aussi l'occasion pour Jérôme Ducros de se mettre en avant, pour la seule fois de la soirée à égalité avec ses partenaires.

Michael Jarrell - M.P. / P.M. (Nachlese IIb)

Il me semble que c'est la pièce la moins joyeuse de la soirée, la plus méditative.

Thierry Escaich - Ground VI

C'était pas mal, mais pas vraiment marquant. En fait, les pièces commencent à se ressembler un peu toutes, parce qu'elles misent presque toutes sur la sonorité vive et joyeuse des deux clarinettes.

Guillaume Connesson - Scènes de la vie contemporaine

Il y a 5 scènes, au shopping, au musée, en dîner amoureux, etc. Les caractérisations sont amusantes, la forme est légèrement néo-classique mais pas trop, le tout s'enchaîne avec plaisir.

Felix Mendelssohn - Konzerstück n°2 op. 114

Aucun souvenir.

meyer, ducros, portal

samedi 20 octobre 2012

Le Boeuf sur le Toit (Cité de la Musique - 14 Octobre 2012)

A l'occasion de la sortie d'un disque qui ne m'intéresse pas mais qui est accompagné d'une campagne de publicité impressionnante (même un fond d'écran à l'intérieur du client Spotify !), Alexandre Tharaud évoque pendant tout un week-end à la Cité le célèbre cabaret parisien des années folles.
Ce concert s'éloigne des tours de chant et des récitals de piano qui forment l'essentiel de ce marathon, pour présenter des pièces orchestrales teintées de Jazz, interprétées par l'Orchestre National d'Ile-de-France, dirigé par Andrea Quinn.

Darius Milhaud - La Création du monde

Une splendeur, cette plage d'un gros quart d'heure pour petit rchestre où brillent maints solistes ! Contrairement à certaines interprétations pleines d'une diffuse tristesse, Andrea Quinn privilégie (et je trouve avec raison) les couleurs vives, les rythmes qui surgissent et qui parfois se superposent, l'élan vital qui emporte la partition d'un bout à l'autre, les moments plus calmes n'étant qu'une pause où chante une flûte ou frémit un saxophone, avant que ne reviennent les danses, les accords Jazzy, et les allures d'improvisation guillerettes ! Un grand moment.

Jean Wiener - Concerto franco-américain

Frank Braley s'installe au piano pour ce concerto trop classique à mon goût pour que je ne m'y ennuie pas. L'apport du Jazz m'y semble beaucoup plus factice que dans la pièce précédente.

George Gershwin - Rhapsody in Blue

C'est bien sur une sorte de mètre étalon quand on pense à la fusion Jazz-Orchestre symphonique en ces années-là. Et dès le glissando de clarinette inaugural (que le livret me révèle comme non prévu à l'origine, lancé pour rire par Ross Gorman puis conservé par tradition), le charme opère. Bonne entente entre Alexandre Tharaud au clavier et l'orchestre, et les pages défilent avec délices. Le soliste est longuement applaudi, mais il ne jouera pas de bis, vu tout ce qu'il a joué et jouera le reste du wek-end ça se comprend ...

tharaud, quinn


Darius Milhaud - Le Boeuf sur le toit

Le rondo qui revient 15 fois en 20 minutes finit par m'agacer un peu, et phagocyte les variations sur des airs brésiliens qui servent de couplets.

Béla Bartok - Le Château de Barbe-Bleue (Salle Pleyel - 10 Octobre 2012)

Felix Mendelssohn-Bartholdy - Sypmphonie n°4 dite "Italienne"

Cette musique me traverse sans laisser de traces. Depuis l'arrière-scène, je peux observer la direction intermittente du chef Christoph von Dohnanyi, qui parfois lance des indications d'une baguette virevoltante, mais souvent laisse courir l'Orchestre de Paris, qui joue sans plus d'engagement que ça. C'est amusant de ressentir si précisément l'emplacement des différents cuivres, et de suivre les dialogues avec les violons comme si c'était spatialisé. Mais pour écouter de la musique que j'aime, je veux plus de distance, cette plongée à l'intérieur même des rangs de l'orchestre ne correspond pas à mon écoute idéale de la musique.

Béla Bartok - Le Château de Barbe-Bleue

Du coup, pour cette pièce maîtresse, je grimpe au deuxième balcon. J'y perds la voix de Matthias Goerne, qui reste comme engoncée dans des registres bien graves, ne porte pas, transforme certains passages en borborygmes à peine articulés, et ne véhicule qu'un spectre d'émotions étroit ; peut-être les dix premiers rangs du parterre ont eu plus de bonheur ...
Sa partenaire n'a elle aucun problème pour se faire entendre. Elena Zhidkova a le potentiel d'une grande Wagnérienne, puissance, intensité, et technique, c'est excellent, même si la fragilité de Judith disparaît un peu du coup ...
Mais le grand vainqueur de la soirée est l'Orchestre de Paris, qui cette fois m'impressionne, principalement tout ce qui se passe dans les aigus est fantastique (les percussions très rapides de la première porte, la cinquième hiératique et glorieuse, la douleur tendue des larmes ...). Je suis à maintes reprises ébloui, et emporté dans l'émotion.

von dohnanyi, goerne, zhidkova

Ailleurs : Palpatine, Zvezdo, La souris, Joël ...
Spotify : Une sélection de quelques versions de référence.

samedi 13 octobre 2012

Journal Intime + Marc Ducret (La Dynamo - 5 Octobre 2012)

"Journal Intime" est un trio de cuivres : Sylvain Bardiau à la trompette, Frédéric Gastard au saxophone basse, et Matthias Malher au trombone. Pour ce concert, ils ont invité le guitariste Marc Ducret. C'est le premier volet d'un projet fort alléchant, qui en comportera deux autres : d'abord avec l'accordéoniste Vincent Peirani, puis en réunissant ces deux prodigieux musiciens.
La musique générée n'est pas évidente à classer : malgré la dose importante d'improvisation, je ne l'ai pas vraiment écoutée comme un concert de Jazz, mais plutôt comme de la musique contemporaine. Je suis par exemple incapable de définir le style de chaque musicien, tant cela changeait d'un instant à l'autre. Au gré des morceaux longs (approchant le plus souvent les 30 minutes) et à l'architecture complexe (à la Ducret, donc !), le trio sonnait parfois comme un seul instrument monstrueux au son rempli de borborygmes et de vibrations, parfois comme un ensemble contrapuntique et nerveux. Solos et duos abondent, qui diversifient encore la pâte et les ambiances.
A leur coté, Marc Ducret, armé d'une seule guitare électrique et d'une seule pédale maniée avec maestria, parfois décore de notes isolées, parfois fonce dans des maelströms puissamment rock, et souvent complémente le trio par son phrasé si particulier, une articulation et une signature rythmique pleines de suspensions captivantes.

journal intime + marc ducret

lundi 8 octobre 2012

Pierre Henry - Le Fil de la Vie (Cité de la Musique - 29 Septembre 2012)

La salle est très pleine, et accueille avec enthousiasme le compositeur. Bien en forme pour ses 85 ans, celui-ci s'installe derrière ses machines au centre de la salle, attend puis réclame qu'on veuille bien éteindre les lumières, et lance la musique, qui surgit de l'habituelle pléthore de hauts-parleurs installés sur la scène et tout autour du public.
Je m'aperçois que je pourrais dire presque la même chose qu'à propos de sa Grande Toccata : des sons presque abstraits, profonds, bien polis, plus ou moins en boucle, forment un riche tapis sur lequel viennent glisser des ambiances plus concrètes, bébés, chants faussement exotiques, instruments réels samplés et trafiqués, bruits urbains ou de déserts, le tout dure une heure, découpée en séquences très clairement délimitées, avec des échos entre elles, pour un voyage sonore prenant, au rythme calme malgré quelques embardées plus agitées.

pierre henry - le fil de la vie

Ailleurs: Michèle Tosi

dimanche 7 octobre 2012

Budapest Festival orchestra - Bartok Mahler (Salle Pleyel - 26 Septembre 2012)

Bela Bartok - Chansons paysannes hongroises pour orchestre

C'est une oeuvre en deux parties : la première, "Ballade", varie de belle manière une formule mélodique très simple, ce qui donne du Bartok mineur mais fort plaisant ; la seconde, "Danses paysannes hongroises", se pare d'habits un brin trop sommaires et faciles pour ne pas être que mineure.

Bela Bartok - Concerto pour violon n°1

Ce concerto est aussi en deux mouvements. Jamais je n'aurais imaginé associer à Bartok les adjectifs suave ou tendre, sans aucune ironie. C'est pourtant le cas du premier mouvement, portrait de la femme aimée, empli d'un romantisme innocent qui sent bon la jeunesse idéalisante. Le second est destiné à mettre en avant la violoniste (il s'agit de Stefi Geyer, qui reçut le manuscrit l'année de sa rupture avec le compositeur, et qui le garda dans ses archives, d'où il ne ressortit qu'après sa mort), et ressemble un peu plus à du Bartok habituel. Mais là encore, cela reste une pièce mineure.
Le violoniste Joszef Lendvay revient jouer un bis improbable,  les "Variazioni su "Nel cor più non mi sento"" de Paganini, qui ressemble à de l'improvisation bien cadencée.

budapest festival orchestra / ivan fischer / jozsef lendvay

Gustav Mahler - Symphonie n° 5

Ivan Fischer nous propose une lecture de cette symphonie qui clairement divise les blogueurs ensuite rassemblés. Ses choix pour les deux premiers mouvements plaisent à certains, et pas à d'autres, par leur originalité qui peut être vue comme une erreur de lecture. Moi ça me plait : mise en avant pour le premier mouvement du trompettiste qui va jusqu'au bout du souffle, un air de valse blême comme un matin qui plonge dans un cauchemar nauséeux, des effets de rythmes ralentis ou titubants, j'ai l'oreille bien accrochée par maints détails, au sein de pages que je peux fredonner.
Pour les mouvements trois et cinq, on a une mise en orchestre plus traditionnelle, mais avec une grande puissance, qui plait plus à certains, mais qui moi m'assomme un peu, perché tout en haut, et où paradoxalement je ne reconnais plus grand-chose, comme si je n'avais jamais entendu ces parties.
Dans les commentaires entendus et lus, personne ne parle de l'adagietto, sans doute parce qu'il n'y a pas grand-chose à en dire, il était fade et oubliable.

Ailleurs : Palpatine, Klari, guillaume ...