dimanche 16 décembre 2012

Pesson Ravel Stravinsky Webern (Cité de la Musique - 8 Décembre 2012)

Maurice Ravel - Frontispice

Ce concert commence très fort, avec cette pièce spectaculairement étrange. Au départ, on a une miniature de Ravel pour cinq mains (si si cf vidéo), où les voix se superposent sans communiquer, dans un nuage de notes en boucles, avant qu'une série d'accords de plus en plus monumentaux ne viennent conclure. En 1987, Pierre Boulez en réalise une transcription pour orchestre, revue en 2007. L'aspect avant-gardiste, quasiment radical, de la première partie, en est encore renforcée, avec ces voix qui se dispersent dans tout l'orchestre avant d'être amalgamées dans les accords finaux. Deux minutes de musique absolument fascinantes.

Anton Webern - Im Sommerwind

On reste dans le rarement entendu, avec cette oeuvre de jeunesse d'Anton Webern, qui n'était pas encore élève de Schoenberg. C'est un poème symphonique d'un petit quart d'heure, avec des épanchements orchestraux post-Mahleriens, de belles couleurs pastorales et des frissons romantiques bien fiévreux, mais ce n'est pas vraiment ma tasse de thé ... Je me demande comment le Webern plus âgé considérait cette pièce ...

Igor Stravinsky - Agon

Si je ne suis pas fan de la période "pré-Schoenberg" de Webern, je ne le suis pas non plus de la période "post-Webern" de Stravinsky ... Si j'en admire l'architecture rigoureuse, fine et majestueuse, et les décors, pleins de coloris frissonnants et scintillants, de détails piquants, où les solistes de l'Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort brillent tour à tour avec la virtuosité légère et amusée qui convient, j'ai malgré tout l'impression de déambuler dans un lieu vide, où personne ne vit, où il manque une âme, un souffle ; ça reste à mes oreilles un exercice de style, souvent extraordinaire, mais un peu vain, où je ne ressens pas une "impérieuse nécessité de l'âme".

Maurice Ravel - Fanfare

La seconde partie du concert commence comme la première par une miniature de Ravel, cette fois-ci un peu plus connue. C'est l'introduction d'une pièce écrite par 10 compositeurs comme cadeau à Jeanne Dubost, "L'éventail de Jeanne". Rythmes et stridences, avec petit pastiche Wagnérien au passage, ça réveille.

Gérard Pesson - Future is a faded song

Alexandre Tharaud vient rejoindre l'orchestre et son chef Tito Ceccherini pour ce concerto pour piano, créé il y a un mois. Pesson indique "la virtuosité est le plus souvent en creux qu'en plein". De fait, le discours du pianiste se construit à base d'éléments le plus souvent très simples, parfois d'une seule main, quand ce n'est pas d'un seul doigt. Ce poudroiement qui pourtant sait être éloquent est réverbéré par l'orchestre, qui habille et amplifie, plus qu'il ne s'oppose au pianiste.
Il y a un secret dans ce concerto : celui que Kagel n'a pu révéler à Tharaud quant au concerto pour piano qu'il lui préparait. C'est sans doute ce que traduit le choc des dernières pages de cette pièce : Tharaud referme brutalement le couvercle de son piano et l'utilise en percussion - un tombeau, où l'humour nécessaire quand on évoque Kagel ne manque pas, ni la touche inquiétante.
Belle oeuvre, qui n'épuise pas ses mystères à la première écoute.

pesson tharaud ceccherini

Igor Stravinsky - Le Chant du rossignol

Ah, là je retrouve le Stravinsky que je préfère, avec cette énergie redoutable, les couleurs foisonnantes, des solistes formidables, et un orchestre somptueux, pour une interprétation éblouissante. Serait-il possible que le Rossignol dépasse Pétrouchka dans mon palmarès personnel ?

Ailleurs : Michèle Tosi



Aucun commentaire: