lundi 4 février 2013

SWR Vokalenesemble + EIC (Cité de la Musique - 29 Janvier 2013)

Igor Stravinski - Messe

Belle découverte, toute en élégance, précision et charme atemporel, que cette pièce pour choeur, quelques solistes, et dix instruments (hautbois, cor anglais, bassons, trompettes, trombones), qui flotte quelque part entre ars nova et musique sérielle. On y retrouve certaines rythmiques et certaines acidités typiquement stravinskiennes, adoucies et transfigurées par l'age et l'évolution stylistique du compositeur, mais sans en arriver à la transparence un peu trop désincarnée du "Requiem canticles". Beaucoup de spiritualité, mais avec de la matière encore bien présente. J'ajoute cette oeuvre dans ma liste des pièces que j'aime chez Stravinski.

Ondrej Adamek - Kameny

Cette pièce de 30 minutes, en création mondiale, reçoit un excellent accueil du public. Je reste beaucoup plus dubitatif. La musique me semble manquer de consistance et de définition (au sens photographique du terme) : tout reste un peu trop vague et flou. Des effets divers ne donnent pas une ligne. Du coup, le hiatus avec la gravité du sujet (un poème qui oppose un enfant lançant des cailloux dans une rivière, et la lapidation d'une amoureuse de 17 ans) me gène fortement. Et quand la pièce, vers la fin, adopte ce qui ressemble à un air traditionnel kurde, mais pour le rendre sinistre, j'ai une impression de caricature qui passe mal.

George Benjamin - Three Inventions

C'est souvent que George Benjamin chef d'orchestre dirige du George Benjamin compositeur. Quand c'est beau comme ce soir, on ne va pas se plaindre. La première invention est une délicate texture de notes qui peu à peu s'organisent dans un savant tissage ; la lumière, magnifique, douce et sereine, se fait plus vive vers la fin, ce qui permet d'enchaîner avec la deuxième invention, que j'aime moins, elle a quelque-chose de fracturé, une musique en puzzle où les morceaux ne s'accordent pas, se superposent de manière un peu douloureuse. La troisième invention est la plus longue. Deux stands de percussions où dominent grosses caisses et gongs encadrent le reste de l'orchestre et l'assomment régulièrement de sombres et massives résonances. La musique réagit comme elle peut à ces agressions, développent des mélodies, des envolées, des échappées de diverses natures. C'est beau, avec un aspect dramatique très prenant, et émouvant.

Pierre Boulez - Cummings ist der Dichter

Ce morceau, je l'ai sur CD, mais j'étais persuadé de ne guère l'aimer. En concert, c'est bien différent. J'entends moins le choeur (l'ensemble vocal du SWR Stuttgart) et plus l'EIC, qui évolue en terrain conquis. Frisottis des cordes, claquement des harpes, jusqu'au duo de flûtes vers la fin, la pâte boulezienne est bien là. Le travail vocal s'y fusionne avec bonheur et naturel, comme une lourde tapisserie en mur du fond, devant lequel les instruments viennent coller leurs couleurs plus vives et rapides ; certaines voix, en apostrophes chuintantes ou sifflantes, et certains instruments, en notes tenues plus longuement, assurent la cohésion du tout.

george benjamin

Spotify  : Igor Stravinski - MesseGeorge Benjamin - Three inventionsPierre Boulez - Cummings ist der Dichter

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