dimanche 7 juillet 2013

Pina Bausch - Kontakthof (Théâtre de la Ville - 16 Juin 2013)

De cette pièce mythique, que dire ? Que ce qui m'a le plus frappé, c'est l’absence de spectaculaire. Ce qui explique qu'on ait pu sans trop de difficultés l'adapter pour des personnes âgées ou pour des adolescents : aucun mouvement ne demande un entrainement athlétique particulier. Par contre, de l'engagement, il en faut, mais surtout émotionnel : pour se déshabiller des deux cotés du plateau ; pour laisser son corps catatonique se laisser toucher de manière de plus en plus abusive et scabreuse par des hommes agglutinés ... Tout au long de la pièce, on retrouve ce qui sera ensuite redit et réutilisé dans d'autres pièces : les cheminements d'ensemble (qui miment ici le passage des saisons), la cruauté de la séduction et de l'amour non partagé (un corps qui s’agrippe à un autre qui le rejette : ce sera plus violent dans "Barbe-bleue" il me semble), la part d'anecdotes personnelles plus ou moins compréhensibles par le public, les interactions avec le public (ici, une danseuse réclame des pièces de monnaie pour jouer sur un cheval mécanique aux vibrations suspectes) les choix musicaux ...
Pour peut-être  la dernière fois où je verrai le Tanztheater Wuppertal sur scène, ce fut un adieu serein.

kontakthof

Myssil (Atelier du Plateau - 15 Juin 2013)

C'est grâce à l'émission "Alla Breve" que j'ai pris connaissance de ce concert, Anne Montaron profitant de la diffusion des "Apparitions" de Marc Ducret pour en faire la réclame (et de fait, elle est présente ce soir).
Myssil, c'est un duo : Noémi Boutin, violoncelle ; Sylvaine Hélary, flûtes. Je ne connaissais pas la première, mais j'avais déjà vu la seconde dans cette même salle (et elle était venu rectifier mes grossières erreurs en commentaire ...).
Alors même qu'il s'agit de musique écrite et interprétée, le rituel du concert de musique classique ou contemporaine n'est pas suivi : en particulier, le programme est annoncé en milieu de parcours, "nous avons commencé par ... suivi de  ... et maintenant nous allons jouer ... puis ..." ; je note comme je peux les titres et les auteurs. Comme j'ai trop attendu avant d'écrire ce billet, certains détails maintenant m'échappent ...

Sylvain Lemêtre - Faire et Dire

Dans cette pièce se révèlent certaines caractéristiques prépondérantes de ce duo, et des pièces qu'elles commandent ou choisissent de jouer : la parole y joue un rôle important, ici des variations pleines d'humour (mais pas que) sur des locutions à base de "faire" et de "dire" ; le rythme aussi, les deux musiciennes croisant leurs lignes de texte avec une grande précision ; et l'engagement corporel (quoique je ne sais plus pour cette pièce). C'est intriguant, amusant, bien enlevé, ça me plait.

missyl à l'atelier du plateau

Kaija Saariaho - Mirrors

C'est l'oeuvre la plus "classique" jouée dans ce concert, mais aussi la moins typique des choix des musiciennes. On est dans du Saariaho habituellement onirique et flottant (avec des bribes de paroles, aussi).

Sylvain Lemêtre - Les Anges du Bizarre

Il me semble avoir moins aimé que "Faire et Dire", parce que le début de la pièce est moins rythmique, et m'intéresse moins. Mais ça s'améliore par la suite.

Marc Ducret - Apparitions

C'est en un sens pour cette pièce que je suis venu à ce concert, mais je n'ai plus aucun souvenir de cette musique ! (et la refonte du site de France Musique m’empêche de la réécouter ...)

Frédéric Aurier - Les Noces de la Princesse son Altesse Royale

Je simplifie le titre, qui donne le nom que je n'ai pas pu transcrire ... Frédéric Aurier vient expliquer de quoi il s'agit : des tablettes ont été découvertes par des archéologues présentant une cérémonie de mariage, avec des lignes qui ne pouvaient être du texte, et représentaient sans doute de la musique. Aurier a tenté d'imaginer ce qu'elle pouvait être, et a décidé d'une instrumentation, qui nécessite l'ajout au duo violoncelle flûtes d'un percussionniste (qui sera Sylvain Lemêtre, compositeur mais aussi musicien, donc, comme il l'était déjà pour le quatuor "Printemps" de Hélary), et d'un violoniste, à savoir Frédéric Aurier. Il y a trois parties : je ne me souviens pas de la première ; la deuxième est un cortège solennel avec des échos de Gagaku ; la troisième une suite de danses, qui sonnent si anciennes qu'elles deviennent intemporelles. Belle évocation d'une culture autre, lointaine et pourtant proche.

missyl à l'atelier du plateau

François Sarhan - Vice Versa

En premier bis, voici une pièce emblématique de ce duo, même si elles abandonnent pour l'occasion leurs instruments respectifs, au profit de leur deux corps, qu'elles frappent  et giflent bien en rythme, pour une partition de percussion et de mots échangés. Surprenant, spectaculaire, et captivant.

missyl à l'atelier du plateau

Albert Marcoeur - Trois chansons

Les deux acolytes compositeurs et musiciens reviennent et tous s'amusent dans des transcriptions de chansons iconoclastes et farfelues (tendance Zappa ?) datant des années 70 (et là encore, du texte, de l'humour acide, et du rythme !).

Au final, voici un duo qui crée son propre territoire, musical et scénique, et qui dégage beaucoup d'énergie positive, à suivre !