lundi 30 septembre 2013

Inauguration de la deuxième salle (Le Triton - 22 Septembre 2013)

le Triton s'offre une deuxième salle baptisée S2, avec un parterre qui peut on non recevoir des chaises, et un étage en gradin. A cette occasion, des invités prestigieux et habitués se succèdent de 14h à minuit, dans les deux salles, et c'est gratuit ! Des pauses obligatoires permettent de vider les lieux, pris d'assaut par la foule mais sans hystérie. J'y reste le temps de deux séquences, l'une dans la salle historique S1, puis dans la nouvelle S2.

Archimusic

C'est la formation la plus nombreuse de la journée, du coup pendant le temps assez long de mise en place, je leader Jean-Remy Guédon explique son projet Le Rêve de Nietzsche. Enfin ils commencent pour 2 ou 3 chansons - aucune prestation ne doit dépasser la demi-heure. Ce qui me frappe, c'est la cohérence pas évidente a priori du dispositif, qui réunit autour d'un centre rythmique étoffé (batteur + contrebassiste + bassiste électrique), un quatuor de vents qui se la joue classique (hautbois + clarinette + clarinette basse + basson), un duo de souffleurs furieusement jazz (saxophone + trompette), et un chanteur qui rappe autour de textes de Nietzsche. Et le tout marche admirablement, on se laisse emporter et transporter au sein des flux musicaux qui alterne ou conjugue ces différents blocs. Une belle démonstration du talent d'écriture de Guédon, et de la belle et forte musique, tout simplement.

archimusic

Domancich / Goubert

Si je me délecte des rythmes inventifs et variés de Simon Goubert derrière sa batterie, j'ai plus de mal à apprécier le piano de Sophia Domancich, qui reste trop en arrière-plan à mon goût.

domancich / goubert

Léandre / Charolles / Robert

Musique improvisée, donc, aux marges du théâtre happening, et tout plein d'humour. Ça commence par Yves Robert qui promène son trombone à coulisse au ras de scène, comme s'il passait l'aspirateur, ça continue par le batteur Denis Charolles qui couvre ses fûts d'un bric à brac de percussions bizarres, tandis que Joëlle Léandre se lance dans un concours de grimace, tout en balançant l'énergie habituelle de sa contrebasse. Au milieu des surprises qu'ils essaient de se faire les uns les autres, Léandre et Charolles en quasi-bruitistes, Robert plus dans le poétique un peu lunaire, il sera beaucoup question, entre autres délires, de pâtisseries au chocolat.

léandre / charolles / robert

Je change ensuite de salle.

Atlas Duo

Entre la clarinette de Louis Sclavis et le piano de Benjamin Moussay, il y a beaucoup d'espace, de vent brûlant qui vient du désert, des évocations de paysages un peu terrifiants où la place de l'homme est incertaine, mais où la force de l'esprit souffle. Une musique sans esbroufe mais qui emmène loin.

atlas duo atlas duo

Andy Emler méga-quartet

Je ne pense pas que ce soit le nom officiel de cette formation, mais lancé comme une boutade, ça lui va bien ! On y trouve la maîtrise sereine du pianiste Andy Emler, la générosité tourmentée du contrebassiste Claude Tchamitchian, le lyrisme éclaté du saxophoniste Thomas de Pourquery, et la folie jubilatoire du trompettiste Médéric Colignon. Il en manque un : le batteur habituel de cette formation, Eric Echampard, n'a pas pu venir, et est remplacé au dernier moment par Edward Perraud, pour moins de sauvagerie animale, et plus de brillance multicolore : formidable capacité d'adaptation, il entre dans le jeu avec enthousiasme et à-propos, à peine cornaqué par Tchamitchian. Belle prestation d'ensemble, peut-être un peu trop balisée.

andy emler mega-quartet

Verlaine Les Airs

Cela commence par John Greaves au piano, accompagné par Guillaume Roy à l'alto ; puis il s'installe à la basse, Eve Risser le remplace au piano, Thomas de Pourquery et Jeanne Added donnent de la voix (Elise Caron est présente dans la salle mais aphone), Olivier Mellano pousse de grands coups de guitare. Musique pleine d'émotions, portée par les mots de Verlaine, par une instrumentation changeante et atypique (pas de batterie, entre autres, sans oublier l'alto virtuose d'un coté et une guitare électrique au son très rock de l'autre), et par les voix ; plaisir de retrouver la chair de poule que provoque Jeanne Added. Musique captivante, qui ne se donne pas entièrement à la première écoute, et qui me donne très fortement envie d'y retourner pour mieux l'approfondir.

verlaine les airs verlaine les airs
verlaine les airs

Passer de Nietzsche à Verlaine, mais en musique, voilà un beau programme d'après-midi !

Ailleurs : plus de photos

mercredi 25 septembre 2013

Alexandre Astier - Que Ma Joie Demeure ! (Cité de la Musique - 20 Septembre 2013)

C'est à l'occasion de la sortie du DVD qu'Alexandre Astier reprend ce spectacle en tournée, en le remaniant un peu, ne serait-ce que pour l’accommoder aux béquilles qu'il doit utiliser suite à un petit accident survenu quelques jours avant.
Ce qui structure la pièce, c'est un cours que Bach doit donner à un public à peu près inculte, à l'occasion d'une journée porte ouverte à laquelle il tente, c'est l'introduction en voix-off, d'échapper en écrivant une lettre obséquieuse qui n'a pas les effets voulus. Quelques sorties émaillent cette longue journée pédagogique, qui éclairent des aspects plus ou moins inédits de la personnalité de Johann Sebastian Bach (qu'Astier insiste à prononce Back, sans indiquer pourquoi ...). J'apprends par exemple qu'il gagnait de l'argent en expertisant les orgues. D'autres anecdotes sont plus douteuses. Je ne pense pas qu'on sache grand-chose sur sa façon de diriger les ensembles (orchestraux ou vocaux) mis à sa disposition. Mais le pire est la page "ethnomusicologique", avec gamme chinoise pentatonique, polyrythmies africaines, et percussions d'Amérique du Sud ... Comme me fait remarquer un ami, déjà, chercher l'Allemagne sur la carte, c'est un anachronisme assez ridicule. Et si c'est fait exprès, c'est pas vraiment drôle ...
Coté musique, il n'y a pas grand-chose. Astier joue quelques airs sur un clavecin, histoire de démontrer le passage d'une mélodie au ternaire, ou au 15/16. Mais c'est de l'illustration. Le spectacle est un one-man show, sans aspect de concert.
Et est-ce drôle, donc ? Oui, c'est un bon moment. Mais rien de plus. Il faut un moment pour détacher de sa voix, de son débit, de ses structures de phrase, le personnage du roi Arthur qui dans Kaamelott s'en servait pour se batîr, et qui appartiennent en fait à Alexandre Astier, qui les utilise tels quels pour son Bach. On peut alors apprécier les dialogues simulés dans des situations absurdes, comme avec cette ruche installée dans les tuyaux d'orgue détachés. Entre Arthur et Bach, il y a aussi ce point commun d'avoir la conviction d'être entouré d'incapables ou de demeurés (auquel le public est assimilé, alors que nombreux y sont ceux qui savent lire une partition, même s'ils se laissent piéger par l'absence de clé !).
Par moments, il part plus vers l'émotion, quand il évoque la mort de ses enfants, par exemple. Ce ne sont pas mes moments préférés, surtout quand il sous-entend que Bach s'est astreint au contrepoint, une technique déjà obsolète en son temps, parce que cela générait une musique au flux ininterrompu, la mieux à même de réguler les problèmes d’arythmies cardiaques fatals à plusieurs de ses enfants (curieusement, on retrouve cette lourdeur du thème père-enfants dans le livre V de Kaamelott).
Une soirée agréable, mais qui ne sera sans doute pas particulièrement mémorable, et dont j'attendais plus.

alexandre astier

samedi 21 septembre 2013

Chien-Hao Chang - Three For One / Compose / Vaulting (Théâtre des Abbesses - 17 Septembre 2013)

Chien-Hao Chang a fondé sa compagnie de danse avec ses deux frères Chien-Chih Chang et Chien-Kuei Chang, tous trois sont de jeunes chorégraphes et danseurs taïwanais, issus du concours "Danse élargie". Ils présentent ce soir trois courtes pièces.

Three For One

Très curieux choix musical : "Lillies of the Valley" de Jun Miyake. Beau morceau, mais qui est très marqué par l'utilisation qu'en a faite une certaine Pina Bausch pour Vollmond ! Ce qui met la barre beaucoup trop haut, surtout quand le niveau technique est à peine là (beaucoup d'approximations dans les positionnements, d'arrêts dans ce qui devrait être fluide, de gaucherie réelle qui ne devrait être que feinte à fin d'humour ...). Du coup, ça n'impressionne guère ...

Compose

Le trio est augmenté d'une danseuse, on entend du Bach pour violon, les corps imitent des mouvements d'archets, se prennent pour les instruments de musique eux-même, c'est plus calme, mais ça reste un peu incertain dans la technique et anecdotique, ne suscitant guère d'émotion.

Vaulting

Un quatuor de garçons, qui déboulent sur scène en tenue de cirque, sautent au-dessus de chaises, se lancent des défis, se chamaillent et s'amusent. A la danse se mêle des élans circassiens, des postures d'art martial, c'est peut-être la pièce qui m'a le plus plu, parce que la plus cohérente, celle où le résultat me semble le plus proche de l'ambition initiale.

lundi 16 septembre 2013

John Zorn - Marathon Zorn @ 60 (Cité de la Musique et Grande Halle de la Villette - 7 Septembre 2013)

Pour ses 60 ans, John Zorn a choisi quelques lieux dans le monde où donner un aperçu de sa créativité au travers d'une série de concerts où se succèdent diverses formations et styles. Les trois étapes sont clairement distinctes :
- à la Cité de la Musique, sera mis en avant l'aspect le plus écrit de sa musique, le plus proche de la musique contemporaine ;
- dans la salle Charlie Parker de la Grande Halle de la Villette, ce sera le Jazz qui sera prédominant, et ses couleurs multiples ;
- et enfin, sous la Nef, l'énergie du Rock.

1.1 Illuminations

Je ne sais plus quel article m'avait poussé à acheter l'album Rimbaud, excellent album qui présente 4 pièces très différentes les unes des autres. La troisième, "Illuminations", jouée ce soir, conjugue une partition pour piano, totalement écrite donc, interprétée avec beaucoup d'allant par Steve Gosling, et une paire rythmique contrebasse-batterie, qui improvise dans un vocabulaire Free Jazz. Trevor Dunn à la contrebasse et Kenny Wollesen à la batterie crée une belle couche de magma pulsatif qui soutient le piano, l'enrobe ou le submerge par moment. Sur la longueur cependant, le dispositif fatigue un peu.

1.2 The Holy Visions

Cinq chanteuses pour des chants rendant hommage à Hildegard von Bingen. C'est une succession d'épisodes variés, où surgissent soudain des mélodies moyenâgeuses, ou des boucles à la Steve Reich. L'ensemble, bien que fort joli, m'envoute moins que le Cantique des Cantiques en 2009 ; et curieusement, je songe à ce que Steve Coleman ferait d'un Five Elements purement vocal.

1.3 The Alchemist

Pour conclure ce premier concert assez court, le quatuor Arditti s'installe sur scène. Et là, c'est le drame : ils sont amplifiés ! Pourquoi, dans cette salle qui lors des Biennales voit défiler bien des quatuors qui s'en passent fort bien, et devant un public pas turbulent du tout, décider de détériorer le son de ces quatre maîtres par des micros et des haut-parleurs ?!? Surtout qu'on ne parle ici ni de spatialisation, ni d'effets électroniques. Juste une partition pour quatuor qui ne présente en plus pas grand-chose d'original, et à laquelle, à cause de cette amplification, j'ai bien du mal à m'intéresser. Déception.

2.1 The Concealed

Les choses plus sérieuses commencent à la Villette, mais pour monter en puissance, il faut commencer léger. Dans ce groupe, il y a une couche rythmique très habituelle chez Zorn, à savoir Trevor Dunn à la basse, Joey Baron à la batterie, Cyro Baptista aux percussions. Les mélodies passent entre John Medeski au piano, Kenny Wollesen au vibraphone, et, le plus souvent jouant comme une paire, Erik Friedlander au violoncelle et Mark Feldman au violon. Jolies mélodies, à la manière Book of Angels, mais étrangement peu de digressions, ou d'improvisations autour. Exposition, échos, redites, réexpositions, tout cela tourne un peu à plat, et sonne comme un gâchis, vus les talents réunis sur scène.

the concealed

2.2 Acoustic Masada

Premier grand choc de la soirée, du coup : le Masada original, avec Greg Cohen à la contrebasse qui vient rejoindre Joey Baron à la batterie, et Dave Douglas qui s'installe à coté de John Zorn. On a l'impression qu'ils n'ont plus aucun besoin d'échauffement, ou de répétition. Dès qu'ils se lancent, la magie opère, et comme le temps est compté, ils foncent et donnent tout, les solos époustouflants, la rythmique qui explose, le Klezmer qui fait danser, le chaos qui se fait dompter, tout est dit en à peine deux ou trois morceaux extraordinaires. Ils en ajoutent deux ou trois en plus, mais rapidement, comme des aperçus. Court mais intense.

acoustic masada

2.3 The Dreamers

De nouveau, Joey Baron, Cyro Baptista, Kenny Wollesen, Trevor Dunn. Jamie Saft aux claviers. Et surtout, Marc Ribot à la guitare. Ce soir, Zorn laisse bien de la place à Ribot, qui en profite, et plonge cette délicieuse musique dans un bain de Blues puissant et jouissif. Avec un peu de Western et de Surf, pour varier les plaisirs. Enorme. La joliesse des mélodies en sort toute ragaillardie, et chaque chanson voit son climat, son paysage particulier, splendidement accentué et mis en relief.

the dreamers

2.4 Bar Kokhba

Et là, joie, le concert ne se termine pas, et reviennent sur scène Joey Baron, Greg Cohen, Cyro Baptista, Marc Ribot, Erik Friendlander, et Mark Feldman, pour le "Bar Kokhba Sextet", une des premières déclinaisons de ce potentiel de musiciens amis qui tournent autour de Zorn. Cette fois, on entend bien mieux Feldman et Friedlander, dans leur lyrisme et leur déchirement, et c'est encore une fois magnifique. Quel fabuleux concert !

bar kokhba

le graffiti

3.1 The Song Project

A la Nef, on est debout, et nombreux, entre la scène et le bar. Ca commence par ce curieux groupe, qui mèlent aux habitués (Wollesen, Medeski, Ribot, Dunn, Baron, Baptista) troix voix, mais qui ne chantent que chacune à son tour. Mike Patton pour l'aspect le plus rock/blues, Sofia Rei pour des couleurs World, et Jesse Harris pour de la Pop sucrée. Les chansons sont en fait des reprises de vieux morceaux de Zorn, mais je ne les connais pas assez (voire souvent pas du tout) pour apprécier ce qu'y apporte l'ajout de texte. C'est assez décousu, agréable par moment, mais peu convaincant dans l'ensemble.

le bar

3.2 Moonchild

Beaucoup dans le public sont venus pour ça : écouter Mike Patton hurler, éructer, gronder, sermonner, beugler, et vociférer de diverses manières. C'est certain, c'est impressionnant. A coté, Joey Baron et Trevor Dunn balancent une rythmique bien lourde et plombée, et John Medeski orne de quelques ambiances un brin sales, à la limite du glauque. C'est impressionnant, mais rapidement répétitif. Et ça en devient barbant. Voire assommant, comme un gros de gourdin entre les oreilles. Remarquable travail des ingénieurs du son, cela dit : si je leur en veux d'avoir amplifié les Arditti à la Cité, le son dans la salle Charlie Parker était parfait de netteté et de relief, et dans la Nef, je ne souffrirai d'aucun sifflement ou compression, alors que le volume sonore est bien conséquent.

la tour

3.3 Electric Masada


Pour finir, on prend les mêmes et on recommence, en y balançant toute l'énergie qui leur reste. Kenny Wollesen et Joey Baron aux batteries, Cyro Baptista aux percussions, Trevor Dunn à la basse, Ikue Mori aux machines électroniques, Jamie Saft aux claviers, Marc Ribot à la guitare, et John Zorn au saxophone. J'ai du mal à apprécier autant que la dernière fois, sans  doute un peu fatigué. Cette musique toujours aussi bouillonnante me semble par moment brouillonne, voire même bruyante. Problème de distance avec la scène, aussi, je suis trop loin des musiciens pour vraiment entrer dans leur fourneau où fondent et flamboient mélodies couleurs et redoutables énergies.
electric masada

Ailleurs : Damien (1 2 3), Belette, Pascal Rozat (1 2 3), Clément Guillou ...

dimanche 1 septembre 2013

Planning Septembre-Octobre 2013

Après un planning Mai-Juin oublié, et un pour Juillet-Août qui aurait été totalement vide, il est temps de reprendre de bonnes habitudes.