jeudi 28 novembre 2013

Anne Sofie von Otter chante Kurt Weill (Salle Pleyel - 15 Novembre 2013)

Les sept péchés capitaux

Pour ce concert, j'avais une place en arrière-scène, ce qui ne me plait guère en général, et ne convenait pas du tout à ce concert - d'ailleurs, il n'y eut qu'une dizaine de spectateurs à en garnir les rangs. Je décide de m'installer tout en haut pour cette pièce que j'adore, mais dont je n'ai toujours pas trouvé d'interprétation définitive.
Au dernier rang du plus haut balcon, l'orchestre est restitué avec une précision exceptionnelle. Et je me régale du joueur de banjo, des interventions du piano. HK Gruber, à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, soigne les détails, sans forcer le trait, ni dans le comique (pas d'improvisation dans le quatuor vocal de la Gourmandise), ni dans le tragique (pas d'effets coup du destin dans l'Envie).
Pour la chanteuse, par contre ... Anne Sofie von Otter utilise un micro, ce qui m'irrite toujours ; j'ai cru que ce serait pour distinguer les deux Anna, celle qui parle de celle qui chante, mais pas vraiment. Et à ma place, sa voix flotte de manière très incertaine, au point d'être peu audible par moments, non par défaut de volume, mais par manque de focalisation. Ce n'est pas trop grave, les couleurs orchestrales et les rythmes parfois très étranges (heu c'est vraiment aussi décalé ?!) suffisent à mon plaisir.

Petite musique de Quat'Sous

Après l'entracte, je me replace au parterre, qui est loin d'être plein. Cette version pour orchestre d'instruments à vents de l'Opéra de Quat'Sous ne me touche pas : pas assez d'innovation dans l'orchestration, et les airs eux-mêmes ne me passionnent pas suffisamment.

Chansons diverses

Anne Sofie von Otter revient pour quelques chansons extraites de diverses pièces de Kurt Weill : "Surabaya Johnny", "I am a stranger here myself", "Speak low", "The Saga of Jenny". On s'approche clairement du cabaret, avec une chanteuse à micro qui vit pleinement les scènes, triste et rageuse ici, espiègle là, exprimant les émotions de la voix, du visage, et du corps. C'est très plaisant. A cette place, je profite mieux de sa voix, et le micro me gène moins dans ce genre de programmation que dans les Péchés Capitaux, où je préfère une approche plus "musique classique".
En bis, HK Gruber s'amuse à surprendre le public en se retournant soudain pour chanter, si on veut, une partie vocale. Et de fait, la surprise fonctionne, le public en redemande, et obtient un ter de la même farine. Réjouissant.

anne sofie von otter

Ailleurs : Palpatine

samedi 23 novembre 2013

Stockhausen - Trans (Cité de la Musique - 13 Novembre 2013)

Voilà un concert assez étrange, consacré uniquement à des pièces de Karlheinz Stockhausen, dont une jouée deux fois pour respecter la volonté du compositeur, et toutes nécessitant une mise en scène bien particulière, qui fait que le chef d'orchestre François-Xavier Roth n’apparaîtra que pour les saluts, et un petit discours exhortant le public à signer une pétition visant à sauver l'Orchestre symphonique du SWR Baden-Baden & Freiburg, menacé de fusion (il y a quelques années, c'était le choeur de Stuttgart qui était en danger il me semble ; ce soir, on retrouve les Neue Vocalsolisten Stuttgart, donc ils ont survécu ?).

Trans

Le premier choc est visuel. Sous le rideau de scène filtre une lumière rouge tirant sur le violet, et quand il s'ouvre lentement, l'orchestre apparaît, en fait uniquement les cordes, en rangs étagés, jouant comme un drone uniforme et puissant, derrière lequel le reste de l'orchestre, invisible, émerge plus ou moins distinctement. Des éléments scéniques interviennent périodiquement : solo d'alto, de violoncelle, de trompette, chacun avec son effet de mise en scène ; agitation soudaine des musiciens qui jusque-là très immobiles se mettent à tanguer tous ensemble, ou qui se focalisent sur un violon jouent des notes trop aiguës ... Enfin, le bruit de la navette d'un métier à tisser, sur bande et très amplifié,  vient régulièrement briser le cours de la musique.
Cette pièce traduit une vision qu'a eu Karlheinz Stockhausen au cours d'un rêve, et il y a un coté Lynchien dans cette demi-heure de musique flottante et insistante, où les musiciens baignent dans un milieu coloré et irréel.
trans

Bassetsu Trio

Un extrait de "Licht", pour cor de basset, trompette et trombone. Les musiciens effectuent une sorte de chorégraphie, d'abord sur scène puis dans le public. Mais je ne suis pas vraiment captivé, et finit par trouver ça long.

Trans

Après l'entracte, on reprend la même pièce. Curieusement, l'impression est assez différente : tout semble beaucoup plus rapide. Les interventions scéniques, maintenant connues, se révèlent bien régulièrement espacées, et apportent une touche comique qui soulage la tension radicale de la musique ; et cette dernière, surtout la part invisible qu'il faut chercher sous les cordes, excite assez l'oreille pour que l'attention ne se détourne pas un instant. Une pièce assez fascinante, en fait. Et rare, vues les difficultés de mise en scène.
trans

Menschen hört

C'est de nouveau un extrait de "Licht", cette fois pour sextuor vocal. Les deux sopranos, l'alto, le ténor, et les deux basses, apparaissent dans la galerie tout en haut, habillés de couleur spécifiques, et tenant chacun un globe représentant une planète. Périodiquement, ils changent de place, et finissent par disparaître dans les coulisses mais en continuant à chanter. Les lignes mélodiques sont d'une pureté cérémonielle assez intense, d'une beauté évidente et naturelle, qui suspend le temps. Magnifique, comme souvent ce qui vient de "Licht".
menschen hört

Mais après cela, l'écoute de "Unsichtbare Chöre", une bande magnétique de 50 minutes, me semble superfétatoire, voire anticlimatique, et je préfère m'abstenir (surtout pour un concert de milieu de semaine, déjà assez long comme ça).

Ailleurs : Michèle Tosi

mardi 19 novembre 2013

Remember Shakti (Salle Pleyel - 4 Novembre 2013)

"Shakti", c'est un groupe fondé par John McLaughlin dans les années 70, et "Remember Shakti" sa réincarnation dans les années 2000. Autour du guitariste, il y a des musiciens indiens, Zakir Hussain aux tablas depuis le départ, et des nouveaux venus, à qui les anciens laissent beaucoup de place, restant presque en retrait. Ce sont tous des virtuoses.
A la mandoline, Shrinivas Uppalapu m'évoque le guitarise Prasanna qui joue sur le disque "Guitars" d'Aka Moon, sans doute parce que tous deux jouent de la musique carnatique aux modulations mélistiques si caractéristiques ; curieusement, je me suis demandé à plusieurs reprises ce qu'aurait donné cette musique avec un joueur de violon, et il se trouve que c'était le cas dans le Shakti d'origine ...
A la voix, Shankar Mahadevan m'évoque la spiritualité des chanteurs soufis.
Aux percussions, Selvaganesh Viniyakram est aussi solide que Zakir Hussain, mais quand même, un solo de plus de 20 minutes sur un seul instrument, ça devient vraiment long ...
Pourtant, si les musiciens sont exceptionnels, généreux, et chaleureux entre eux et avec le public, la musique ne m'emporte pas tout à fait, sans doute trop uniforme dans ses couleurs, et trop marquée dans la fusion années 70 par la longueur des solos, surtout vers la fin (le concert dépasse les 90 minutes).

samedi 9 novembre 2013

Planning Novembre-Décembre 2013

Passons sur le "Remember Shakti" à Pleyel (billet à suivre) et le "Dufourt - Ronchetti" à la Cité (trop fatigué pour y aller), voici la suite des festivités :

Et j'attends les modalités de remboursement du concert du 18/12 à Pleyel, dont le programme a été inacceptablement modifié (j'aurais pourtant tant aimé entendre le concerto "A la mémoire d'un ange", même dirigé par un autre chef que Pierre Boulez ...).

jeudi 7 novembre 2013

Trisha Brown Dance Company (Théâtre de la Ville - 1er Novembre 2013)

Foray Forêt

Une musique jouée par une fanfare qui se déplace dans les coulisses, des habits qui évoque les pharaons égyptiens, de la danse abstraite, si abstraite, de la technique certaine, mais surtout une certaine dose d'ennui au final. De la danse qui ne me parle pas.

If you couldn't see me

Une danseuse solo, qui reste de dos tout du long des 10 minutes. Pourquoi pas ...

For M.G.: The Movie

La troisième pièce devait être "Astral Convertible", mais un danseur s'étant blessé, ce sera "For M.G.: The Movie" à la place. La danse ne m’intéresse toujours pas, et seule la musique, un mélange d'ambiances, avec des moments de musique concrète et de bruits urbains enregistrés, capte mon attention par la possibilité de se construire son petit film.

Ailleurs: La Souris

Schönberg Barber Chostakovitch (Cité de la Musique - 30 Octobre 2013)

Arnold Schönberg - La Nuit transfigurée

L'interprétation du Chamber Orchestra of Europe est moins dégoulinante de sentimentalisme que parfois, j'aime beaucoup le son assez glacial du premier violon (Lorenza Borani) qui évoque bien la forêt plutôt effrayante sous la lune, mais ça reste une musique qui ne me touche qu'à peine.

Samuel Barber - Concerto pour violon op.14

C'est la première fois que j'entends cette oeuvre, ainsi que le COE, et le chef Jaap van Zweden (pour la violoniste Hilary Hahn, c'est la deuxième fois). Je ne saurais du coup trop dire d'où vient cette impression de manque, comme une sensation que ça aurait pu, aurait du, être mieux. Une certaine retenue du chef, qui ne veut pas noyer la soliste, dont le volume sonore reste faible ? Il y a pourtant de beaux solos, des moments d'orchestre très dynamiques et fougueux, mais je reste sur ma faim, sans savoir si c'est ou non intrinsèquement lié à cette partition, assez classique finalement, peut-être un brin trop à mon gout.

Dmitri Chostakovitch - Symphonie n°9

C'est indiscutablement le clou de la soirée. Les musiciens, bois et cuivre, mais aussi percussions, et tous en fait, s'en donnent à coeur-joie, et font briller de mille surprises cette symphonie que je m'aperçois connaitre assez peu, alors qu'elle est d'une gaieté remarquable, une sorte de retour aux partition pleines d'incongruités de la jeunesse de Chostakovich (période "Le Nez"), un coup de folie lorsque la commande était de dessiner un portrait de Staline ! Il y a des pitreries, des mélodies dansantes, des coups de semonce, et un récitatif de hautbois fantastiquement servi !

Ailleurs : ResMusica

dimanche 3 novembre 2013

Turbulences - Chemins de traverse (Cité de la Musique - 19 Octobre 2013)

Dans ce grand week-end conçu par Pascal Dusapin, je n'ai assisté qu'au concert du samedi soir, qui sortait de l'ordinaire par sa durée, en trois parties et voisinant les quatre heures, et par son ambiance, l'EIC comblant les entractes par des interventions presque au milieu du public de la Cité (et entendre Isabel Soccoja soudain se lancer dans le chant à moins d'un mètre de mon oreille, c'est une sacrée expérience).
La salle est aussi organisée de manière originale, avec trois plateformes au centre et sur les deux bords : les musiciens s'installent sur l'une ou l'autre, et les temps de transition en sont fortement diminués.
Prendre trop de temps avant d'écrire le compte-rendu pose le problème de l'oubli : certaines pièces ne me disent plus rien, ou plus grand-chose ; mais c'était déjà le cas deux jours après ! Abondance de biens nuit, parfois, et trop de morceaux enchaînés finissent par se marcher sur les pieds.

Kurt Schwitters - UrSonate

Un enregistrement de cette pièce est parfois donnée à Beaubourg, dans les salles dadaïstes il me semble. Là, c'est du live, par Eric-Maria Couturier et Grégoire Simon, qui choisissent un extrait très rythmique, avant quelques cris. Fort sympathique mise en bouche !

Leos Janacek - Capriccio

Pas de souvenir.

Mauricio Kagel - Tango aleman

Humour habituel du compositeur, dans cette parodie de tango pour soprano, piano, violon et accordéon, qui en respecte pourtant les codes et les couleurs.

Pascal Dusapin - Aks

Pas de souvenir.

jens mcmanama

Pierre Boulez - Troisième sonate : Formant 2 - Trope

Dommage que Dimitri Vassilakis ne joue qu'un extrait : c'est splendide de poésie et de vigueur.

Peter Ablinger - Voices and piano

Cela ressemble à du Reivh avant Reich : des voix enregistrées sont diffusées et le piano en joue une analyse spectrale. Intéressant, mais sans plus. Ce doit être un extrait seulement, mais c'est pas dit.

Steve Reich - Different Trains

J'ai autrefois beaucoup aimé cette pièce, impressionné par l'alliage des voix, des sons de train et du quatuor à cordes ; puis plus du tout, énervé par l'émotion trop facile, et par la partie enregistrée qui phagocyte le jeu des musiciens. L'interprétation de ce soir, par Jeanne-Marie Conquer, Diégo Tosi, Grégoire Simon et Eric-Maria Couturier, me reconcilie aum oins avec la troisième partie, où les cordes se font plus présentes, moins noyées dans la fumée ou le brouillard.

jérôme comte

Luciano Berio - Naturale

De nouveau de la voix enregistrée, mais en guide et accompagnement de loin en loin d'une partition essentiellement pour alto solo et percussion. Si Odile Auboin est impeccable dans les parties les plus virtuoses, elle manque de ... naturel ... lorsque la mélodie frôle l'émotion plus facile. Je préfère l'interprétation de Kim Kashkashian.

Jonathan Harvey - Sprechgesang

Pas de souvenir.

Peter Eötvös - Snatches of a conversation

Pas de souvenir.

Claude Vivier - Trois Airs pour un opéra imaginaire

La soprano Caroline Melzer succède à la mezzo-soprano Isabel Soccoja qui a assuré jusqu'ici toutes les parties vocales. Comme souvent chez Vivier, cette musique me plonge dans un état second, comme dans une transe, entre une ligne vocale très mélodique même si elle s'orne d'effets, mais sans bons d'octaves, et un orchestre en sables mouvants.

Ailleurs : Michèle Tosi