dimanche 21 décembre 2014

Marc Ducret Trio + Invités (Le Triton - 6 Décembre 2014)

Pour fêter les 18 ans de son trio, Marc Ducret proposait cinq soirées de concert, autour de nouveaux morceaux ou de très anciens, avec ou sans invités. Je n'assiste qu'au dernier soir, intitulé "Small / Big".
S'installent sur le plateau de la deuxième salle du Triton les 3 membres du trio (Marc Ducret guitare, Bruno Chevillon contrebasse, Eric Echampard batterie) et trois souffleurs : Christophe Monniot aux saxophones, Fabrice Martinez aux trompettes, Samuel Blaser au trombone. Le premier morceau, "Dialectes", un ancien, est une explosion brute et sauvage, batterie en overdrive, au point de noyer la contrebasse, trompette en hurlement, guitare en coups de sirènes. Un démarrage assez effrayant, en fait. Mais heureusement, la suite offre des visages plus variés et plus abordables. Comme souvent chez Ducret, les morceaux sont à épisodes ou à tiroirs, avec des passages épiques, et des douceurs offertes en répit, où sous la puissance de feu se révèlent de subtiles couleurs, que ce soient les cymbales envoûtantes habilement interrompues d'Echampard ou les pizzicati aigus et songeurs de Chevillard. Les invités ajoutent au paysage chacun sa touche particulière : Fabrice Martinez est le plus lumineux, solaire, flamboyant ; Christophe Monniot le plus éclaté, déchiré, quelque-chose de désespéré ; Samuel Blaser le plus classique finalement, équilibré et charpenté.
Marc Ducret présente avec humour et a propos les quelques morceaux. Vu le marathon des cinq concerts successifs, ils sont malheureusement courts ; juste un set d'une grosse heure, j'en aurais bien pris davantage.

marc ducret trio + guests

Ailleurs : Franck Bergerot

jeudi 18 décembre 2014

Vidhya Subramanian (Musée Guimet - 5 Décembre 2014)

Cela faisait plusieurs années que je n'avais pas vu de spectacle de danse indienne, bharata natyam ou autre, quand Joël m'a convaincu de me rendre à cette salle de spectacle du musée Guimet pour la première fois. Arriver assez à l'avance permet, même quand la salle est annoncée complète, d'attendre qu'une place se libère, et d'entrer ; les places ne sont pas numérotées.
Pièce musicale introductive, puis entrée de la danseuse. Elle met, même dans les premières pièces plus "abstraites", une grande précision dans chaque pose et attitude, et une certaine théâtralité, mais admirablement dosée, sans ostentation.
Le cœur du programme est un enchaînement de trois pièces narratives, où la science du jeu expressif de Vidhya Subramanian éclate magnifiquement, dans toute la variété des sentiments à exprimer. Si la première histoire est une assez classique scène d'amour entre l'héroïne et Krishna (mais à la passion amoureuse s'ajoute la peur, l'attente, etc.), les suivantes sont beaucoup plus originales : une femme chez qui Krishna vient frapper se moque de lui, qui a confondu, à cause de l'ivresse accuse-t-elle, sa maison avec celle de son amante ; Krishna enfant s'empare d'un pot de beurre, et réprimandé par sa mère, menace de fuguer, avant d'avouer sa faute en riant.
Comme je n'ai pas la connaissance de Joël pour déchiffrer geste à geste les détails des histoires, j'aurais sans doute plus aimé une danse mêlant plus le narratif et la danse pure, volontiers plus spectaculaire. Mais les qualités expressives et interprétatives de Vidhya Subramanian, quand bien même une bonne partie des intentions m'échappe, suffit à me ravir, sans pour autant me subjuguer.

vidhya subramanian

mercredi 10 décembre 2014

Pierre-Laurent Aimard - Le Clavier bien tempéré (livre I)

Parmi les oeuvre emblématiques de Johann Sebastian Bach, le "Clavier bien tempéré" me reste encore pratiquement inconnu. Bien sur, le prélude et fugue inaugural en ut majeur me dit un peu plus que vaguement quelque-chose, mais c'est à peu près tout. Pierre-Laurent Aimard soigne la lisibilité des lignes, les entrées de fugue sont très précisément soulignées, privilégie des tempi plutôt élevés que sa virtuosité permet de maîtriser sans danger, aborde bien les couleurs religieuses des dernières pages. Pourtant, je ne suis pas vraiment ému, sans doute par méconnaissance de l'oeuvre : les lignes claires d'Aimard me semblent aussi un peu froides, peut-être trop sages et distanciées.

pierre-aurent aimard

Spotify Pierre-Laurent Aimard – Bach: The Well-Tempered Clavier IGlenn Gould – Glenn Gould plays Bach: The Well-Tempered Clavier Books I & II, BWV 846-893

jeudi 4 décembre 2014

William Forsythe / Ballet de l'Opéra de Lyon (Théâtre de la Ville - 23 Novembre 2014)

William Forsythe - Workwithinwork

C'est du beau Forsythe, fluide, élégant, virtuose bien sur, qui sur les surprenants, par leur coté néo-classique rare chez ce compositeur, duos pour violon de Berio, alterne les solos, duos, trios, ensemble, à chaque fois en phase avec la partition. Beaucoup de plaisir.

workwithinwork

Benjamin Millepied - Sarabande

De la danse très décorative, et sans intérêt.

William Forsythe - One flat thing, reproduced

Donc des tables, rapidement poussées en réseau, entre lesquelles la troupe louvoie, se cachant, glissant, sautant soudain, apparitions et disparitions, plaisirs de jouer, joie de partager. Beaucoup de mes voisins se précipitent vers des rangs plus haut pour profiter d'une perspective plus élevée, mais je décide de rester dans mon rang A. La vision est du coup assez atypique. Si près de la scène, le mouvement général me fait penser à un flux et reflux d'une marée humaine, les danseurs et danseuses s'approchant de façon chaotique, virevoltant autour des obstacles dressés sur leur chemin, avant de repartir vers l'arrière, puis de recommencer. Les détails constamment renouvelés, le plaisir évident des interprètes, l'énergie irrépressible des corps, l'humour, tout cela fait de ces vingt petites minutes un chef d'oeuvre de bonheur dont je sors tout ragaillardi. J'aime décidément beaucoup le Ballet de l'Opéra de Lyon chez Forsythe.

one flat thing, reproduced

Ailleurs : Danses avec la plume, La souris ...
SpotifyThom Willems – Willems: The Loss Of Small DetailVincent David – Berio & Boulez : Dialogue, Chemins, Récit...

lundi 1 décembre 2014

Orchestre National de Jazz - Europa Berlin (Carreau du Temple - 22 Novembre 2014)

Après un magnifique Europa Paris, l'ONJ d'Olivier Benoit poursuit son voyage avec Europa Berlin, donné ce soir dans leur fief parisien du Carreau du Temple, une nouvelle salle confortable et plaisante, si ce n'est que les retardataires sont acceptés et placés bien après le début du concert, ce qui finit par être gênant. Le public s'installe au milieu des fumigènes et dans un bruit de fond industriel. Après un discours inutile du maire  du 3ème, les musiciens s'avancent sur scène, formant un V laissant un espace vide au centre, qui ne sera guère utilisé ; peut-être cela leur permet-il simplement de mieux se voir les uns les autres.

onj - europa berlin

La plupart des morceaux sont pétris d'énergie, rythmique riche en groove et en complexité du batteur Eric Echampard et du bassiste (contrebasse ou basse électrique) Bruno Chevillon, section de cuivre puissante et chamarrée, piano et clavier en complément, guitare du chef le plus souvent en retrait. Les arrangements de Benoit permettent à cette matière très dense de respirer, mais beaucoup de morceaux finissent par se ressembler. Heureusement, des parties aux effectifs plus réduits émergent régulièrement : un début en trio batterie-basse-guitare, un duo piano (Sophie Agnel jouant dans les cordes ; de façon plus générale, elle joue plus que sur l'opus parisien) clavier (Paul Brousseau), un fantastique solo du violoniste Théo Ceccaldi (invoquant des souvenirs de klezmer, très émouvants), un morceau très amusant genre fête foraine s'achevant sur un solo de batterie étonnant et interrompu ...
Le tout est prenant, mais pas encore complètement rodé ; j'espère qu'ils sauront, en apprivoisant ce nouveau matériel musical, s'en libérer plus, et lui donner des couleurs plus diversifiées.

Ailleurs : Franck Bergerot
SpotifyOrchestre National De Jazz – Europa Paris

jeudi 27 novembre 2014

Hartmann Maderna Nono (Cité de la Musique - 18 Novembre 2014)

Karl Amadeus Hartmann - Adagio (Symphonie n°2)

On commence cette soirée Nono par une composition emblématique d'un de ces amis. Cette symphonie est la pièce rescapée d'un vaste cycle abandonné. Musique ample, dramatique, encore pleine d'échos (Bartok entre autres), bien.

Bruno Maderna - Ausstrahlung

De nombreuses couches se conjuguent dans cette oeuvre d'une grosse demi-heure : un orchestre disposé en arcs de cercle concentriques (c'est l'Orchestre Symphonique du SWR Baden-Baden & Freiburg, dirigé par Ingo Metzmacher), un joueur de flûte (Gunhild Ott) et un joueur de hautbois (Alexander Ott) solistes, une soprano (Laura Aikin), et une bande magnétique où sont déclamés divers textes poétiques, épiques ou mystiques (extraits de la Bhagavad-Gita du Mahâbhârata, de poèmes persans, du Véda et de l'Avesta ...). Paroles parlées ou chantées en plusieurs langues se superposant sur la bande et par la cantatrice, éclats furieux des percussions et des cuivres, nappes engloutissantes de cordes, c'est riche, et puissant.

swr baden-baden & freiburg

Luigi Nono - Como una ola de fuerza y luz

J'aime beaucoup cette pièce sur disque, et les occasions de l'entendre en concert sont rares : c'est la deuxième audition à Paris, la première ayant eu lieu en 1977 ! Elle s'y révèle absolument splendide. Plus encore que l'orchestre et la bande magnétique, je savoure particulièrement la puissance des déclamations de Laura Aikin (ces"Luciano !" véhéments et lumineux, entre révolte et détresse, serrent le coeur), et la partie de piano, jouée par Jean-Frédéric Neuburger, qui grimpe lentement de l'abîme des graves vers la lumière, mais s'arrête à mi-clavier. Une interprétation intense, bouillonnante d'énergie et de tristesse. Formidable.

SpotifyKismara Pessati – Hartmann: Symphonies Nos. 1-8Lothar Faber – Maderna: Orchestral Works (Digitally Remastered)Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks – Nono: Como una ola de fuerza y luz; ...sofferte onde serene...

dimanche 23 novembre 2014

Colin Currie Group - Steve Reich (Cité de la Musique - 8 Novembre 2014)

Steve Reich - Mallet Quartet

Des percussions à claviers (2 marimbas, 2 vibraphones), trois mouvements rapide/lent/rapide, business as usual pour du Steve Reich. Mais le premier mouvement s'avère particulièrement séduisant dans sa lisibilité mélodique, au-dessus de l'habituel tapis rythmique vif et souple à la fois. Le deuxième me semble très court, énigmatique dans son laconisme et son tempo suspendu. Le troisième est plus banal.

Steve Reich - Quartet

C'est une formation typique pour Reich : 2 pianos, 2 vibraphones. Je me demande dans quelle mesure Reich disant dans le livret "La forme que j'ai choisie a été souvent utilisée dans l'histoire : rapide-lent-rapide, le tout enchaïné sans pause" est à prendre comme une marque d'humour ou d'aveuglement de sa part. La rythmique y est moins propulsive que d'habitude, et du coup la pièce sonne plus statique, voire architecturale, avec de multiples incises et dérivations. Dixit Reich, "Le mouvement lent introduit des harmonies que l'on ne trouve pas souvent dans mes compositions". Elles ne suffisent pas à le rendre intéressant. La conclusion est plus habituelle par son allant martelé.

Steve Reich - Drumming

J'ai le souvenir de vidéos de cette pièce qui en faisait une pièce très agréable et festive. Le Colin Currie Group transforme le premier mouvement, pour quatre paires de bongos, en une impressionnante démonstration de force. Mais est-ce par absence de souplesse, par le volume sonore dégagé, la suite devient pénible, toute en puissance et sans âme. Les aigus des glockenspiels des troisième et quatrième mouvements sont particulièrement douloureux.

colin currie group

Spotify Steve Reich – Reich : WTC 9/11, Mallet Quartet, Dance Patterns

mercredi 12 novembre 2014

Planning Novembre-Décembre 2014

Presque à l'heure !


William Forsythe / Semperoper Ballett de Dresde (Théâtre de la Ville - 29 Octobre 2014)

Steptext

Par rapport à ma première vision de cette pièce, je n'ai pas ressenti la même gène par rapport à des "scories d'avant-garde" : les lumières allumées, les phrases musicales coupées brutalement, cela renvoie à une atmosphère de répétition, et les danseurs de ce soir, particulièrement athlétiques, renforcent cette impression par une attitude presque désinvolte, mais aussi assez froide, malgré les touches d'humour.

Neue Suite

Les duos ne sont pas ma forme préférée en danse - et ici,c'est une suite de pas de deux, venus de diverses autres oeuvres de Forsythe. Il y a, c'est surprenant, quelques fautes techniques - une chute, une tenue tremblotante. Les appariements proposent des couples aux hauteurs respectives fort diverses, et des musculatures plus ou moins saillantes. Personne ne m'ablouit particulièrement.

In the Middle, Somewhat Elevated

Là aussi, je suis moins enthousiaste que la première fois. J'y vois des échos des "Beach Birds" de Merce Cunningham, dans les mouvements de corps en regroupements incessamment variés. C'est magnifique, mais je ne ressens pas de frisson, est-ce du à moi, aux interprètes, aux circonstances, je ne sais. Bref, une soirée dont j'attendais bien plus, dommage ...

semperoper ballett de dresde

Ailleurs : La souris, Danses avec la plume, Toute la culture ...

mardi 28 octobre 2014

Ensemble Pygmalion - Saint Michel et le Dragon (Cité de la Musique - 12 Octobre 2014)

Johann Christoph Bach - Cantate "Es erhub sich ein Streit"

Cette courte cantate du cousin germain du père de Johann Sebastian offre de formidables moments de puissance aux trompettes, qui resplendissent en éclats victorieux. Il y a quelque-chose d'un peu brut, une absence de peaufinage, des coupures parfois abruptes dans la conduite du choeur (divisé en 22 voix !) pour cette évocation du combat de Saint-Michel et du Dragon, mais cela n'est pas du tout désagréable, bien au contraire. Une fort sympathique découverte.

Johann Sebastian Bach - Cantate BWV 19 "Es erhub sich ein Streit"

Pour le même combat, le Cantor ouvre sa cantate par un superbe choral, soutenu par un orchestre foisonnant. L'Ensemble Pygmalion s'y révèle d'une grande fraîcheur, tous les pupitres pétillants et entraînants. Comme les voix solistes sont moins exceptionnelles, à l'exception de l'alto Damien Guillon mais qui ne chante pas dans cet opus, le reste de la cantate est plus plan-plan.

Carl Philipp Emmanuel Bach - Heilig Wq 217

Pour moi, ce fut le sommet de ce concert. Si l'Ariette est toute jolie et charmante dans ses mélodies naturelles, mais animées de rythmes cascadants surprenants, c'est l'irruption du choeur des anges, que Raphaël Pichon avait placé dans la galerie supérieure, qui crée de sidérants effets d'éternité blanche. Les oppositions et les ruptures se succèdent ensuite, entre sarabande vertigineuse et statismes éthérés, qui me laissent pantois et admiratif. Découverte d'un chef d'oeuvre qui éclaire un long chemin vers le futur, du romantisme à Charles Ives.

ensemble pygmalion

Johann Sebastian Bach - Cantates BWV 130 "Herr Gott, dich loben alle wir", BWV 149 "Man singet mit Freuden vom Sieg", BWV 50 "Nun ist das Heil und die Kraft"

Aucune de ces cantates ne figure dans ma liste des préférées, cela n'empêche pas de les écouter avec grand plaisir, il y a toujours des séquences formidables, ici un dialogue entre le choeur et l'orchestre, qui rivalisent de brillance inventive et de plasticité colorée, là un obbligato de flûte imposant, ailleurs le surprenant mélange des couleurs d'un clavecin et d'un hautbois accompagnant un duo vocal, etc.

Ailleurs : Le concert est disponible quelque temps encore sur France Musique.

SpotifyJohann Sebastian Bach – Bach, J.S.: Cantatas, Vol. 7 - Bwv 17, 19, 25, 50, 78, 130, 149 ; RIAS Kammerchor – C.P.E. Bach: Magnificat, Wq. 215


lundi 13 octobre 2014

Karine Saporta - Tam Taï (Cité de la Musique - 4 Octobre 2014)

Ça commence par de la percussion asiatique, façon Kodo (c'est le Ten Drum Art Percussion Group qui officie), et par un danseur à genoux qui ondule lentement des bras. Bon début, mais qui ne découlera pas sur grand-chose. Si la musique est parfaitement exécutée, elle n'en devient pas moins au bout d'un moment répétitive dans ses effets, malgré l'ajout ça et là d'instruments non percussifs bienvenus.
Quant à la danse ... Mélanger du hip-hop et des traditions martiales à du contemporain, je n'ai pas l'impression que ce soit bien original. Et lorsque la troupe fait montre d'un niveau technique moyen, avec des absences de synchronisation fort gênantes lorsque le rythme est censé être au cœur des préoccupations de la chorégraphe, et des postures parfois fragiles, c'est un peu une douche froide.
Ajoutons un texte récité par moments abscons et à d'autres lourdingue, et on obtient , malgré de temps en temps de jolis moments et des figures spectaculaires, un spectacle qui ne s'envole jamais, une suite de vignettes sans lien narratif, et sans grand intérêt. A oublier vite fait.

tam taï


samedi 11 octobre 2014

EIC - Senk Ratkje Mahler (Cité de la Musique - 23 Septembre 2014)

Nina Senk - Iris

En préambule au concert, un extrait du film "Voice - Sculpting Sound", consacré à Maja S. K. Ratkje, est diffusé, qui montre un pinceau traçant une ligne bleu sur diverses surfaces et contextes. Cela me fait fortement penser à Saariaho, décrivant une de ses oeuvres comme un pinceau au départ lourd et chargé puis de plus en plus léger et immatériel. Et cette référence reste forte au cours de ce concerto pour alto, où Odile Auboin trace sa route crânement, presque indifférente aux paysages contrastés et mutants proposés par l'orchestre, qui sonne très ... saariahien. La clarté de l'argument, la beauté des pages orchestrales, l'allant sans trop de virtuosités de la partie soliste, sont très convaincants.

iris, pour alto et ensemble

Maja S. K. Ratkje - Concerto for Voice (moods IIIb)

Nouvel extrait du même film - sans grand intérêt ; ça occupe pendant le changement de plateau. Ratjke est une performeuse vocale, qui se donne dans ce concerto une série de cadres précisément écrits pour l'orchestre, dans lesquels elle improvise, sans mots et avec un micro, entre sonorités très corporelles et abstractions frisant l'électronique. C'est parfois déroutant, souvent impressionnant et volontiers spectaculaire, et plutôt captivant de bout en bout. Le claviériste ajoute une machine à écrire au son très vintage et évocateur, pour parler du langage d'une autre manière.

Gustav Mahler - Le Chant de la terre (transcription Glen Cortese)

Je connaissais la transcription pour petit orchestre de Schoenberg / Riehn, en voici une autre, par le compositeur Glen Cortese, datant de 2010. Elle rend superbement, et l'EIC dirigé par Matthias Pintscher m'embarque dans les climats doux-amers, bucoliques, puis tragiques, de la suite. Belles voix : Steve Davislim, un peu en force dans "Das Trinklied" puis très bien (le rôle du chanteur dans "Le Chant de la terre" est toujours assez ingrat, qui doit affronter de grandes difficultés techniques et des mélodies parfois un peu abruptes, tout ça pour se faire voler systématiquement la vedette par la chanteuse, à cause de "Der Abschied" ...) ; Lilli Paasikivi, impériale.

le chant de la terre

Bref, pour le premier concert de l'EIC de la saison à la Cité, une excellente soirée !

Ailleurs : Michèle Tosi
SpotifyMahler: Das Lied von der Erde- transcription CorteseMahler: Das Lied von der Erde- transcription Schoenberg Riehn

dimanche 21 septembre 2014

Airelle Besson + Nelson Veras / Donkey Monkey + Journal Intime (La Dynamo - 11 Septembre 2014)

Airelle Besson, Nelson Veras

Ce duo, elle à la trompette et lui à la guitare, présente leur futur CD "Préludes". Nelson Veras est toujours aussi délicat, subtilement virtuose, notes en apesanteur. Airelle Besson, hésitante dans le première morceau, s'impose ensuite, dans des compositions qui sont essentiellement les siennes. Musiques atmosphériques, climatiques, plutôt sereines, aux rythmiques douces, aux lumières souvent ouatées. Il y a des souvenirs de neiges, d'hiver nordique. Mais aussi des moment plus vifs, comme le fameux "Pouki Pouki". Un très joli moment.

airelle besson / nelson veras

Journal Intime & Donkey Monkey

En deuxième partie, la musique est beaucoup plus agitée. Nous avons au centre le trio de cuivre "Journal Intime" : Sylvain Bardiau - trompette, Frédéric Gastard - saxophone, Matthias Mahler - trombone. S'amusant à agrémenter leurs instruments de quelques tuyaux ou embouchures fantaisistes, ils développent une puissance parfois impressionnante, et une grande habileté pour entremêler les lignes rythmiques et mélodiques, afin de sonner comme un mini-big band, Et les entourant, nous avons un duo, Donkey Monkey : Eve Risser - piano, Yuko Oshima - batterie. Elles s'aventurent d'habitude volontiers dans l'expérimental, mais moins dans ce contexte de réunion avec "Journal Intime" : Eve Risser joue du piano préparé à la volée (objets déposés sur les cordes, etc.), mais le coeur des morceaux se fait plutôt en accords puissants ; et Yuko Oshima assume un rôle de "batterie" presque conventionnel, sans explorations percussionnistes trop appuyées.
Les morceaux ont tous un peu la même structure : un début en recherche sonore, où tout flotte un peu, pour peu à peu se poser, s'enraciner, puis monter en puissance, avec l'essentiel des morceaux balançant une grande et belle puissance de feu. Le morceau "Tokyo Blues", où les deux femmes s'amusent à "chanter", ressort particulièrement.

journal intime / donkey monkey

Ailleurs : une vidéo de présentation de "Préludes" ; Journal Intime et Donkey Monkey au Jazzdor 2013.

mercredi 17 septembre 2014

Yes is a Pleasant Country (Cité de la Musique - 8 Septembre 2014)

C'est la troisème fois que je vois ce trio, et peut-être l'émotion ne sera-t-elle jamais plus aussi intense que la première fois ?
Je retrouve avec grand plaisir l'interactivité entre les trois musiciens, Jeanne Added au chant, Vincent Lê Quang au saxophone, Bruno Ruder au piano, qui s'écoutent, se répondent, s'opposent rarement ; les enchaînements entre les morceaux, qui dans des séquences d'une vingtaine de minutes, mélangent époques ambiances et émotions, et ce de façon partiellement improvisée. Il y a plusieurs nouveaux morceaux, principalement écrits par Lê Quang sur des textes de Yeats. Mon préféré est "Before The World Was Made".
Mais je ne retrouve pas les sommets d'émotions vécus au Studio de l'Ermitage. Moins de contrastes, et moins d'intensité. Un concert très agréable, mais un peu trop tranquille et confortable, là où j'attendais d'être secoué.

yes is a pleasant country

Ailleurs : Eric Bergerot

Henri Texier / Get The Blessing (Grande Halle de la Villette - 7 Septembre 2014)

Get The Blessing

Dans le grand marathon proposé par Jazz à la Villette pour célébrer l'année 1959, je n'ai choisi que ce concert. "Get The Blessing" est censé honorer le "The Shape Of Jazz To Come" de Ornette Coleman, et le bassiste et leader Jim Barr assurera que toutes les musiques présentées ce soir ont été inspirées par cet inventeur hors-pair. Mais à part un excellent "Lonely Woman", traité en paliers successifs d'intensité, et qui me fait fort curieusement penser à du Pink Floyd, ce ne sont que des morceaux de "Get The Blessing" qui seront jouées. Parfois, la filiation avec Coleman sonne de manière presque évidente, comme dans "Quiet", joué juste avant "Lonely Woman", ce qui permet d'en découvrir les atomes crochus. Parfois, la connexion est disons plus floue. Mais cela reste un excellent concert, parce que "Get the Blessing" est un bon groupe à voir sur scène, inventif et accessible, même si la grande salle Charlie Parker est moins favorable que le Triton : moins d'anecdotes et de chaleur humaine, trop de distance.

get the blessing

Henri Texier

A la tête de son Hope Quartet agrandi en sextet (Nguyên Lê guitare ; François Corneloup et Sébastien Texier saxophones ; Armel Dupas piano, Louis Moutin batterie), Henri Texier propose un hommage beaucoup plus direct : ce ne seront que des reprises du "Mingus Ah Um" de Charles Mingus. Les thèmes sont là, certains bien connus ("Fable of Faubus" ou "Goodbye Pork Pie Hat") d'autres moins ("Pussy Cat Dues" ...), présentés de manière très fidèle, puis viennent les solos à la queue leu leu, on reprend le thème, puis on passe au morceau suivant. Pour tout dire, j'ai trouvé cela assez pantouflard, sans grand risque ni fièvre, et finalement plutôt ennuyeux.

henri texier sextet

Ailleurs : Mosaïc-Jazz
Spotify Ornette Coleman – The Shape Of Jazz To ComeCharles Mingus – Mingus Ah Um

mardi 2 septembre 2014

Planning Septembre-Octobre 2014

Jazz à la Villette puis EIC, commençons l'année par les repères habituels ...


jeudi 28 août 2014

Virginie Teychené, Youn Sun Nah, Eliane Elias (Marciac - 2 Août 2014)

Virginie Teychené

Accompagnée de Stéphane Bernard au piano, Gérard Maurin à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie, c'est avant tout la voix de Virginie Teychené qu'on remarque : une technique exceptionnelle, qui lui permet de passer du chant au scat, des acrobaties à la limpidité, et ce dans tous les styles, standards ou rythmes brésiliens. C'est aussi pour l'instant la limite de cet exercice : difficile de percevoir une personnalité derrière ce catalogue qui frôle la démonstration. Peut-être au fil du temps aurait-on mieux perçu la spécificité de son univers personnel, mais au bout de 20 minutes, la direction du festival lui coupe le micro, et demande au public d'évacuer, pour cause d'orage violent en approche.
De fait, tout le monde sort, et là des hauts-parleurs nous incitent à nous mettre à l'abri comme on peut. Le déluge chasse certains vers le village, d'autres vers des abris de fortune, à l'abri d'un mur ou d'une tente providentielle. Les vents se déchaînent une bonne demi-heure, puis, quand la pluie seule subsiste, le public, du moins ceux que les rumeurs d'annulation n'ont pas découragés, est invité à regagner le chapiteau, après une interruption d'une bonne heure et demie.
pluie à marciac

Youn Sun Nah

Arrivant seule sur scène avec sa kalimba, elle se désole que Virginie Teychené n'ait pu continuer son set, et du coup, comme on pouvait s'y attendre, l'invite pour chanter en duo "My Favorite Things". Duo extraordianire ! Des deux, c'est Teychené qui prend le plus de risques, harmoniques et mélodiques, contrepoint de la presque fragilité de Youn Sun Nah. Grand moment, j'espère capturé d'une manière ou d'une autre.
Après le départ triomphal de l'invitée, les musiciens désormais habituels rejoignent Youn Sun Nah : Ulf Wakenius à la guitare, Vincent Peirani à l'accordéon, Simon Tailleu à la contrebasse. Le début du concert est plutôt lent et sombre : "Hurt", "Inner PrayerUncertain Weather", lancinant, "Lament", poignant.
Et puis vient "Momento Magico". Oh oui, oh combien magique, ce moment ! Les acrobaties rythmiques du début du morceau sont un amuse-bouche somptueux, auquel succède un succulent solo de guitare par un Wakenius déchaîné et subjuguant, puis un pont extraordinaire de  Youn Sun Nah toute en puissance, qui renverse le chapiteau plus surement que toute tempête.
C'est Vincent Peirani qui brille ensuite dans "Empty Dreams", même si la complication rythmique de la mélodie à la base du morceau lui enlève son charme de ritournelle. Mais ses solos sont d'une douceur et d'une inventivité toujours sans pareille. Simon Tailleu, quant à lui, n'apporte pas qu'une base rythmique impeccable (je ne remarque même pas l'absence du percussionniste qui avait contribué à l'album), il donne aussi une profondeur au paysage musical déployé, des racines terrestres qui aident à l'envol.
Suivent en variations de douceurs et de forces un "Pancake" délicieux, "Arirang" éthéré, puis "Ghost Riders in the Sky"pour finir sur une note forte et épicée.
En bis, "Mistral". Et tout du long, la simplicité de Youn Sun Nah, et sa gestuelle si particulière où elle semble mimer la musique.
Les personnes qui m'accompagnent et m'ont permis d'assister à ce concert (grand merci à eux !) me disent ne m'avoir jamais vu aussi vivant que lors de ce concert (il est vrai que je tremblais presque d'émotion à certains moments).
youn sun nah quartet à marciac

Eliane Elias

Après un tel torrent d'émotions, la prestation d'Eliane Elias me semble bien terne; Les morceaux se ressemblent tous un peu, et me laissent sur place. En invité spécial, Rick Margitza mouline interminablement. Finalement, vue aussi l'heure fort tardive, on lève l'ancre à mi-parcours.
eliane elias quartet à marciac

Ailleurs : Jacques Aboucaya
Spotify Youn Sun Nah – LentoVirginie Teychené – Bright And Sweet

samedi 21 juin 2014

Concert-rencontre : Univers parallèles (Cité de la Musique - 18 Juin 2014)

Le titre indique bien "concert-rencontre". Il y aura en définitive plus de parlotte que de musique. Il s'agit d'abord d'expliquer le projet, mené par Anne-Lise Gastaldi et Valérie Haluk, et qui consiste à commander à des compositeurs vivants des oeuvres destinées à de jeunes élèves de piano. Après un premier recueil "Piano Project", où certains morceaux étaient trop complexes pour être vraiment jouables par des enfants ou adolescents, le deuxième tome, présenté ce soir, respecte plus le cahier des charges. Ce seront des élèves de ces deux professeurs qui les joueront en deuxième partie.
Pour ces "Univers parallèles", une nouvelle contrainte a été ajoutée : les compositeurs devaient s'inspirer d'une oeuvre exposée au Louvre ; cela permettant peut-être de s'accrocher au visuel de l'oeuvre pour entrer dans le monde de la musique.
Du coup, les différentes peintures et sculptures nous sont présentées par un responsable pédagogique du Louvre, après quoi la musique inspirée par est expliquée par l'une des professeurs, ou par le compositeur lui-même, puisque Mauro Lanza, Bruno Mantovani, Gérard Pesson et Philippe Manoury sont là.
Toute cette discussion est plutôt intéressante, bien menée par Emmanuel Hondré, même si on dépasse assez largement la demi-heure prévue. Après quoi, les élèves viennent jouer à tour de rôle leur morceau, sous l'oeuvre inspirante projetée sur écran ; le tout est rapidement enchaîné.
Les morceaux sont tous assez courts, et plutôt lents. Ce ne sont pas des pièces destinées à être des chef-d'oeuvre. Plusieurs d'entre elles ne me laissent aucun souvenir. Je note le reste.

Philippe Manoury - L'Astronome

(d'après "l'Astronome" de Johannes Vermeer) Microcosme de la pièce fermée, macrocosme du monde évoqué par le globe terrestre, la lumière du dehors ... Pièce presque narrative, avec le calme des pensées du savant, puis l'agitation d'une idée, puis un retour au calme. Pas mal.

Cristobal Haffner - Contando Una Historia ...

(d'après "Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon" de Domenico Ghirlandaio) Le début est fort beau, avec les échanges entre les deux mains qui traduit le croisement des regards. L'évocation de souvenirs de guerre, et l'espoir final en une paix durable, sont moins convaincants.

Bruno Mantovani - Autoportrait

(d'après "Autoportrait" de Giovanni Gerolamo Savoldo) Comment donner de l'épaisseur à la musique quand on ne peut pas utiliser la virtuosité ou la vitesse ? Mantovani utilise l'intensité, et la pédale d'effet. Ce n'est pas totalement réussi.

Mauro Lanza - Six coquillages sur une tranche de pierre

(d'après "Six coquillages sur une tranche de pierre" d'Adrian Coorte) La forme de cette musique est très intéressante, avec des spirales imbriquées. A la fois simple et intriguant. Très beau, ma pièce préférée de la soirée.

Gérard Pesson - Les Bergers d'Arcadie

(d'après "Les Bergers d'Arcadie" de Nicolas Poussin) Il faut six mains pour cette pièce, qui fonctionne en panneaux nous dit Pesson, comme des épisodes qui glissent l'un dans l'autre, mais préservant une grande part de mystère.

univers parallèles

dimanche 1 juin 2014

Dutilleux par Les Dissonances (Cité de la Musique - 25 Mai 2014)

Henri Dutilleux - Ainsi la nuit

David Grimal commence le concert par un petit laïus, s'excusant de troubler un après-midi ensoleillé de Mai par une musique aussi abstraite. Il est à la tête d'un beau quatuor, avec Hans-Peter Hofmann en second violon, David Gaillard à l'alto, et Xavier Phillips au violoncelle. Mais quelque-chose manque à leur interprétation, qui reste un peu plate. Les meilleurs moments sont les excursions dans les aigus, où surgit, là, la tension nécessaire.

Henri Dutilleux - Mystère de l'instant

Voilà qui est plus convaincant. Climats languides ou plus fiévreux, échos de Bartok et de Debussy, expressivité du cymbalum : même si je n'ai pas la tête suffisamment libérée des soucis professionnels pour pleinement apprécier, c'est beau.

Je ne reste pas pour la seconde partie (première symphonie de Brahms).

Ailleurs : Zvezdo

Spotify Heinz Holliger, Dénes Várjon, Orchestre de Chambre de Lausanne – Sándor Veress - Concerto pour piano / Henri Dutilleux - Mystère de l'instant / Béla Bartók - DivertimentoQuatuor Rosamonde - Schoenber, Ligeti, Dutilleux : Nuits

jeudi 8 mai 2014

Planning Mai-Juin 2014

En ayant une semaine de retard, j'ai déjà passé presque la moitié des spectacles prévus pour ces deux mois - c'est dire si le programme est léger.


Ensemble De Caelis - Sol absolu (Cité de la Musique - 7 Mai 2014)

Le spectacle est formé de deux parties, enchaînées sans entracte. Dans la première, l'Ensemble De Caelis, constitué de cinq chanteuses spécialisées dans la musique du Moyen-Age, propose une suite de monodies, conduits et motets des XIII et XIVème siècle. Les montées en tension sont bien menées, en commençant par une monodie, puis une polyphonie relativement simple, suivi d'un conduit où les voix hautes deviennent virtuoses. De plus, le quintet vocal a dans sa manche un atout : Alia Sellami, experte en chant arabe traditionnel, qui se lance à quelques reprises dans des improvisations, soit au-dessus des autres voix, soit en solo. Ces interventions sont remarquables, et par moments tout simplement magiques. Et même si je n'aime pas la façon de diriger de Laurence Brisset, même si parfois les attaques me semblent un peu trop floues, je prends un grand plaisir à découvrir ce répertoire venu d'une époque fort diversifiée, entre les techniques très simples des monodies, et les bouleversements plus ou moins digérés de l'Ars Nova.
La deuxième partie est consacrée à une pièce contemporaine, "Déserts", de Jonathan Bell, qui met en musique des poèmes de Lorand Gaspar (dont plusieurs extraits du recueil intitulé "Sol absolu" qui donne son nom à al soirée). Ce n'est pas mauvais, mais après les grands moments de la première partie, ça me parait un peu trop gentil, et un peu fade.

ensemble de caelis

Spotify Ensemble De Caelis – Missa Tournai

Anne Teresa De Keersmaeker - Vortex Temporum (Théâtre de la Ville - 4 Mai 2014)

On commence ... par le premier mouvement de la pièce musicale de Gérard Grisey, interprétée avec intensité et sans partition par des musiciens de l'ensemble Ictus. Puis les danseurs viennent les remplacer, et c'est une sorte de transcription, chaque musicien remplacé par un danseur, chaque moment de la musique transformée en un mouvement spécifique. Puis les deux se mêlent, danse et musique, ou plutôt musique et danse, celle-ci étant un écho, une ombre, de la première.
Comme j'adore cette pièce, et que l'interprétation est d'un très haut niveau, je me régale à écouter Ictus. Par contre, je trouve qu'il manque quelque-chose au niveau de la danse. La démarche est brillamment conceptuelle, mais ça manque de chair, de contacts, de corps. Je ne crois pas qu'il y ait un seul moment où les corps sur scène se touchent. Ils courent beaucoup, en rond, comme d'habitude chez Keersmaeker, ils virevoltent et se tordent en tous sens, toujours au plus près de la musique et de ses propres distorsions et transformations, mais restent des vecteurs, non pas anonymes parce que les personnalités sont bien marquées, tant pour les musiciens que pour les danseurs, mais abstraits ; alors que j'aime dans la chorégraphie l'entre-deux des idées incarnées, ici la seconde partie de l'équation manque.

vortex temporum

Ailleurs : Attractions visuelles
Spotify Gérard Grisey - Vortex Temporum

Faustin Linyekula - Drums and Digging (Théâtre des Abbesses - 30 Avril 2014)

Faustin Linyekula s'avance sur la scène et explique qu'après avoir raconté des histoires depuis 10 ans, il aimerait bien ne plus avoir à traiter de la misère. Mais comment faire, quand on est Congolais ? Il présente un à un les danseurs / acteurs / musiciens qui vont l'accompagner, le temps de ce spectacle, dans un voyage vers certaines racines personnelles. Mais quand le maître des percussions de son enfance est devenu pasteur et du coup ne joue plus de musique, quand il traverse des villages en ruines, difficile d'échapper au désespoir. Il faut cependant continuer à chercher le rêve, peut-être ailleurs.
De la danse, il y en a un peu, mélange réussi de danse africaine traditionnelle, sauts, départs vers la transe, rythmes, et de techniques plus modernes, torsions d'épaules, corps anguleux. De la musique, aussi, percussions, chants. Mais surtout beaucoup de paroles, qui au bout d'un moment me fatiguent.
Quant à la scénographie, elle reste mystérieuse, comme cette structure bâtie peu à peu et où sera suspendu une étoffe, mais dont je ne vois absolument pas le sens. Ou cette marionnette au premier plan - je ne sais plus si elle du tout utilisée.
Au final, un spectacle où la sincérité de la démarche ne parvient pas tout à fait à compenser le fait qu'il n'apparaît pas vraiment abouti ; il semble y avoir un discours, un message, une intention, qui reste, pour un spectateur français lambda tel que moi, assez nébuleux.

faustin linyekula

Ailleurs : Attractions visuelles

dimanche 4 mai 2014

Simon Goubert Quintet (Sunside - 26 Avril 2014)

On commence par une sorte de solo de batterie à la fois minimaliste dans l'instrumentarium utilisé et fort complexe et libre sur la rythmique. Puis les autres les rejoignent, les complices habituels de Simon Goubert, à savoir Sophia Domancich au piano, Boris Blanchet au saxophone et Michel Zenino à la contrebasse, et un nouveau venu qui transforme le quartet en quintet : Jean-Michel Couchet, également au saxophone.
On est dans une lignée clairement coltranienne, non par l'aspect mystique, mais par les structures modales utilisées. C'est des saxophonistes que viennent du coup les étincelles les plus flamboyantes :  Boris Blanchet pousse les thèmes à leurs limites harmoniques, en courtes séquences exploratrices étincelantes ; Jean-Michel Couchet possède un naturel confondant, sa musique sonne magnifiquement évidente ; entre eux deux on déguste.
A la batterie Simon Goubert délivre une énergie conséquente qui alimente les autres membres, et l'agrémente de dérivées diverses, des contre-rythmes en 3/4 ou en 5/4, des jeux sur les sonorités des cymbales, pas mal de surprises qui font vivre et respirer la musique de belle manière. A ses cotés, il faut un contrebassiste solide qui permette bien de se caler, ce que fait très bien Michel Zenino.
J'ai plus de mal à comprendre le jeu de Sophie Domancich, classique d'approche et peut-être trop subtil dans ce contexte, ses solos sont plus des pauses entre les saxophonistes (et d'ailleurs se font rarement applaudir par manque de spectaculaire).
Les morceaux, essentiellement de Goubert il me semble, avec une reprise de Coltrane au milieu, durent proches du quart d'heure. En troisième partie, Goubert annonce une jam-session avec des musiciens amis présents dans la salle, mais je n'ai pas l'énergie suffisante pour rester, j'ai eu amplement ma dose de bon Jazz pour ce soir.

simon goubert quintet au sunside

lundi 28 avril 2014

Petite Moutarde (Ateler du Plateau - 18 Avril 2014)

Pour son quartet "Petite Moutarde", le violoniste et altiste Théo Ceccaldi a choisi de s'entourer d'Alexandra Grimal aux saxophones (avec qui il joue également dans la dernière mouture de l'Orchestre National de Jazz), d'Ivan Gélugne à la contrebasse, et de Florian Satche à la batterie.
A sa demande, l'Atelier du Plateau lui a passé commande et proposé un thème : Paris au cinéma. Cela a généré une mise en scène, qui fonctionne parfaitement, même si elle a été montée très rapidement : des courts-métrages en noir et blanc, d'essence plutôt surréaliste, sont projetés sur le mur, ou sur un gros ballon que le batteur finira par crever d'un violent coup de baguette. Il me semble avoir déjà vu au moins un de ces films, sans doute à Beaubourg : une procession funèbre accélère peu à peu et finit en course-poursuite à travers champs.
Quant à la musique, elle n'est pas simple à définir. Que j'ai laissé passer 10 jours n'aide pas, mais le soir même, j'avais du mal à la catégoriser. Elle est surtout très diverse, entre des moments Free où chacun fait du bruit dans son coin, et d'autres beaucoup plus intimistes. Le découpage même entre les morceaux n'est pas évident, le public hésitant plusieurs fois entre applaudir ou pas quand se présente un silence.
Alexandra Grimal a ajouté un saxophone, deuxième soprano ou sopranino ?, à sa panoplie. Mais la découverte de la soirée est Théo Ceccaldi lui-même, très impliqué dans ses interventions souvent fougueuses, qui joue parfois de ses cordes comme d'un banjo, une personnalité musicale à découvrir.

"petite moutarde" à l'atelier du plateau "petite moutarde" à l'atelier du plateau

Edit. La fiche de présentation de la soirée indique quel est le film projeté : il s'agit de "Entr'acte" de René Clair. Mais s'il y a une filiation entre Erik Satie et la musique jouée ce soir, elle n'est pas évidente !

dimanche 27 avril 2014

Amsterdam Baroque Orchestra - Passion selon Saint Matthieu (Salle Pleyel - 15 Avril 2014)

Après la déception de la Johannes Passion par le Bach Collegium Japan, cette Matthaus Passion menée par Ton Koopman me plait infiniment plus, parce qu'elle est à hauteur d'homme, et pleine de vie. Les moments qui me saisissent le plus ne sont pas les plus dramatiques (le "Ach Golgotha" par exemple) mais au contraire des moments de joie, des mélodies simples qui touchent en plein coeur, comme "Buss und Reu" ou "Ich will dir mein Herze schenken". L'Amsterdam Baroque Orchestra offre une belle souplesse, et les vents ont des couleurs toutes scintillantes et aimables. Le Choir est accompagné pour la première partie seulement du Jeune Choeur de Dordogne, sans que je perçoive vraiment son intérêt. Une leçon de cette Passion est que la polyphonie vocale virtuose, c'est le Mal : spectaculaires moments de chaos réglé au cordeau lorsque les prêtres se moquent de Jésus, ou quand la foule réclame la libération de Barrabas. Parmi les solistes, j'ai le plus aimé les voix aiguës : la soprano très solide Hana Blazikova, et l'alto Maarten Engeltjes, parfois à la limite d'être emporté par son émotion. Si les autres voix en font parfois trop ou ont de légers défauts, ce n'est pas bien grave : la musique de Bach est magnifiquement présente, infiniment consolatrice et réconfortante, source inextinguible et désaltérante, affirmation de vie même au moment du pire.



Spotify : Ton Koopman – Bach: Matthäus Passion - BWV 244Hana Blazikova – German Baroque Cantatas

mardi 22 avril 2014

Turbulences - Air Libre (Cité de la Musique - 12 Avril 2014)

Des trois concerts marathons "Grand Soir" proposés cette année par la Cité et l'EIC, c'est celui qui m'a le plus plu, dans son organisation : la deuxième partie obligeant à se déplacer, et la troisième partie se résumant à une seule oeuvre d'accès plus aisé, permettaient le mieux de ne pas craindre les effets de la fatigue.

Merci à Bruno Mantovani d'avoir ainsi évité l'effet d'overdose qui m'avait atteint lors des deux premières éditions.

On commence dans la grande salle.

Brian Ferneyhough - Cassandra's Dream Song

A mesure que le temps passe, le caractère virtuose hallucinant de la partition s'efface un peu au profit de l'aspect onirique, et presque de douceur dans la flûte d'Emmanuelle Ophèle. Splendide.

Raphaël Cendo - Badlands

Pièce pour percussionniste seul. Le livret indique que les instruments ont été largement préparés : feuilles d'aluminium, lamelles d'argent. A l'audition, ça ne s'entend guère, sans doute parce que le son de base de toutes ces percussions n'est pas suffisamment inscrit dans mon oreille pour que je sente la modification. C'est une pièce pour percussion comme il en existe tant d'autres, pas désagréable.

Johannes Boris Borowski - Concerto pour basson et ensemble

J'ai le souvenir, mais guère plus, d'avoir suivi avec plaisir cette pièce, pas particulièrement novatrice, mais intéressante, comme on dit ...


La deuxième partie du concert se déroule entre l'amphithéâtre et différents coins du musée de la musique ; il faut faire des choix, impossible d'assister à tout. Je choisis de rester dans le musée.

Isang Yun - Inventionen / Franco Donatoni - Luci II

"Inventionen" est pour 2 hautbois, "Luci II" est pour basson et cor. Les deux sont en plusieurs parties. Les solistes de l'EIC alternent du coup entre les deux. C'est toute une série de formes de duos qui est ainsi présentée, de lignes parallèles en échos, de tuilages en questions-réponses. Ca reste léger, très joli, et assez savoureux dans ce cadre très proche des musiciens.

Bruno Mantovani - Métal

Cette oeuvre, déjà entendue par ses commanditaires Meyer et Portal, ressort mieux ce soir. J'en apprécie surtout les mouvements rapides, où la rythmique est superbement vive et swinguante. Réjouissant.

Dai Fujikura - Calling

Ce compositeur était dans ma liste des "à suivre", là j'ai été très déçu. Ce solo pour basson utilise des modes de jeux qui ne me captivent absolument pas, et me semble du coup d'un ennui interminable et par moments pénible.

Thierry de Mey - Musiques de table

C'est une pièce assez courte, mais spectaculaire, qui relève autant de la musique que de la chorégraphie : trois percussionnistes sont assis devant une planche de bois qu'ils frappent, frottent, tapotent des doigts, du dos ou du plat de la main, dans des séries de gestes synchrones ou décalés. Le résultat est aussi minimal et varié qu'une pièce de Keersmaeker, avec l'humour presque absurde qu'il faut : cérémonial du tournage des pages, intensité exagérée de la concentration. A noter l'apparition en percussionniste de Grégoire Simon, habituellement altiste ... Curieusement, ils enchaînent sans laisser applaudir sur :

Bruno Mantovani - D'une seule voix

C'est un duo violon-violoncelle traité comme un instrument unique. L'écriture y est par moments presque "classique" (en hommage à ?), moins précipitée et rythmique que souvent chez Mantovani. Intéressant ...


On retourne dans la grande salle pour la troisième partie.

Steve Reich - Musique pour 18 musiciens

C'est une belle manière de clore la soirée : une musique pas trop exigeante, mais confortable et rassérénante. Ce sont (comme toujours ?) les Synergy Vocal qui tiennent les chants ; ils sont toujours aussi précis et parfaits dans l'utilisation des micros, même 'il faut un petit temps pour qu'à la table de mixage ils fondent correctement les voix dans le reste de la texture sonore. Il n'y a pas de chef, ce sont les percussionnistes qui à tour de rôle indiquent les changements de séquence, et se déplacent pour se faire en position centrale. Ces va-et-vient rajoutent une dimension de mise en scène propice à plus de concentration, et c'est bien. L'arrivée des maracas produit toujours son effet euphorisant, et dans l'ensemble, cela permet de sortir sur un petit nuage de jubilation tranquille.

Ailleurs: ResMusica

samedi 19 avril 2014

Turbulences - Air libre (Cité de la Musique - 11 Avril 2014)

Avant de prendre sa place de chef d'orchestre devant l'EIC, Bruno Mantovani place la soirée, dont il a conçu le déroulé, sous le triple signe de l'opposition soliste / ensemble, de la clarinette, et de Pierre Boulez.

Igor Stravinski - Trois pièces, pour clarinette

En apéritif, ces quelques minutes de clarinette, où j'apprécie particulièrement la fraîcheur vivifiante de la 2.

Bruno Mantovani - Concerto de chambre n°2

La durée de 17 minutes est dans le standard des pièces contemporaines, et l'effectif de 6 musiciens est également habituel. Mais l'art de Mantovani pour les alliages inédits, pour les contrastes instantanés, pour les ruptures finement négociées, donne beaucoup de charme à ce morceau, que j'aimerai bien réentendre.

Pierre Boulez - Anthèmes 1, pour violon

Ca reste un morceau de concours. Je préfère la version 2, avec électronique.

György Ligeti - Concerto de chambre

Je ne sais pas pourquoi ce morceau ne me touche pas plus que ça : on y retrouve pourtant bien des caractéristiques ligetiennes, du statisme semi-liquide aux horlogeries démoniaques. Mais quelque-chose me manque. Peut-être ce concerto reste-t-il trop abstrait et conceptuel.

Pierre Boulez - Dialogue de l'ombre double

Depuis quelques années, c'est Jérôme Comte qui s'est emparé de ce classique. Son interprétation ce soir m'émeut particulièrement. J'ai l'impression qu'elle est plus rapide, peut-être plus fragile, et du coup plus intense et captivante, un parcours entre joies et détresse. Grand effort de mise en scène, les 6 pupitres successifs sont dans les gradins de l'étage, et cette fois ça fonctionne parfaitement.

Bruno Mantovani - Concerto de chambre n°1

Je n'ai pas vraiment plus aimé que la première fois. Ce sont les tutti des 17 musiciens qui me déplaisent le plus ; un peu gavé de clarinette, du coup c'est le solo de violoncelle qui me plait le plus.

dimanche 13 avril 2014

Lemi Ponifasio - The Crimson House (Théâtre de la Ville - 4 Avril 2014)

Pour ce troisième spectacle vu de ce chorégraphe, il y a certains éléments que j'ai plaisir à retrouver, même si cela devient une sorte de radotage, comme ces sortes de moinillons aux gestes d'arts martiaux et à la démarche glissante : ils sont toujours aussi stupéfiants, mais c'est littéralement du déjà-vu.
Une autre caractéristique, c'est la beauté de la mise en scène, pleine d'obscurité, découpée par quelques lumières vives, de néons verticaux, ou plus diffuses, comme celles des écrans vidéos. La majeure partie de la scène est indiscernable, et les corps flottent dans un espace à la profondeur de champ très étudiée.
Malheureusement, à l'obscurité de la scène s'ajoute celle du propos. Il y a un sentiment d'oppression, de tension, des corps aux visages indéfinis, comme robotisés ou rendus androïdes, qui prennent de longues poses quasiment immobiles. C'est magnifique et glaçant, mais aussi très statique, à la limite du mort, et comme le sens de tout cela est peu clair, l'émotion a du mal à se concrétiser.
Elle le fera dans la dernière scène, où un homme, enfin au naturel, agonise allongé sur le sol dans son sang qui lentement s'étend.


mardi 8 avril 2014

Dal Sasso Belmondo Big Band - A Love Supreme Revisited (Cité de la Musique - 28 Mars 2014)

Célébrer le "Love Supreme" de John Coltrane à l'occasion de ses 50 ans, bonne idée, a priori, mais comment faire pour en régénérer l'énergie fiévreuse et la ferveur mystique ? Le Big Band réuni ce soir n'aura pas la réponse à cette question, malheureusement. Les couleurs de l'orchestre, 15 personnes où brillent nombre de gens connus et reconnus, me semblent trop plates, banales, sans surprises. Les solos s'y plaquent, souvent trop longs. Les thèmes coltraniens ("A Love Supreme" ne viendra qu'en deuxième partie mais sera traité de la même manière) n'en sortent pas ragaillardis mais au contraire comme édulcorés, sans audace particulière. La présentation des morceaux et des musiciens par Christophe Dal Sasso est assez fastidieuse. Il n'y aura guère que le solo de tuba de Bastien Stil qui me sort un peu de ma torpeur, parce que l'instrument est inhabituel. Bref, pas grand-chose à sauver. En fin de concert, Lionel Belmondo concède que le concert était assez "guindé". Le premier bis, "One Down, One Up", lâche un peu plus les brides, mais sans m'intéresser assez pour que je reste. J'espère que lors des concerts suivants, ils sauront mieux faire monter la sauce.

Spotify: Dal Sasso/Belmondo Big Band – John Coltrane: A Love Supreme

lundi 31 mars 2014

Le Faiseur (Théâtre des Abbesses - 25 Mars 2014)

A coté de ses romans, Balzac a écrit quelques pièces de théâtre, "Le faiseur" en étant la plus célèbre. Cela raconte quelques jours dans la vie de Mercadet, un faiseur, c'est-à dire quelqu'un qui fait des affaires, ou dirait aujourd'hui un affairiste. Criblé de dettes, menacé de ruine, il menace, séduit, ment, complote, subjugue, invente mille ruses et astuces pour ne pas payer et se refaire une santé financière, quitte à y sacrifier sa fille, pour la marier à quelque riche héritier qui se révèle n'être qu'un autre faiseur. Tout rentre dans l'ordre à la fin grâce à un deus ex machina particulièrement improbable et ironique.

La mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Mota utilise un décor très mouvant, où le plancher bascule en pente d'un coté ou de l'autre, créant une réalité fluctuante, soumise au jeu des montées et des baisses de la bourse, où tous tombent, à part Mercadet, qui s'y promène dans son élément. C'est spectaculaire, parfois trop, à la limite du gag, mais ça marche, avec un aspect boulevard et portes qui claquent, qui se prête bien à la farce qu'est cette histoire d'amour contrariée entre Julie et Adolphe.
Mais la plus grande force de ce spectacle, ce sont les comédiens, qui se lancent avec un évident bonheur dans ce texte aux échos fort modernes, où il est question de dette personnelle ou souveraine, de créances, de confiance, de manipulations et de scandales financiers : Serge Maggiani en tête, fascinant Mercadet, inquiétant et pathétique, dangereux et ridicule, sournois et fragile, son rêve semble une quête métaphysique : créer de la richesse à partir du vide, et pour cela vivre dans un déséquilibre constant, une fuite offensive qui ne laisse pas de prises à ses nombreux adversaires. Je retiendrai aussi le jeune couple, Sandra Faure en Julie, qui réussit brillamment à ne pas être nunuche dans un rôle d'innocente un peu chargée, et Jauris Casanova en Adolphe Minard, zozotant jeune premier dans la grande tradition (il finira "Adolphe Godeau", un nom devenu depuis extraordinaire pour un personnage !). Mais tous les comédiens sont excellents, qui font théâtre de toutes les situations.
Le point le plus contestable est l'utilisation de chansons entonnées en choeur, de "Money" à "The Man who sold the World", ça n'apporte pas grand-chose, et ce ne sont pas des reprises de belle qualité.




dimanche 30 mars 2014

Bach Collegium Japan - Passion selon Saint Jean (Salle Pleyel - 19 Mars 2014)

Cela commence fort bien, avec un "Herr, unser Herrscher" remarquable d'équilibre. Mais trop de perfection, quand tout est rigoureusement et impeccablement en place, avec rien qui dépasse et rien qui dérape, tue mon émotion. Je reste froid et en-dehors de l'histoire. Même le "es ist vollbracht" ne me touche pas, c'est dire ... C'est admirable, mais je suis à la limite de m'y ennuyer. Le style "Masaaki Suzuki / Bach Collegium Japan", ce n'est pas clairement pas mon idéal, dans l'interprétation de Bach, surtout pour une "Passion".




lundi 24 mars 2014

Blandine Rannou - Suites françaises (Cité de la Musique - 16 Mars 2014)

Je découvre ces suites françaises de Bach à l'occasion de ce concert. C'est plaisant, mais cela ne me semble pas posséder, du moins dans l'interprétation de cet après-midi, beaucoup de profondeur.

Ailleurs : le concert est disponible sur citedelamusiquelive.

Intersessions 13 (Le Triton - 15 Mars 2014)

Cela faisait un moment que je n'avais pas assisté à ces périodiques rencontres entre des musiciens de l'EIC (ce soir : Frédérique Cambreling à la harpe et Grégoire Simon à l'alto) et des musiciens des musiques improvisées (Lionel Garcin au saxophone et Sylvain Lemêtre aux percussions). Ce dernier, qui avait prévu un simple darbouka, est finalement arrivé avec tout un ensemble de fûts, claviers, cymbales ... Qu'importe, les autres s'adaptent, puisque rien n'était vraiment prévu de toute façon !
Le premier morceau est très ouvert, en musiques parallèles à peine entremêlées mais qui créent pourtant de beaux espaces. Grégoire Simon met bien à profit les techniques diverses utilisées dans le dernier siècle en musique contemporaine pour produire du son avec un alto, Lionel Garcin joue des sortes de drone parfois soufflés dans un bol, mais celle qui m'étonne le plus, c'est Frédérique Cambreling, très à l'aise dans ces improvisations, et qui propose un feu d'artifices d'idées musicales et de surprises à ses collègues. De l'autre coté de la salle, Sylvain Lemêtre prend les choses en main par moments, dans des rythmes soutenus, mais la plupart du temps, il n'y aucun leadership perceptible, juste des échanges, des écoutes, des réactions, trés réussies.
Les pics de tensions sont obtenus dans quelques duos, pleins de rage ou d'humour, ou des deux mêlés.
Deux sets, c'est rare pour ce format totalement improvisé. Le deuxième commence par "Marches" de Donatoni joué par Cambreling (une promotion de son disque "Solos pour harpe" ?).



Spotify : Frédérique Cambreling - Solos pour Harpe
Ailleurs : le concert sera diffusé par Anne Montaron le 14 avril dans "A l'Improviste"

Andreas Staier - Variations Goldberg (Cité de la Musique - 12 Mars 2014)

C'est une sereine luminosité qui se dégage de ces variations, qui jouent pourtant le grand écart dans les vitesses, frôlant par moments la sortie de route par trop forte vélocité, et d'autres fois l'abstraction un peu froide quand cela ralentit trop.
Le bis est original : une variation de 8 notes, très minimale, trouvée sur un manuscrit des Variations Goldberg.

Ailleurs : le concert est disponible sur citedelamusiquelive.

lundi 10 mars 2014

Planning Mars-Avril 2014

La proportion de musique contemporaine sera inhabituellement basse pour ce planning.


Louise Lecavalier - So Blue (104 - 2 Mars 2014)

A plus de 50 ans, Louise Lecavalier continue de construire son corps à sa guise, ce soir les cheveux sont blancs et courts sur la nuque, la silhouette toujours aussi athlétique, et l'allure toujours aussi déterminée. Sur les rythmes lourds et profonds de la musique de Mercan Dede, elle s'agite, fiévreuse et frénétique, s'épuisant dans des gestuelles de rave revisitées. Sa présence écrase le danseur qui l'accompagne, Frédéric Tavernini. Il n'y a pas grand argument à la chorégraphie, qui laisse le corps s'imposer. Ca se regarde sans ennui, mais ça me laisse quand même un peu sur ma faim.

Ailleurs : MimyDavidovici

samedi 1 mars 2014

Get The Blessing (Le Triton - 15 Février 2014)

"Get The Blessing" est un quatuor de Jazz, mais qui ne joue pas vraiment du Jazz. A la base, il y a le bassiste Jim Barr, qui sert de leader au groupe, prend la parole, présente les morceaux et ses collègues, et le batteur Clive Deamer ; tous deux ont fait partie du groupe Portishead. Ils sont complétés par le trompettiste Pete Judge et le saxophoniste Jake McMurchie.
La rythmique est nerveuse et précise, une cavalerie légère, agrémentée d'une petite dose de percussions. Le bassiste alterne entre 4 et 6 cordes ; je préfère ses solos en 6 cordes, qu'une palanquée de pédales d'effets permet de passer en tessiture de guitare. Les deux souffleurs usent également avec prodigalité des pédales d'effets ; le saxophoniste est plus volontiers lyrique, et le trompettiste explorateur bruitiste.
Les musiques sont plaisantes sans être révolutionnaires, plusieurs se présentent comme des bandes sonores à des courts-métrages imaginaires ; Jim Barr nous en explique les scénarios délirants avec un humour très anglais, dans un français parfois approximatif qui rajoute au charme. Les deux sets sont assez courts, mais donnent une très agréable soirée.



Spotify : Get The Blessing

mercredi 26 février 2014

Rihm Manoury Zimmermann (Salle Pleyel - 14 Février 2014)

Festival Présences oblige, le placement est libre ce soir dans la salle Pleyel, ce qui détend le personnel moins occupé mais énerve quelques spectateurs munis de places numérotées ...

Wolfgang Rihm - Nähe Fern 2 et 3

Ce sont des hommages aux symphonies de Brahms, qui peuvent être jouées en introduction, ou alors pour elles-mêmes. Je ne me sens pas du tout concerné par cette musique.

Philippe Manoury - Zones de turbulences

Autant j'avais aimé le récent troisième quatuor "Melencolia", autant ce concerto pour deux pianos me semble juste très agité, à la limite du bruyant, avec des démonstrations de virtuosité pianistique qui tourne à vide. Déception.

Bernd Alois Zimmermann - Die Soldaten, symphonie vocale

Quand l'Orchestre Philharmonique de Radio-France se lance dans le déluge instrumental du prélude, on se demande où vont pouvoir se nicher les voix ! Mais la densité sonore s'amenuise pour leur laisser la place, sans que pour autant la complexité et les superpositions ne disparaissent. Prodigieuse partition, bien rendue sous la direction de Peter Hirsch. Chanteurs et chanteuses tout à fait corrects, mais sans susciter d’admiration ou d'émotion particulière.

Ailleurs : Michèle Tosi

lundi 17 février 2014

Turbulences - Nouvelle(s) Direction(s) (Cité de la Musique - 8 Février 2014)

Ces concerts marathons de plus de quatre heures, en trois parties, qui remplissent le samedi soir de ces week-ends "Turbulence", ne me conviennent guère, je crains : je n'en garde pas grand souvenir, tout se mélangeant ou s'effaçant sous la fatigue. Ce soir, c'est Matthias Pintscher, le nouveau chef d'orchestre et directeur musical de l'Ensemble InterContemporain, qui propose le programme, qui devient du coup une sorte de manifeste pour les prochaines évolutions de l'EIC.

Première partie

La première partie s'écoule d'un bloc, sans applaudissements, et alterne des pages des "Kinderszenen" de Robert Schumann, jouées par Hidéki Nagano, avec des morceaux modernes et contemporains. Dans "Anahit" de Giacinto Scelsi, j'ai plus apprécié le travail orchestral que le violon soliste qui me semble collé devant sans faire vraiment sens. Du violon encore pour "Study III for Treatise on the veil" de Matthias Pintscher, qui par la fragilité de ses sonorités veut évoquer un pinceau sur une toile, exercice peut-être réussi mais sans grand intérêt. Finalement, les plus belles émotions viendront de l'interprétation par la soprano Marisol Montalvo de Lieder d'Anton Webern, op. 13 et op. 15 : intensité, engagement, sincérité et émotions.

Deuxième partie

La structure est en miroir. On commence et on finit par un appel de quelques 30 secondes aux trompettes, "Fanfare for a New Theatre" d'Igor Stravinski. Et deux pièces du cycle des vents, "Südosten" et "Osten" de Mauricio Kagel : le mélange des sources d'inspirations est plaisant , et les inévitables théâtralités plutôt amusantes, particulièrement quand tous les musiciens détournent les yeux du chef d'orchestre et de leur partition, dans une sorte d'improvisation tranquille, que le chef doit interrompre d'un claquement des doigts. Il me semble avoir bien aimé les "Trois poèmes de Stéphane Mallarmé" de Maurice Ravel, moins la "Sonate pour alto" de Bernd Alois Zimmermann, et je n'ai aucun souvenir des "Slopiewnie" de Karol Szymanowski.

Troisième partie

Les souvenirs s'effilochent encore plus pour cette dernière partie trop tardive pour mon cerveau. A quoi ressemblait la "Primera Escena" de Marc Garcia Vitoria je n'en ai aucune idée ; les "gla-dya" de Marco Stroppa pour deux cors ne m'ont pas plus marqué. Et quelle logique les liait aux très courts "Seven Haiku" de John Cage je l'ignore. Courte aussi, la "Sonata pian'e forte" de Giovanni Gabriel, mais est-ce bien le rôle de l'EIC, après avoir joué la "Gran Partita" de Mozart il y a quelques années, de remonter encore plus loin dans le temps ? "The Unanswered Question" de Charles Ives conclura à sa manière cette soirée, dans une mise en scène qui cache les cordes presque en coulisse.

Ailleurs : Michèle Tosi

mercredi 5 février 2014

Quatuor Arditti - Manoury, Dusapin (Cité de la Musique - 21 Janvier 2014)

En introduction, Laurent Bayle, visiblement ému, dédie le concert à la mémoire de feu Claudio Abbado.

Philippe Manoury : Quatuor à cordes n° 3 "Melencolia"

Chaque membre du quatuor Arditti a devant lui trois crotales (de petites cymbales accordées), ce qui ponctue le discours de jolies résonances aiguës, qui se marient spectaculairement bien avec les cordes. Il y a moins de violence que dans certaines oeuvres récentes de Manoury, c'est plus une lumière mordorée, tamisée, claire-obscure, qui est proposée, au gré d'épisodes parfois rapides mais le plus souvent contemplatifs ou frémissants. Il n'y a ni électronique ni spatialisation, et pourtant les techniques utilisées évoquent les sons enregistrés à l'envers, les modulations, les transformations en temps réel. De nombreux passages sonnent comme des rituels, rythmés par les crotales ou par des sortes de pizzicati lentement métronomiques. Il y a de la tension, du mystère, et même de l'émotion qui affleure, filtrée, voilée, mais à portée, que ce soit plages de tristesse, asthénie du deuil, ou éclats de rage. Un seul grand bloc de 40 minutes, impressionnant et splendide.

Pascal Dusapin - Khôra

C'est une pièce d'un petit quart d'heure, pour orchestre de trente cordes. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt : si le début génère une impression de matière tellurique qui me fait penser aux solos pour orchestre, cela évolue assez vite vers un vrombissement général, avec des figures déjà vues et qui me lassent.

Pascal Dusapin - Quatuor VI "Hinterland" - Hapax pour quatuo à cordes et orchestre

L'orchestre Philarmonique de Radio-France est désormais plus au complet, et est rejoint par le quatuor Arditti, le tout sous la direction pleine de vigueur et de prestance de Pascal Rophé. Ca commence ... comme du Steve Reich, qui aurait superposé un mouvement "slow" sur un mouvement "fast" ! Le rythme jouera tout du long un rôle primordial. Il permet de repérer les échanges entre le quatuor et l'orchestre, les effets de miroir et d'inversion : "chacun des deux protagonistes de cette petite aventure musicale devient en quelque sorte l'arrière-pays de l'autre" dixit Dusapin dans le livret. C'est en effet une "petite aventure" plus qu'une grande oeuvre, mais cette expérimentation a son charme, surtout quand c'est le quatuor Arditti qui est mis en avant.

Ailleurs : Michèle Tosi
Le concert peut être visionné sur Cité de la Musique Live.


mercredi 29 janvier 2014

Quatuor Béla - Crumb, Stroppa, Ligeti (Cité de la Musique - 18 Janvier 2014)

George Crumb - Black Angels

Dans cette pièce essentielle dans l'histoire du quatuor à cordes contemporain (aussi parce que c'est elle qui est à l'origine de la formation du Kronos Quartet ...), les quatre musiciens sont flanqués de quelques percussions au sens large. L'oreille reste continuellement en éveil au gré des sonorités exotiques, des jeux étranges qui parfois obligent à retourner les instruments, des citations (le "Dies Irae" pris le plus souvent avec une ironie ravageuse, ou "La Jeune Fille et la Mort" à la lenteur tétanisée d'effroi glacé et aux émotions profondes, ou mélodies médiévales qui rappellent la constance des guerres et des destructions). Il y a une grande force dans cette musique, à la fois directe, sophistiquée, et captivante, entre hurlements et hébétudes, qui ne s'exprime que mieux en concert : ce jeune Quatuor Béla se lance dans cette aventure sonore avec beaucoup d'engagement, et donne une interprétation intense mais qui sait garder ses distances. Fantastique début de concert.

Marco Stroppa - Spirali

Suis-je trop décentré pour goûter à la spatialisation ? Les effets m'en semblent assez faibles, un élargissement du champ d'écoute, ou au contraire une focalisation sur un des instruments, mais cela vient le plus souvent perturber l'écoute directe des musiciens sur scène sans lui apporter de beauté supplémentaire. Dommage, elle aurait été la bienvenue, tant l'oeuvre semble assez fade, banale, et interminable.

Gÿorgÿ Ligeti - Quatuor n°1

Ces "Métamorphoses nocturnes" ont donné son titre à leur album paru chez Aeon. Pourtant, le début ne me semble pas totalement en place rythmiquement. Mais les énormes pizzicati au violoncelle (qui vaudront une interruption lorsqu'une corde finira un peu plus tard par claquer), les atmosphères feutrées ou fiévreuses, finiront par me convaincre.

Wolfgang Amadeus Mozart - Adagio pour glassharmonica

C'est presque un gag : comme la Biennale est placée sous le signe de Mozart, ils en jouent une pièce de quelques minutes, qui utilisent les portées de verre remplis d'eau utilisées pour Black Angels. Les quatre musiciens tournent autour, et font frémir les verres de leur archet. La sonorité est assez belle, un peu mystérieuse, fragile et poétique.

Ailleurs : le concert peut être écouté sur France Musique.
Spotify : Quatuor Béla - Métamorphoses nocturnes, Kronos Quartet - Black Angels

vendredi 24 janvier 2014

Thierry Balasse - La Face cachée de la Lune (Cité de la Musique - 12 Janvier 2014)

Thierry Balasse, musicien en électroacoustique mais qui ne sait pas lire une partition, a concrétisé un vieux rêve avec ce projet : jouer live la musique que les Pink Floyd ont créée dans les studios d'Abbey Road pour leur "Dark Side of the Moon". Jouer live, cela veut dire : pas de play-back, tout doit être construit et diffusé en temps réel, avec les instruments et les moyens de l'époque, afin d'être fidèle au son.
Du coup, il y a tout un arsenal hétéroclite sur scène : des bandes magnétiques à découper et coller en boucle dans des chambres d'échos, des enceintes Leslie pour orgue Hammond, des synthés sans clavier avec plein de boutons à tourner ... Et aussi un bassiste, un guitariste, une pianiste, un batteur, et quelques chanteurs et chanteuse.
Il ne s'agit pas de reproduire le disque note à note. Au contraire, de larges plages d'improvisation ponctuent le concert, individuelles aux cordes, ou collectives aux claviers. Leur couleur est plutôt sombre, parfois même assez torturée. Et certains éléments du disque, qui ne plaisent pas au meneur de jeu, sont éliminés, dont le saxophone de "Money" ! Dommage qu'il n'ait pas rencontré de joueur capable d'intégrer sa troupe et de lui proposer une version plus moderne qui lui aurait plu ...
N'empêche, l'expérience est globalement une très grande réussite. Tout le passage "Breathe / On the Run / Time / Breathe (reprise)" me happe, et "The Great Gig in the Sky" m'achève, Elisabeth Gilly respecte la ligne mélodique sans s'y astreindre de trop, et y ajoute une touche rauque qui me bouleverse comme rarement je l'ai été en concert, je termine en larme et au bord de la suffocation.
"Money" est plus une récréation, et le reste un retour à la normale.

Balasse entame ensuite une discussion avec le public, explique son but, ses décisions (sur le sax ...), quelques anecdotes, c'est fort plaisant et instructif. Il révèle au passage que le chanteur n'est pas celui choisi au départ : ç'aurait du être le chanteur de Magma, qui aurait eu je suis certain plus de présence et d'intensité ...

dimanche 19 janvier 2014

Hofesh Shechter - Sun (Théâtre de la Ville - 10 Janvier 2014)

Ca commence par de la voix off expliquant que pour nous rassurer et nous indiquer la direction générale des événements, nous allons assister à un extrait de la fin du spectacle ; et nous avons droit effectivement à un morceau de sarabande, aux coupures abruptes. La voix précise ensuite qu'aucun animal n'a été blessé ; et de fait, ce seront des pancartes dessinées qui figureront à plusieurs reprises des agneaux ou des loups.
Humour, vivacité, et un peu de gravité : les ingrédients du cocktail seront diversifiés, et versés en courtes séquences dont les enchaînements me semblent plutôt aléatoires. Celles que j'ai préférées sont les mouvements de groupe, où certains danseurs sont déguisés qui en Colombine qui en Monsieur Loyal, et qui baignent dans une belle énergie, une joie assurée, jusqu'à la lourdeur parfois (la joie obscène des vainqueurs, bâtie sur le refus de penser aux vaincus), et plus de finesse et d'élégance dans les mouvements que lors des spectacles précédents. J'ai moins apprécié le passage des cartons dessinés, où des couples antagonistes sont présentés avec une musique de crise (loup / agneaux ; indigènes / colonisateur ; etc.). Et certaines séquences en solos, quasiment statiques, m'échappent totalement (je n'arrive pas à me dégager totalement de l'ambiance du boulot un peu prise de tête en cette fin de semaine).
Mise en scène moins spectaculaire et complexe, très lumineuse pour répondre au titre, et musique toujours excellente, dont la puissance ne m'a pas incommodé (première fois que je vois les ouvreuses proposer des bouchons d'oreille).

lundi 13 janvier 2014

Planning Janvier-Février 2014

Bon, toujours en retard, donc ...