mercredi 29 janvier 2014

Quatuor Béla - Crumb, Stroppa, Ligeti (Cité de la Musique - 18 Janvier 2014)

George Crumb - Black Angels

Dans cette pièce essentielle dans l'histoire du quatuor à cordes contemporain (aussi parce que c'est elle qui est à l'origine de la formation du Kronos Quartet ...), les quatre musiciens sont flanqués de quelques percussions au sens large. L'oreille reste continuellement en éveil au gré des sonorités exotiques, des jeux étranges qui parfois obligent à retourner les instruments, des citations (le "Dies Irae" pris le plus souvent avec une ironie ravageuse, ou "La Jeune Fille et la Mort" à la lenteur tétanisée d'effroi glacé et aux émotions profondes, ou mélodies médiévales qui rappellent la constance des guerres et des destructions). Il y a une grande force dans cette musique, à la fois directe, sophistiquée, et captivante, entre hurlements et hébétudes, qui ne s'exprime que mieux en concert : ce jeune Quatuor Béla se lance dans cette aventure sonore avec beaucoup d'engagement, et donne une interprétation intense mais qui sait garder ses distances. Fantastique début de concert.

Marco Stroppa - Spirali

Suis-je trop décentré pour goûter à la spatialisation ? Les effets m'en semblent assez faibles, un élargissement du champ d'écoute, ou au contraire une focalisation sur un des instruments, mais cela vient le plus souvent perturber l'écoute directe des musiciens sur scène sans lui apporter de beauté supplémentaire. Dommage, elle aurait été la bienvenue, tant l'oeuvre semble assez fade, banale, et interminable.

Gÿorgÿ Ligeti - Quatuor n°1

Ces "Métamorphoses nocturnes" ont donné son titre à leur album paru chez Aeon. Pourtant, le début ne me semble pas totalement en place rythmiquement. Mais les énormes pizzicati au violoncelle (qui vaudront une interruption lorsqu'une corde finira un peu plus tard par claquer), les atmosphères feutrées ou fiévreuses, finiront par me convaincre.

Wolfgang Amadeus Mozart - Adagio pour glassharmonica

C'est presque un gag : comme la Biennale est placée sous le signe de Mozart, ils en jouent une pièce de quelques minutes, qui utilisent les portées de verre remplis d'eau utilisées pour Black Angels. Les quatre musiciens tournent autour, et font frémir les verres de leur archet. La sonorité est assez belle, un peu mystérieuse, fragile et poétique.

Ailleurs : le concert peut être écouté sur France Musique.
Spotify : Quatuor Béla - Métamorphoses nocturnes, Kronos Quartet - Black Angels

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