jeudi 8 mai 2014

Planning Mai-Juin 2014

En ayant une semaine de retard, j'ai déjà passé presque la moitié des spectacles prévus pour ces deux mois - c'est dire si le programme est léger.


Ensemble De Caelis - Sol absolu (Cité de la Musique - 7 Mai 2014)

Le spectacle est formé de deux parties, enchaînées sans entracte. Dans la première, l'Ensemble De Caelis, constitué de cinq chanteuses spécialisées dans la musique du Moyen-Age, propose une suite de monodies, conduits et motets des XIII et XIVème siècle. Les montées en tension sont bien menées, en commençant par une monodie, puis une polyphonie relativement simple, suivi d'un conduit où les voix hautes deviennent virtuoses. De plus, le quintet vocal a dans sa manche un atout : Alia Sellami, experte en chant arabe traditionnel, qui se lance à quelques reprises dans des improvisations, soit au-dessus des autres voix, soit en solo. Ces interventions sont remarquables, et par moments tout simplement magiques. Et même si je n'aime pas la façon de diriger de Laurence Brisset, même si parfois les attaques me semblent un peu trop floues, je prends un grand plaisir à découvrir ce répertoire venu d'une époque fort diversifiée, entre les techniques très simples des monodies, et les bouleversements plus ou moins digérés de l'Ars Nova.
La deuxième partie est consacrée à une pièce contemporaine, "Déserts", de Jonathan Bell, qui met en musique des poèmes de Lorand Gaspar (dont plusieurs extraits du recueil intitulé "Sol absolu" qui donne son nom à al soirée). Ce n'est pas mauvais, mais après les grands moments de la première partie, ça me parait un peu trop gentil, et un peu fade.

ensemble de caelis

Spotify Ensemble De Caelis – Missa Tournai

Anne Teresa De Keersmaeker - Vortex Temporum (Théâtre de la Ville - 4 Mai 2014)

On commence ... par le premier mouvement de la pièce musicale de Gérard Grisey, interprétée avec intensité et sans partition par des musiciens de l'ensemble Ictus. Puis les danseurs viennent les remplacer, et c'est une sorte de transcription, chaque musicien remplacé par un danseur, chaque moment de la musique transformée en un mouvement spécifique. Puis les deux se mêlent, danse et musique, ou plutôt musique et danse, celle-ci étant un écho, une ombre, de la première.
Comme j'adore cette pièce, et que l'interprétation est d'un très haut niveau, je me régale à écouter Ictus. Par contre, je trouve qu'il manque quelque-chose au niveau de la danse. La démarche est brillamment conceptuelle, mais ça manque de chair, de contacts, de corps. Je ne crois pas qu'il y ait un seul moment où les corps sur scène se touchent. Ils courent beaucoup, en rond, comme d'habitude chez Keersmaeker, ils virevoltent et se tordent en tous sens, toujours au plus près de la musique et de ses propres distorsions et transformations, mais restent des vecteurs, non pas anonymes parce que les personnalités sont bien marquées, tant pour les musiciens que pour les danseurs, mais abstraits ; alors que j'aime dans la chorégraphie l'entre-deux des idées incarnées, ici la seconde partie de l'équation manque.

vortex temporum

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Spotify Gérard Grisey - Vortex Temporum

Faustin Linyekula - Drums and Digging (Théâtre des Abbesses - 30 Avril 2014)

Faustin Linyekula s'avance sur la scène et explique qu'après avoir raconté des histoires depuis 10 ans, il aimerait bien ne plus avoir à traiter de la misère. Mais comment faire, quand on est Congolais ? Il présente un à un les danseurs / acteurs / musiciens qui vont l'accompagner, le temps de ce spectacle, dans un voyage vers certaines racines personnelles. Mais quand le maître des percussions de son enfance est devenu pasteur et du coup ne joue plus de musique, quand il traverse des villages en ruines, difficile d'échapper au désespoir. Il faut cependant continuer à chercher le rêve, peut-être ailleurs.
De la danse, il y en a un peu, mélange réussi de danse africaine traditionnelle, sauts, départs vers la transe, rythmes, et de techniques plus modernes, torsions d'épaules, corps anguleux. De la musique, aussi, percussions, chants. Mais surtout beaucoup de paroles, qui au bout d'un moment me fatiguent.
Quant à la scénographie, elle reste mystérieuse, comme cette structure bâtie peu à peu et où sera suspendu une étoffe, mais dont je ne vois absolument pas le sens. Ou cette marionnette au premier plan - je ne sais plus si elle du tout utilisée.
Au final, un spectacle où la sincérité de la démarche ne parvient pas tout à fait à compenser le fait qu'il n'apparaît pas vraiment abouti ; il semble y avoir un discours, un message, une intention, qui reste, pour un spectateur français lambda tel que moi, assez nébuleux.

faustin linyekula

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dimanche 4 mai 2014

Simon Goubert Quintet (Sunside - 26 Avril 2014)

On commence par une sorte de solo de batterie à la fois minimaliste dans l'instrumentarium utilisé et fort complexe et libre sur la rythmique. Puis les autres les rejoignent, les complices habituels de Simon Goubert, à savoir Sophia Domancich au piano, Boris Blanchet au saxophone et Michel Zenino à la contrebasse, et un nouveau venu qui transforme le quartet en quintet : Jean-Michel Couchet, également au saxophone.
On est dans une lignée clairement coltranienne, non par l'aspect mystique, mais par les structures modales utilisées. C'est des saxophonistes que viennent du coup les étincelles les plus flamboyantes :  Boris Blanchet pousse les thèmes à leurs limites harmoniques, en courtes séquences exploratrices étincelantes ; Jean-Michel Couchet possède un naturel confondant, sa musique sonne magnifiquement évidente ; entre eux deux on déguste.
A la batterie Simon Goubert délivre une énergie conséquente qui alimente les autres membres, et l'agrémente de dérivées diverses, des contre-rythmes en 3/4 ou en 5/4, des jeux sur les sonorités des cymbales, pas mal de surprises qui font vivre et respirer la musique de belle manière. A ses cotés, il faut un contrebassiste solide qui permette bien de se caler, ce que fait très bien Michel Zenino.
J'ai plus de mal à comprendre le jeu de Sophie Domancich, classique d'approche et peut-être trop subtil dans ce contexte, ses solos sont plus des pauses entre les saxophonistes (et d'ailleurs se font rarement applaudir par manque de spectaculaire).
Les morceaux, essentiellement de Goubert il me semble, avec une reprise de Coltrane au milieu, durent proches du quart d'heure. En troisième partie, Goubert annonce une jam-session avec des musiciens amis présents dans la salle, mais je n'ai pas l'énergie suffisante pour rester, j'ai eu amplement ma dose de bon Jazz pour ce soir.

simon goubert quintet au sunside