dimanche 21 décembre 2014

Marc Ducret Trio + Invités (Le Triton - 6 Décembre 2014)

Pour fêter les 18 ans de son trio, Marc Ducret proposait cinq soirées de concert, autour de nouveaux morceaux ou de très anciens, avec ou sans invités. Je n'assiste qu'au dernier soir, intitulé "Small / Big".
S'installent sur le plateau de la deuxième salle du Triton les 3 membres du trio (Marc Ducret guitare, Bruno Chevillon contrebasse, Eric Echampard batterie) et trois souffleurs : Christophe Monniot aux saxophones, Fabrice Martinez aux trompettes, Samuel Blaser au trombone. Le premier morceau, "Dialectes", un ancien, est une explosion brute et sauvage, batterie en overdrive, au point de noyer la contrebasse, trompette en hurlement, guitare en coups de sirènes. Un démarrage assez effrayant, en fait. Mais heureusement, la suite offre des visages plus variés et plus abordables. Comme souvent chez Ducret, les morceaux sont à épisodes ou à tiroirs, avec des passages épiques, et des douceurs offertes en répit, où sous la puissance de feu se révèlent de subtiles couleurs, que ce soient les cymbales envoûtantes habilement interrompues d'Echampard ou les pizzicati aigus et songeurs de Chevillard. Les invités ajoutent au paysage chacun sa touche particulière : Fabrice Martinez est le plus lumineux, solaire, flamboyant ; Christophe Monniot le plus éclaté, déchiré, quelque-chose de désespéré ; Samuel Blaser le plus classique finalement, équilibré et charpenté.
Marc Ducret présente avec humour et a propos les quelques morceaux. Vu le marathon des cinq concerts successifs, ils sont malheureusement courts ; juste un set d'une grosse heure, j'en aurais bien pris davantage.

marc ducret trio + guests

Ailleurs : Franck Bergerot

jeudi 18 décembre 2014

Vidhya Subramanian (Musée Guimet - 5 Décembre 2014)

Cela faisait plusieurs années que je n'avais pas vu de spectacle de danse indienne, bharata natyam ou autre, quand Joël m'a convaincu de me rendre à cette salle de spectacle du musée Guimet pour la première fois. Arriver assez à l'avance permet, même quand la salle est annoncée complète, d'attendre qu'une place se libère, et d'entrer ; les places ne sont pas numérotées.
Pièce musicale introductive, puis entrée de la danseuse. Elle met, même dans les premières pièces plus "abstraites", une grande précision dans chaque pose et attitude, et une certaine théâtralité, mais admirablement dosée, sans ostentation.
Le cœur du programme est un enchaînement de trois pièces narratives, où la science du jeu expressif de Vidhya Subramanian éclate magnifiquement, dans toute la variété des sentiments à exprimer. Si la première histoire est une assez classique scène d'amour entre l'héroïne et Krishna (mais à la passion amoureuse s'ajoute la peur, l'attente, etc.), les suivantes sont beaucoup plus originales : une femme chez qui Krishna vient frapper se moque de lui, qui a confondu, à cause de l'ivresse accuse-t-elle, sa maison avec celle de son amante ; Krishna enfant s'empare d'un pot de beurre, et réprimandé par sa mère, menace de fuguer, avant d'avouer sa faute en riant.
Comme je n'ai pas la connaissance de Joël pour déchiffrer geste à geste les détails des histoires, j'aurais sans doute plus aimé une danse mêlant plus le narratif et la danse pure, volontiers plus spectaculaire. Mais les qualités expressives et interprétatives de Vidhya Subramanian, quand bien même une bonne partie des intentions m'échappe, suffit à me ravir, sans pour autant me subjuguer.

vidhya subramanian

mercredi 10 décembre 2014

Pierre-Laurent Aimard - Le Clavier bien tempéré (livre I)

Parmi les oeuvre emblématiques de Johann Sebastian Bach, le "Clavier bien tempéré" me reste encore pratiquement inconnu. Bien sur, le prélude et fugue inaugural en ut majeur me dit un peu plus que vaguement quelque-chose, mais c'est à peu près tout. Pierre-Laurent Aimard soigne la lisibilité des lignes, les entrées de fugue sont très précisément soulignées, privilégie des tempi plutôt élevés que sa virtuosité permet de maîtriser sans danger, aborde bien les couleurs religieuses des dernières pages. Pourtant, je ne suis pas vraiment ému, sans doute par méconnaissance de l'oeuvre : les lignes claires d'Aimard me semblent aussi un peu froides, peut-être trop sages et distanciées.

pierre-aurent aimard

Spotify Pierre-Laurent Aimard – Bach: The Well-Tempered Clavier IGlenn Gould – Glenn Gould plays Bach: The Well-Tempered Clavier Books I & II, BWV 846-893

jeudi 4 décembre 2014

William Forsythe / Ballet de l'Opéra de Lyon (Théâtre de la Ville - 23 Novembre 2014)

William Forsythe - Workwithinwork

C'est du beau Forsythe, fluide, élégant, virtuose bien sur, qui sur les surprenants, par leur coté néo-classique rare chez ce compositeur, duos pour violon de Berio, alterne les solos, duos, trios, ensemble, à chaque fois en phase avec la partition. Beaucoup de plaisir.

workwithinwork

Benjamin Millepied - Sarabande

De la danse très décorative, et sans intérêt.

William Forsythe - One flat thing, reproduced

Donc des tables, rapidement poussées en réseau, entre lesquelles la troupe louvoie, se cachant, glissant, sautant soudain, apparitions et disparitions, plaisirs de jouer, joie de partager. Beaucoup de mes voisins se précipitent vers des rangs plus haut pour profiter d'une perspective plus élevée, mais je décide de rester dans mon rang A. La vision est du coup assez atypique. Si près de la scène, le mouvement général me fait penser à un flux et reflux d'une marée humaine, les danseurs et danseuses s'approchant de façon chaotique, virevoltant autour des obstacles dressés sur leur chemin, avant de repartir vers l'arrière, puis de recommencer. Les détails constamment renouvelés, le plaisir évident des interprètes, l'énergie irrépressible des corps, l'humour, tout cela fait de ces vingt petites minutes un chef d'oeuvre de bonheur dont je sors tout ragaillardi. J'aime décidément beaucoup le Ballet de l'Opéra de Lyon chez Forsythe.

one flat thing, reproduced

Ailleurs : Danses avec la plume, La souris ...
SpotifyThom Willems – Willems: The Loss Of Small DetailVincent David – Berio & Boulez : Dialogue, Chemins, Récit...

lundi 1 décembre 2014

Orchestre National de Jazz - Europa Berlin (Carreau du Temple - 22 Novembre 2014)

Après un magnifique Europa Paris, l'ONJ d'Olivier Benoit poursuit son voyage avec Europa Berlin, donné ce soir dans leur fief parisien du Carreau du Temple, une nouvelle salle confortable et plaisante, si ce n'est que les retardataires sont acceptés et placés bien après le début du concert, ce qui finit par être gênant. Le public s'installe au milieu des fumigènes et dans un bruit de fond industriel. Après un discours inutile du maire  du 3ème, les musiciens s'avancent sur scène, formant un V laissant un espace vide au centre, qui ne sera guère utilisé ; peut-être cela leur permet-il simplement de mieux se voir les uns les autres.

onj - europa berlin

La plupart des morceaux sont pétris d'énergie, rythmique riche en groove et en complexité du batteur Eric Echampard et du bassiste (contrebasse ou basse électrique) Bruno Chevillon, section de cuivre puissante et chamarrée, piano et clavier en complément, guitare du chef le plus souvent en retrait. Les arrangements de Benoit permettent à cette matière très dense de respirer, mais beaucoup de morceaux finissent par se ressembler. Heureusement, des parties aux effectifs plus réduits émergent régulièrement : un début en trio batterie-basse-guitare, un duo piano (Sophie Agnel jouant dans les cordes ; de façon plus générale, elle joue plus que sur l'opus parisien) clavier (Paul Brousseau), un fantastique solo du violoniste Théo Ceccaldi (invoquant des souvenirs de klezmer, très émouvants), un morceau très amusant genre fête foraine s'achevant sur un solo de batterie étonnant et interrompu ...
Le tout est prenant, mais pas encore complètement rodé ; j'espère qu'ils sauront, en apprivoisant ce nouveau matériel musical, s'en libérer plus, et lui donner des couleurs plus diversifiées.

Ailleurs : Franck Bergerot
SpotifyOrchestre National De Jazz – Europa Paris