mercredi 28 janvier 2015

Edouard Ferlet - 88^3 (Bouffes du Nord - 25 Janvier 2015)

Dans le cadre du festival "Beyond My Piano", qui propose au long du week-end différents travaux et propositions autour de l'expansion du piano par divers moyens, collaborations ou électroniques, Edouard Ferlet nous présente ce "88³", où il pilote à partir d'un piano à queue et via une interface MIDI deux autres pianos droits commandés par automates Disklavier.
Sur ces deux pianos secondaires, il lance souvent des boucles, parfois de simples rythmes, parfois des échos ; sur le principal, il joue souvent dans les cordes, agrémentées façon piano préparé, de façon plus ou moins mystérieuse. Les explications techniques sont assez rapides, donc assez vagues (suivi de partitions ? rôle exact de Joachim Olaya, co-compositeur et chargé du dispositif électronique ?).
La musique est assez dense, bien sur, avec 3 pianos en parallèle, mais reste simple d'accès. Sous l'énergie pointe toujours la mélancolie, sous la démonstration, l'élégance.
Un concert intéressant.

edouard ferlet

Luigi Pirandello - Six personnages en quête d'auteur (Théâtre de la Ville - 23 Janvier 2015)

C'est la première fois que j'assiste à une représentation de cette pièce majeure, et j'ai eu du mal à bien suivre l'intégralité des péripéties dramatiques des six personnages. Ceci mis à part, quelle fantastique mise en scène et quelle formidable troupe !
On commence par une répétition de théâtre, au milieu des machinistes qui installent un décor, et l'irruption d'un directeur craint par tous, puis le début d'une pièce, avec un acteur qui se plaint de devoir porter une toque, etc. Le ton général est à la limite de l'artificiel, un brin trop articulé, sans vraie implication.
Puis débarquent les six personnages, dont les attitudes, le maquillage et les costumes légèrement outrés, me rappellent un peu du Bob Wilson. Avant la confrontation, il y a d'abord de l'incompréhension, entre eux qui veulent absolument raconter leur histoire, leur drame, leur douleur, et ceux qui sont censés les incarner, et qui les méprisent peut-être même sans le savoir ni le vouloir, une piste de cette pièce pouvant être la lutte entre une classe souffrante et incapable de bien se raconter, et une classe arrogante de sachants, qui ne peuvent que trahir la parole qu'ils portent.
Mais Emmanuel Demarcy-Mota fait surtout du théâtre. Et sa direction d'acteurs est fantastique. Les voix des personnages sont particulièrement bien typées, entre la logorrhée d'explications du père (Hugues Quester), l'ironie violente de la belle-fille (Valérie Dashwood), les glapissements douloureux de la mère (Sarah Karbasnikoff), le rejet haineux du fils (Stéphane Krähenbühl). Mais les deux rôles muets (et qui finiront mal ...) sont aussi excellemment tenus.  Les "acteurs" de la répétition pâlissent à leurs cotés - exception faite du directeur Alain Libolt.
Le décor est un mélange d'éléments hétéroclites, une scène de théâtre envahie d'accessoires divers, utilisé le plus souvent de manière assez minimaliste et abstraite, sauf par moments, par exemple à la fin, où un banc laisse place à un bassin mortel, luminescent et fumant, superbe image qui ajoute à la confusion entre abstrait et concret, réalité et fiction, réalisme et fantastique, fable et narration.
Il y a des images de cette soirée qui me resteront longtemps.

six personnages en quête d'auteur

Ailleurs : Armelle Héliot, Agathe Torres, Gilles Costaz ...

dimanche 18 janvier 2015

Planning Janvier-Février 2015

Après plus d'un mois de trêve, reprise d'activité en douceur ... Avec une grande nouveauté, l'apparition de PP1 à la place de Ple, et le renommage de CdM en PP2 ...



Cinéma 2014

Tiens, ma consommation de films a un peu baissée cette année ... 35 films.

Tel père, tel fils ; 12 years a slave + ; Le vent se lève ; Goltzius et la compagnie du Pélican - ;  Only lovers left alive + ; Ida + ; Diplomatie ; Her + ; The Grand Budapest Hotel - ; Captain America, le soldat de l'hiver ; My Sweet Pepper Land ; Dans la cour + ; Apprenti Gigolo - ; Une promesse ; Pas son genre ; The Homesman ; Maps to the Stars ; Deux jours, une nuit ; Edge of tomorrow ; Bird People ; Black Coal ; Le Conte de la princesse Kaguya + ; Under the Skin + ; Détective Dee II : La Légende du Dragon des Mers ; Les Gardiens de la Galaxie ; Les Combattants + ; Sin City : j'ai tué pour elle ; Gone Girl + ; Mommy ; Bande de filles ; Interstellar - ; Night Call + ; Quand vient la nuit ; Timbuktu + ; Whiplash -.

Akram Khan - Israel Galvan / Torobaka (Théâtre de la Ville - 18 Décembre 2014)

Je n'ai pas grand-chose à dire de ce spectacle (d'où en partie mon retard pour le chroniquer). Le flamenco ne m'a jamais intéressé, et Israël Galvan n'a pas modifié cela : les attitudes, les poses, tout ça, j'aime pas. Du coup, difficile de vraiment entrer dans la pièce, d'apprécier à sa juste valeur les confrontations de style entre flamenco et kathak. Comparer leur façon de frapper du pied sur le sol ne m'inspire aucune émotion particulière. Le reste passe sans que je ne retienne rien. Les éléments de ce spectacle qui me parlent le plus sont musicaux (rythmes et surtout voix, de Christine Leboutte et David Azurza).

mardi 13 janvier 2015

Soirée Bernard Cavanna (Cité de la Musique - 13 Décembre 2015)

Bernard Cavanna - Karl Koop Konzert

Le sous-titre "comédie pompière, sociale et réaliste, pour accordéon et ensemble de dix-sept musiciens" donne le ton volontiers grinçant ; le fait que ce soit un hommage au grand-père du compositeur ajoute de la douceur, presque de la tendresse par moments ; la présence d'un instrumentarium bigarré, avec saxophone et cornemuse, ajoute de l'inédit et du surprenant. On est quelque-part entre Ligeti et Kagel. Le dédicataire Pascal Contet rend pleinement justice à cette belle oeuvre parfois tonitruante, parfois ouvertement parodique, tonique et rafraîchissante.

Bernard Cavanna - Trois strophes sur le nom de Patrice Lumumba

L'effectif déployé par l'ensemble Ars Nova est pour cette pièce également fort inhabituel : alto solo (Hélène Desaint), viole de gambe, deux contrebasses, harpe, timbales. L'échafaudage entre rythmes pulsés et cordes frottées est subtil. Le troisième mouvement, une belle et longue déploration soliste, est le clou.

Bernard Cavanna - A l'agité du bocal

C'est le gros morceau de la soirée, une pièce récente, de plus de 35 minutes, avec 3 chanteurs, qui déclament, hurlent, glapissent, un pamphlet de Céline écrit en réponse "à une sorte d'article, le 'Portrait d'un Antisémite', par Jean-Baptiste Sartre" (sic). Cavanna vient présenter son oeuvre en lisant un texte plein d'humour grinçant, où il se moque un peu du public et de lui-même (la parenté Ligeti Kagel de nouveau patente). Quand Philippe Nahon lance l'Ars Nova, ma position me permettant peu de voir les sur-titres, je laisse rapidement tomber la lecture de ces éructations pleines de points d'exclamations, de références scatologiques et d'injures inventives, et me concentre sur la musique. Elle suffit amplement au spectacle, naviguant à vue en fonction du texte, remplie de hargne et de désir de mordre. C'est plus au Zimmermann des Soldaten que cette suite d'épisodes passablement furieux me fait penser. Là encore, des instruments inhabituels : cornemuses, orgue de barbarie. Le voyage n'est pas de tout repos, qui enchaîne les turbulences et les tourbillons, avec de rares pauses au milieu, permettant une citation de Beethoven. Puissant.

ars nova ensemble - concert bernard cavanna

Ailleurs : Michèle Tosi
SpotifyOrchestre National de Lille – Cavanna: Karl Koop Konzert - Shanghai Concerto - Trois Strophes et sous Youtube "A l'agité du bocal"