dimanche 9 octobre 2016

Emile Parisien Quartet / Archie Shepp All Star (Grande Halle de la Villette - 3 Septembre 2016)

Emile Parisien Quartet

La première fois que je les avais vus, ils avaient joué les morceaux de leur dernier album, dans l'ordre. Cette fois, plus conventionnellement, ils piochent plus largement dans leur discographie, et allongent encore des morceaux déjà longs au départ, construits en épisodes, avec des plages proches du chaos (Julien Touéry fouille dans son piano préparé, Ivan Gélugne martyrise se contrebasse en pizz sauvages, Julien Loutelier revisite sa batterie dans un grand désordre percussif) qui soudain passent du trépignement à l'envol, du surplace à la course, du sombre à l'embrasement. Ces séquences épiques sont généralement l'occasion de solos flamboyants d'Emile Parisien, dont tout le corps réagit à la musique, les jambes s'envolent et se tordent, le dos s'arc-boute puis se détend, les mains et la bouche s'agrippent au saxophone, ténor ou soprano, tandis que les notes fusent, phrases serrées, explosives, tournoyantes, escaladeuses de ciel et bâtisseuses de pont au-dessus des abîmes.
Comme ils ne sont que la première partie, le set est assez court, moins d'une heure. Dommage, je suis à peine rassasié.

émile parisien quartet

Archie Shepp All Star - Tribute to John Coltrane

En effet, quelques standards de Coltrane sont joués ("Naïma", "Cousin Mary" ...), mais Shepp y mêle ses propres succès ("Blasé", "Los Olvivados" ...) et d'autres. Il y a pas mal de monde sur scène : au centre, Archie Shepp ; juste autour, Billy Hart à la batterie, Richard Davis à la contrebasse (qui se déplace en fauteuil roulant et joue assis), et Jason Moran au piano ; plus loin, Ambrose Akinmusire à la trompette, et une section de cuivres (Sebastien Llado, Izidor Leitinger, Jean-Philippe Scali).
Le problème, c'est que j'ai du mal à apprécier le son d'Archie Shepp, qui est sa signature très particulière; Ça geint, ça chouine, ça larmoie, ça se tord et ça suffoque, et je souffre. Je reste du coup assez extérieur aux émotions suscitées, et observe le tout d'assez loin.
Dans les bons moments, je noterai : de beaux, simples et efficaces effets de big band entre la section de cuivres et la contrebasse, sur "Hambone" ; une version âpre et écorchée vive de "Naïma", très loin de toute mièvrerie ; la prestation impeccable de Marion Rampal sur "Blasé", troué de silence et d'obscurité magnifique ; et enfin, pendant le bis, enfin Akinmusire nous délivre un solo lumineux, généreux, comme libéré.

archie shepp all star

Ailleurs : JazzMagazine
Vidéos : Emile Parisien, Archie Shepp

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