mardi 1 novembre 2016

Hommage à Nijinski (Philharmonie de Paris - 22 Octobre 2016)

L'Après-midi d'un faune

Voici la chorégraphie la mieux conservée de Nijinski. Dominique Brun nous en propose une version assez aride, sans toile de fond, avec un rocher très symbolique, et à la stylisation très marquée. Mais ça fonctionne admirablement. Les gestuelles des nymphes, comme issues d'une antiquité fantasmée, où les bras sont cassés dans des angles bien peu académiques, le jeu anti-virtuose du faune, qui marche, s'arrête, ne bondit jamais, tout cela brille d'une modernité triomphante et pas du tout vieillie.
L'orchestre "Les siècles", dirigé par François-Xavier Roth, offre une version très correcte de la pièce de Debussy, sans trop insister sur la sensualité des timbres, puisque l'érotisme alangui correspondant de la danse est quasiment nié.

Jeux

Cette fois-ci, la chorégraphie a disparu, et il a fallu donc l'inventer presque totalement. Moi qui ne comprend pas grand-chose à ce morceau de Debussy (musique sans thème, qui s'oublie continuellement dans l'instant, et qui me laisse spectateur indifférent); ce n'est pas cette danse, où une demi-douzaine d'hommes et de femmes traversent le plateau parfois seuls et parfois en couple, qui me permettra de mieux l'apprécier.

Le Sacre du Printemps

Un long travail historique de croisement des documents liés à cette pièce essentielle permet d'avoir une bonne idée de la chorégraphie originelle, même si elle n'a pas été notée à l'époque. Décor, costumes, cette fois, tout y est. Le seul souci, c'est qu'il manque le parfum du scandale provoqué par la création. On en voit bien les raisons : les démarches voûtées, les pieds en dedans, les sauts qui renforcent le poids au lieu de suggérer l'envol, les choix sont radicaux.
Aujourd'hui, je me ravis de la musique, de sa puissance éruptive intacte, et de découvrir quelles articulations musicales sont liées à des événements scéniques (arrivée des vieillards, par exemple).
La danse elle-même, tant concurrencée par les centaines de versions proposées par des chorégraphes de toutes générations, n'est plus aussi essentielle; Et la mort de la danseuse sacrifiée, après un épisode de sauts que j'imaginais plus spectaculaires, m'a moins touché que, par exemple, chez Pina Bausch ...

le sacre

Ailleurs : Amélie Bertrand
Vidéo : On trouve désormais sur Youtube l'intégralité du passionnant document "Riot at the Rite" !

Aucun commentaire: