mardi 10 octobre 2017

Steve Coleman and Five Elements (La Petite Halle - 9 Octobre 2017)

Steve Coleman est en résidence à Paris pendant deux semaines, dans ce petit bar-restaurant "La Petite Halle" qui devient à l'occasion une sympathique salle de concert. Je craignais une foule venue applaudir le maître, il n'en n'est rien. Tant mieux pour la proximité et le coté finalement assez décontracté de la prestation.

Les Five Elements, c'est d'abord une affolante structure rythmique. A la basse (une magnifique guitare basse, six cordes, sans frettes, ni têtes), Anthony Tidd boucle de petites phrases vives et imperturbables ; le batteur Sean Rickman ne le complète pas, mais l'extrapole, l'élargit, parfois le contredit, et surtout fluctue beaucoup plus, accélérations, densifications, contrepoints, c'est bien sur la même école que Stéphane Galland, en moins démonstratif, et je suis scotché d'admiration.
Les bases lancées par Steve Coleman sont souvent simples et courtes. Mais quand il se lance en solo, le paysage devient d'un coup immense : il y a aussitôt de la polyphonie et de la polyrythmie, les notes s'organisant de façon naturelle et instinctive en lignes superposées, sans qu'il ait besoin d'une technique particulière, mais seulement de beaucoup de pratique et d'une vision à nulle autre pareille.
Son compagnon habituel à la trompette Jonathan Finlayson a plus de mal à m'emporter, et me perd souvent, dans des méandres de mélodies enchevêtrées, ou dans des bribes d'un discours dont je ne perçois pas la forme générale.
Le dernier comparse est plus nouveau : Matt Mitchell, pianiste dans le projet Natal Eclipse, est ce soir à l'orgue Rhodes, et semble parfois plutôt perdu, à combler le vide avec beaucoup de notes, ce qui ne convient pas à l'esthétique du groupe. Les autres lui montreront par moments comment se satisfaire d'une note répétée (c'est le coté "work in progress" d'une résidence).

Puis vient les rejoindre le chanteur rappeur Kokayi, habituel membre des Metrics. Il me semble que les mélodies deviennent encore plus basiques, mais les montées d'énergie, augmentées des mots lancés avec force et précision, sont jubilatoires. Le deuxième set est tout entier dans cette formation à 6, avec les anciens qui connaissent tous ces morceaux par cœur, qui obéissent au moindre signe du patron (arrêt / relance d'un geste de la main à peine visible), et qui sont heureux de jouer, et du nouveau qui suit comme il peut, mais aussi heureux que les autres d'être là.
Une bien agréable soirée ; à renouveler sans doute la semaine prochaine ...

steve coleman and five elements

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